Lors d’une manifestation intitulée « Non à la Haine » organisée à Lyon mercredi, les MJC, dont l’histoire est liée à la Maçonnerie, soutenues par la ville et son maire Grégory Doucet, ont réaffirmé leur engagement en faveur des valeurs de tolérance et de solidarité et contre l’extrême droite.
« Nous Mjc, on ne peut pas cautionner des partis qui prônent la haine, donc nous avons organisé une manifestation intitulée ‘Non à la Haine’. Nous avons été soutenu par la Ville et le maire de Lyon qui nous a permis d’avoir une autorisation pour faire cet évènement en place public très rapidment. Nous avons des bonnes relations avec la Ville de Lyon et la Métropole qui sont attentives à l’éducation populaire que l’on défend », nous a expliqué Marie-Francoise de Hoarau du réseau des MJC Rhône Ain Saône, R2AS, qui regroupe 50 mjc, dont dix MJC Lyonnaises.
Les deux collectivités étaient d’ailleurs très représentées mercredi soir avec le maire de Lyon, Grégory Doucet, qui était venu assisté à l’évènement, mais aussi Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement, ou le maire du 8e arrondissement de Lyon, Olivier Berzane.
À l’occasion de cet évènement, Jean-Yves Mace, président des MJC de France avait tenu à faire le déplacement. Il a souligné l’importance des valeurs de tolérance, de rencontres et d’échanges portées par les MJC. Macé a exprimé ses préoccupations face à la montée de l’extrême droite, qu’il considère comme contraire aux valeurs des MJC. Il redoute les conséquences de l’arrivée au pouvoir de forces politiques qui prônent le racisme et la division, et a insisté sur la nécessité de se mobiliser pour préserver la cohésion nationale et le lien social.
Rôle et Histoire de MJC de France
Les MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture) de France forment un réseau de 1 000 associations, coordonnant environ 300 000 bénévoles et 15 000 salariés. Ce réseau, « ancré dans l’éducation populaire, vise à promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie et la formation à la citoyenneté« , nous a expliqué Jean-Yves Macé qui est revenu sur l’Histoire des MJC de France. « Créées en 1944, les MJC sont issues du programme de la République des Jeunes, initié par le Conseil National de la Résistance », nous a-t-il précisé. Sauf son respect, « La Mouffe » qui est considérée comme la première MJC de France a été crée au début du xxe siècle, par Catherine Descroix puis André Lefèvre et Marthe Levasseur, qui étaient comme Léo Lagrange responsables des Eclaireurs de France, un mouvement de scoutisme laïque. Les éclaireurs de France, ont été créé après une rencontre entre son fondateur, Nicolas Benoit et Baden Powell, à l’origine du scoutisme, qui s’il n’était pas franc-maçon, a côtoyé durant sa carrière des loges militaires, associations à but de sociabilité et de bienfaisance qui ont beaucoup de points commun avec la Maçonnerie. Ensuite, les maisons des jeunes et de la culture, qui ont pour objectif de lier jeunesse et culture dans une perspective d’éducation populaire. se sont bel et bien développées par la volonté du Conseil national de la résistance à l’origine duquel, on retrouve le général de Gaulle, dont le gendre Alain de Boissieu était membre de l’ordre de la francisque, une décoration qui était attribuée par le régime de Vichy en tant que marque spéciale d’estime à Philippe Pétain, dont furent récipiendaires de nombreuses personnalités politiques françaises d’après guerre comme Antoine Pinay, François Mitterand, ou Jean Védrine, père d’Hubert Védrine. De Gaulle avait confié la création du Conseil national de la Résistance à Jean Moulin, dont le père Antoine-Émile Moulin, était un franc-maçon, membre de la loge Action sociale.
Ensuite, la FFMJC (Fédération française des maisons des jeunes et de la culture) a été créée en 1948 à l’initiative du Franc-maçon et député socialiste du Rhône, André Philip, qui dirigeait la section lyonnaise de la LICA, la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), qui dès son origine a créé l’« École du propagandiste », pour former des militants, aussi bien au plan intellectuel que technique, et qui deviendra par la suite la LICRA.
Jean-Yves Macé nous a expliqué que les MJC « ont traversé différentes époques et se sont récemment unifiées en une seule organisation nationale après avoir été divisées en deux associations distinctes ». Jusqu’en 2020, il existait en effet deux fédérations nationales, la Confédération des maisons des jeunes et de la culture (CMJCF) et la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture (FFMJC), qui regroupaient chacune une partie des MJC de France. En septembre 2020, la FFMJC a reconnu son incapacité à continuer ses activités et a encouragé ses MJC adhérentes à se diriger vers un réseau commun. Fin 2020, l’Association InterRégionale des MJC (AIR MJC) a été créée pour représenter ce réseau et préserver le patrimoine immatériel de la FFMJC. En 2021, AIR MJC et CMJCF ont travaillé à la convergence des MJC vers un réseau unique. Cette initiative a culminé en novembre 2021 avec la Déclaration de Port Leucate. Le 30 avril 2022, la convergence s’est achevée à Nancy avec la formation d’un seul réseau national, MJC de France.
Les artistes présents
Lors de cette soirée de mobilisation nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec l’Officier Zen, rappeur Lyonnais, aux références « old school », qui arborait un drapeau Palestinien sur scène.
« Je voulais redonner une identité à ce drapeau car c’est m’est arrivé de participer à des concerts où des organisateurs m’ont demandé de le retirer. C’est de plus en plus difficile d’avoir accès à des salles qui soient disant laisse la parole, mais en fait on des financements , donc qui sont bridés », nous a-t-il confié.
Le rappeur Cyrious présentait quant à lui en avant première son morceau « Piège », qui est sorti hier et qui recommande notamment « de ne pas tomber dans le piège de la haine de l’autre ».
Auteur d’un rap positif, Cyrious nous a confié avoir accepté de participer à cet évènement, « pour défendre l’amour, la paix, l’unité de l’Humanité, on est tous avec nos différences et il faut s’apprécier comme ça ». « La haine, la colère et la violence, on en a déjà assé, donc il faut essayer de contrebalancer avec des good vybes. »
Enfin, c’est le groupe Queer, Jay Brush, qui a clôturé la soirée. Alors que nous avons constaté lors de nos enquêtes que la question de la transidentité était à l’orde du jour de l’agenda mondialiste, comme Elon Musk, l’affirme accusant le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, George Soros, de diffuser un « virus woke », nous avons demandé à Guillaume, leader du groupe et membre du réseau R2AS, ce qu’il pensait de la récente victoire de Némo à l’Eurovision ou du prix d’Interprétation féminine, remporté par l’actrice transgenre, Karla Sofia Gascon.
« La question Queer est de plus en plus présente ca prend de plus en plus de place. C’est possible que cela fasse un peu plus de bruit que de place que cela prend concrètement dans la société, encore que beaucoup ces choses là sont cachés, vivent en communauté. Peut-être qu’on en parle beaucoup mais je pense que c’est crucial », nous a-t-il répondu.
À noter que ce n’est pas la première fois, que la municipalité lyonnaise soutien des initiatives visant à lutter contre la haine. Le 18 avril dernier, lors de l’étape Lyonnaise de « Salam Shalom Salut », une initiative lancée en 2018 par SOS Racisme, Sylvie Tomic, adjointe au maire à l’Égalité avait expliqué travailler avec la LICRA, sur un projet de visant à lutter contre la haine en ligne. Nous avions alors discuté avec Augustin Ould Issa, un représentant de cette association antiraciste, qui est par ailleurs franc-maçon. Nous nous étions d’ailleurs rendu avec lui dans un temple.
Nous avons eu l’occasion d’en discuter avec le maire de Lyon, Grégory Doucet, lors du meeting des écologistes qui s’est déroulé au début du mois de juin pour les européennes. L’édile Lyonnais s’était agacé et avait éludé.