Roland Bernard, ancien adjoint du 2e arrondissement de Lyon, ex-hôtelier etfranc-maçon, a surpris la scène politique lyonnaise en affichant sur le plateau des coulisses du Grand Lyon de Lyon de Lyon Mag, un soutien marqué à l’équipe actuelle, Grégory Doucet et Bruno Bernard en tête, tout en critiquant fermement la candidature de Jean-Michel Aulas (JMA). Très proche de feu Gérard Collomb, un autre « frère » , Roland Bernard offre une perspective unique sur l’héritage de l’ancien maire, la nécessité des travaux urbains et l’attractivité de la ville.
Contre toute attente pour un ancien colistier de droite (Pierre Oliver) et proche de Collomb, Roland Bernard a défendu l’action des écologistes et de l’exécutif métropolitain en place dans une interview diffusée le 13 novembre.
Il estime que l’équipe actuelle fait l’objet d’un « très mauvais procès ». Malgré des reproches possibles concernant une « idéologie trop prononcée » du maire de Lyon, il juge que Doucet et Bruno Bernard ont « endossé leur rôle ».
Selon Rolland Bernard, ils ont su, avec beaucoup d’intelligence, poursuivre la dynamique de Gérard Collomb et même « l’accentuer » en accélérant sur des travaux jugés « indispensables ».
Roland Bernard confirme que Grégory Doucet et Bruno Bernard sont les héritiers de Collomb. Il précise que Gérard Collomb, jusqu’à sa mort le 25 novembre 2023, est resté très présent auprès d’eux, agissant comme un « parrain ». « Ils se téléphonaient très souvent et ils se voyaient très souvent. » Selon lui, Collomb « s’intéressait aux délibérations », avertissant les Ecologistes des pièges politiques, faisant remonter les choses qui ne lui plaisait pas en ville.
Raphaël Ruffier-Fossoul a fait remarquer à Rolland Bernard qu’en séance publique, Gérard Collomb se montrait pourtant critique à l’égard des Écologistes. « C’était son rôle politique, mais dans les coulisses, je ne l’ai pas vu très critique », a rétorqué Bernard.
Un seul reproche est fait à Grégory Doucet : avoir « tardé à prendre l’habit du maire de Lyon », un délai qui pourrait être dû au Covid et à une idéologie parfois trop bloquante. Néanmoins, l’embellissement végétalisé de la ville, comme la Rue de la République, est vu positivement, car les Lyonnais d’aujourd’hui recherchent la « campagne à la ville ».
L’Urgence des Travaux à Lyon : La Hantise de Collomb
Les chantiers qui provoquent aujourd’hui la colère des Lyonnais étaient, selon Roland Bernard, absolument « indispensables ». Il souligne que le rythme actuel, bien que rapide, est nécessaire.
Il révèle que Gérard Collomb avait une « frousse incroyable ». L’ancien maire craignait de subir le même « enfer » que les Parisiens avec l’explosion de gaz de la rue Trévise. Les raisons de cette urgence sont claires : les canalisations à Lyon sont « plus que séculaires » et la cartographie des réseaux techniques n’est « malheureusement pas à jour ».
Bernard estime qu’il valait mieux effectuer ces travaux rapidement en un seul mandat, même si cela crée des désagréments immédiats, plutôt que de les étaler sur deux ou trois mandats, comme Collomb l’avait initialement envisagé.
Le Refus de la Candidature de Jean-Michel Aulas
Roland Bernard exprime son désaccord profond avec la candidature de Jean-Michel Aulas. Selon lui, une ville comme Lyon mérite un homme avec une notoriété politique, et non pas une notoriété de chef d’entreprise.
Gérer une métropole d’1,3 million d’habitants n’est pas comparable à manager une entreprise, estime Bernard. Il faut une vision pour le futur à « 10, 15 ou 30 ans ».
Les critiques principales envers JMA
Bernard qualifie les promesses de JMA (transports gratuits pour les moins de 2500 €, refus d’indemnités et de cabinet) de « démagogie ».
L’ancien proche de Collomb se dit dubitatif sur la cohabitation de personnalités aux convictions opposées (Rudy Gos, Fouziya Boud, Franck Lévi, Pierre Oliver, etc.), affirmant qu’ils risquent de « s’étriper ».
Bernard rejette l’idée qu’un maire ne soit présent qu’une ou deux fois par semaine à la ville de Lyon. Un maire doit être une présence « au quotidien, nuit et jour », à l’image de Gérard Collomb. Il doute également de la « force physique » nécessaire à 77 ans pour assumer un tel rôle.
La Controverse du Grand Stade
Bien qu’il ait été admiratif de la réussite de l’OL en 2001, Roland Bernard fut moins fan de la construction du Grand Stade. Il rappelle que le projet initial prévoyait un site au Puisoz, avec Apollo comme investisseur de qualité (qui a depuis pris une participation majoritaire au FC Barcelone).
Le choix final du Montout, après l’épisode Roc Mathelon, a impliqué l’expropriation de terrains agricoles. Il critique le fait que l’ensemble des constructions (Grand Stade, Arena, projets périphériques) ait servi plus l’OL que l’intérêt général, citant comme preuve la nécessité de prolonger le tramway spécifiquement pour desservir le stade.
L’Attractivité de Lyon : Un Secteur Florissant
Malgré les critiques concernant l’impact de l’équipe écologiste sur le tourisme et le commerce, Roland Bernard, en tant qu’ancien vice-président de l’Office du Tourisme et de la Commission Tourisme à la Chambre Régionale de Commerce, estimes que leur bilan n’est « pas mauvais ».
L’attractivité de Lyon est jugée « très bonne ». Il cite plusieurs indicateurs positifs : les hôteliers n’ont jamais eu de taux d’occupation aussi élevés ; les salons professionnels (comme le Salon de l’Auto) ont battu des records d’exposants et de visiteurs ; la multiplication des possibilités d’hébergement via Airbnb.
Qui a Vraiment « Tué » le Commerce ?
Concernant la souffrance du commerce en centre-ville, Roland Bernard rejette l’idée que les politiques écologistes en soient la cause. Il pointe du doigt les plateformes internet (qui ont changé la consommation des Lyonnais), la perte de pouvoir d’achat, et surtout les loyers très élevés des foncières propriétaires.
Enfin, concernant la ZFE (Zone à Faibles Émissions, ou ZPTL), une mesure dont les Écologistes ne sont pas à l’origine, il rappelle que toutes les capitales européennes ont restreint l’accès aux voitures en centre-ville. Pour Bernard, les Lyonnais interrogés apprécient cette régulation : ils témoignent d’une diminution des voitures et des nuisances sonores, permettant de « se balader » et de « se promener » plus facilement.
Source : Lyon Mag.