Pour sa dernière prise de parole avant les élections métropolitaines de 2026, David Kimelfeld a choisi de sortir du silence avec vigueur. L’ancien président de la Métropole de Lyon, qui a décidé de ne pas se représenter, livre une charge sévère contre la polarisation politique et cible implicitement le camp de Jean-Michel Aulas. Un texte d’adieu politique aux accents de mise en garde démocratique.
Il savait que ce serait sa dernière intervention publique en tant qu’acteur central de la vie métropolitaine lyonnaise. David Kimelfeld, ancien président de la Métropole de Lyon, a profité de cette prise de parole finale pour dresser un diagnostic sans concession du climat politique local et national, tout en expliquant les raisons de son retrait de la course électorale de mars 2026.
L’élu évoque d’abord un contexte politique devenu, selon lui, irrespirable. Il dénonce une « polarisation excessive de notre vie publique », marquée par « la course aux excès, aux outrances et au populisme ». À cette dérive générale, il ajoute une autocritique sévère de son propre camp. Il pointe « l’abdication d’une partie de la gauche », en particulier la social-démocratie, qu’il juge incapable de s’affirmer comme une force autonome et conquérante, tout en affichant clairement son refus d’une alliance avec La France insoumise.
S’adressant ensuite directement aux électeurs lyonnais et grand-lyonnais, David Kimelfeld appelle à « chérir la dignité du débat public » et à se méfier des recettes toutes faites. Dans une formule qui a rapidement fait réagir, il remet en cause l’idée selon laquelle la réussite économique garantirait la compétence politique. « Les expériences acquises dans le monde de l’entreprise ne sont pas des garanties de bonne politique », écrit-il, avant de convoquer l’exemple de Donald Trump pour illustrer qu’« un patron n’est pas nécessairement un bon président ».
La référence, à peine voilée, vise le camp de Jean-Michel Aulas, entrepreneur emblématique et figure pressentie de la bataille métropolitaine. Le tacle se précise lorsqu’il aborde les critiques formulées contre la politique actuelle des mobilités. David Kimelfeld fustige ceux qui dénoncent les transports en commun ou les voies cyclables sans en maîtriser les réalités concrètes, évoquant ironiquement une connaissance limitée « à la liste des arrêts de bus autour d’une place de la Comédie » ou une vision des aménagements cyclables « depuis la vitre arrière d’une voiture avec chauffeur ».
Sur le fond, l’ancien président de la Métropole s’inquiète d’une tentation qu’il juge profondément rétrograde. Il met en garde contre « les héritiers autoproclamés de Gérard Collomb » et les tentatives de captation de son héritage politique. Se disant « estomaqué », il critique des projets qu’il estime tournés vers le passé, évoquant un « retour en arrière de quarante ans » et une Métropole réduite à une « Courly » ressuscitée, dominée par un « syndicat des maires et des potentats locaux ».
David Kimelfeld conclut son propos par un appel solennel au discernement électoral. Il invite les citoyens à voter non pour des figures ou des ambitions personnelles, mais « pour un projet, pour un système de valeurs, pour une certaine idée du collectif » qui doit, selon lui, guider l’avenir de la Métropole. Il avertit enfin contre deux écueils opposés : une Métropole transformée en tremplin pour l’ambition nationale de Laurent Wauquiez, ou un terrain de confrontation idéologique voulu par Jean-Luc Mélenchon, qu’il accuse de vouloir « dynamiter la gauche en espérant survivre au chaos ».
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