À la veille de son incarcération, Nicolas Sarkozy s’exprime sans détour. Condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, dans l’affaire du financement libyen, l’ancien président se dit « prêt » à affronter la détention. Il confie vouloir transformer cette épreuve en un nouveau chapitre de sa vie, sous le signe de la dignité et de la résistance.
Le sac est bouclé, les livres choisis, les photos de famille soigneusement rangées. Nicolas Sarkozy s’apprête à franchir, mardi 21 octobre, les portes de la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement de Paris. À 70 ans, l’ancien chef de l’État deviendra le premier président français de l’histoire à être incarcéré, un événement inédit dans la République.
Dans un entretien exclusif accordé à La Tribune Dimanche, il livre ses dernières confidences avant la détention. « Je n’ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute y compris devant les portes de la Santé », déclare-t-il avec la gravité d’un homme conscient du moment historique. Il affirme ne demander « aucun privilège » et promet d’affronter cette épreuve « avec courage et droiture ».
Une détention sous haute surveillance
Pour des raisons de sécurité liées à ses anciennes fonctions au ministère de l’Intérieur puis à l’Élysée, Nicolas Sarkozy sera placé à l’isolement, dans une cellule individuelle d’environ neuf mètres carrés. Il ne sera pas autorisé à entrer en contact avec d’autres détenus, une mesure destinée à éviter toute provocation ou tentative de photographie clandestine, alors que les téléphones portables circulent massivement dans les établissements pénitentiaires.
Ses effets personnels se résument à trois livres et dix photos familiales, symbole d’un retour brutal à une existence dépouillée. À l’écart du tumulte, l’ancien président compte consacrer ce temps « coupé du monde » à l’écriture d’un nouveau livre, dans lequel il racontera son expérience et sa vision du pouvoir.
Sarkozy conservera également ses mandats d’administrateur dans plusieurs grandes entreprises, parmi lesquelles Accor, Lagardère et Lov Group, ce qui devrait l’occupé un peu.
Un combat pour l’honneur et l’innocence
Condamné en septembre pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy continue de clamer son innocence. Il rappelle que « trois des quatre chefs d’accusation » ont été écartés par les juges et dénonce une décision « inouïe ». Ses avocats déposeront dès son incarcération une demande de mise en liberté, la cour d’appel disposant de deux mois pour statuer.
Cette épreuve, il la transforme en combat politique et moral. « Ce n’est pas un homme que l’on peut abattre, détruire ou réduire. C’est un roc », confie-t-il en citant l’exemple de Luiz Inácio Lula da Silva, l’ancien président brésilien emprisonné avant d’être blanchi et réélu. Dans l’esprit de Nicolas Sarkozy, le parallèle est clair : la prison comme épreuve de vérité, une étape qu’il entend traverser « la tête haute ».
Une vague de soutien sans précédent
Depuis plusieurs jours, un vaste réseau de soutien s’est mobilisé autour de l’ancien président. Des centaines de lettres lui parviennent, envoyées par des élus, des militants et de simples citoyens. Ses trois fils, Louis, Pierre et Jean Sarkozy, ont lancé sur les réseaux sociaux un appel à rassemblement mardi matin, à 8 h 30, près du domicile familial du XVIe arrondissement. Pour eux, il s’agit de témoigner d’une « vague d’émotion » et de défendre l’image d’« un homme injustement condamné ».
Nicolas Sarkozy, lui, reste fidèle à sa ligne : dignité, endurance et fidélité à soi-même. « Ce n’est pas la prison qui fera fléchir ma détermination », confiait-il encore à ses proches. Il s’était également comparé au Comte de Montecristo ou à Dreyfus lors d’un pot qui s’est déroulé la semaine dernière.
Nicolas Sarkozy a été condamné à trois reprises par la justice française. En mars 2021, il a été reconnu coupable dans l’affaire des écoutes, dite « Bismuth », pour corruption et trafic d’influence, et écopé de trois ans de prison, dont un an ferme aménageable sous bracelet électronique. En septembre 2021, il était à nouveau condamné à un an de prison dans l’affaire Bygmalion, pour dépassement du plafond légal des dépenses lors de sa campagne présidentielle de 2012.
Si l’ancien président avait réussi à se débarrasser de son bracelet, il n’a pas réussi à échapper à la prison après son jugement de septembre 2025.
Sources :
Le Parisien – « Je n’ai pas peur de la prison » : Nicolas Sarkozy se confie avant son incarcération – 19/10/2025 – leparisien.fr
La Tribune Dimanche – Entretien exclusif avec Nicolas Sarkozy avant son incarcération – 19/10/2025 – latribunedimanche.fr
AFP – Dépêche du 19/10/2025