Alors qu’il peaufine sa pré-campagne pour les municipales de 2026 en taclant les écologistes sur les réseaux sociaux et qu’il s’est déjà pris les pieds dans le tapis à plusieurs reprises sur les prix des abonnements TCL notamment et en proposant la création de dispositifs existants, Jean-Michel Aulas a avancé des chiffres alarmants sur l’insécurité à Lyon. Toutefois La Tribune de Lyon s’est lancée dans une vérification minutieuses des données mises en avant par l’ancien patron de l’OL qui révèle des écarts notables avec les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur.
Jean-Michel Aulas, l’ex-patron de l’Olympique lyonnais, continue de poser les jalons de sa potentielle candidature à la mairie de Lyon en 2026. Dans une publication sur le réseau X (ex-Twitter), il a dénoncé une explosion de la délinquance dans la capitale des Gaules, avançant des chiffres particulièrement spectaculaires : +45 % de violences aux personnes, +62 % de coups et blessures, +82 % de vols avec violences depuis 2020.
Ces données, censées être issues de l’Atlas de la délinquance 2024 du ministère de l’Intérieur, ont rapidement suscité le doute chez les observateurs. En réalité, cet outil statistique ne fournit que des données à l’échelle régionale et départementale, et ne permet pas une analyse spécifique à Lyon intra-muros ou à son agglomération sur la période 2020-2024.
Des écarts flagrants avec les chiffres officiels
Nos confrères ont consulté les données officielles disponibles sur le site Interstats du ministère et la réalité serait bien différente. À Lyon, les vols avec violences sans armes sont passés de 1 938 en 2020 à 1 805 en 2024, soit une baisse de 7 %. Pour les coups et blessures hors cadre familial, la hausse n’est que de 2,15 % à Lyon, et de 10 % dans l’agglomération, loin des +62 % avancés.
Concernant la catégorie floue des « violences aux personnes », évoquée dans le tweet d’Aulas, il pourrait s’agir d’un agrégat mêlant violences intrafamiliales et sexuelles, en hausse depuis 2020 — mais pour des raisons structurelles et sociétales, comme la libération de la parole.
Des hausses ciblées, mais pas généralisées
Si certains indicateurs sont bel et bien en progression — les vols dans les véhicules (+45,9 % depuis 2019) ou le trafic de stupéfiants (+77,7 %) — ils ne correspondent pas aux chiffres présentés par Aulas.
La Tribune de Lyon affirme que les chiffres fournis par le camp Aulas sont le fruit d’un « comité d’experts » ayant recoupé des données publiques et de terrain. Mais sans méthode transparente, cette affirmation laisse perplexe jusqu’au sein des services de sécurité.
Une guerre des chiffres en vue des municipales
La mairie de Lyon, par la voix de Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité, dénonce une instrumentalisation politique : « Les chiffres sont biaisés. Ce n’est pas une analyse statistique sérieuse. »
Malgré les critiques, l’entourage de Jean-Michel Aulas maintient ses positions et revendique « la validité des constats » et « la cohérence méthodologique » de son analyse. Un avant-goût des tensions à venir sur la thématique sécuritaire, qui s’annonce centrale dans la campagne municipale lyonnaise.
Source : Tribune de Lyon.
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