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Lutte contre le développement incontrôlé du plastique : négociations en péril à Genève

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Une nouvelle séance de négociations internationales à Genève s’est conclue sur le rejet d’un projet de texte jugé déséquilibré et insuffisant. Malgré la présence de 184 États, la division entre pays pétroliers et nations volontaristes laisse planer un doute sur l’aboutissement rapide d’un accord juridiquement contraignant.

Les diplomates de 184 pays se sont retrouvés à Genève depuis le 5 août avec pour mission d’aboutir à un traité international juridiquement contraignant afin de lutter efficacement contre la pollution plastique, y compris en milieu marin. Mais la proposition de synthèse – un document d’une dizaine de pages présenté mercredi – a été massivement rejetée, jugée déséquilibrée par de nombreuses délégations. Seule l’Inde l’a acceptée comme base de travail.

Le texte, crié d’inaction, ne contenait aucune limite à la production de plastique, aucune régulation des substances chimiques, ni vision globale du cycle de vie des polymères. Les ONG environnementales n’ont pas tardé à dénoncer un texte « vidé de ses ambitions initiales », qualifiant le projet de « cadre purement gestionnaire des déchets ».

Dans les rangs des opposants figuraient la Colombie, le Chili, le Panama et l’Union européenne. Pour l’ONG Environmental Justice Foundation, ce texte apparaît comme une « trahison de l’humanité », offrant un blanc‑seing à l’industrie pétrochimique.

L’enjeu est colossal. Depuis 2022, la résolution adoptée par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement a institué un Comité intergouvernemental de négociation (CIN) chargé de rédiger un accord définitif d’ici fin 2024. Mais deux sessions cruciales, à Ottawa en 2024 et à Busan en Corée du Sud fin 2024, avaient déjà accouché d’impasses, notamment en raison du refus de limiter la production plastique et de s’attaquer aux substances toxiques.

La fracture essentielle est claire : d’un côté, des États producteurs de pétrole (Arabie saoudite, Russie, Inde, Chine), soutenus par les industries petro‑chimiques, se refusent à tout encadrement strict de la production plastique. De l’autre, des coalitions volontaristes, comme la « Coalition de la haute ambition » conduite par le Rwanda et la Norvège, avec l’Union européenne, prônent un traité couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de leur conception à leur élimination.

Aux côtés des États engagés, une Coalition mondiale de scientifiques, composée de centaines de membres indépendants, suivait ces négociations avec attention. Elle met en avant la nécessité d’un accord solide fondé sur des données scientifiques, notamment sur les effets de longue durée des microplastiques et additifs chimiques sur la santé humaine et la biodiversité.

Pour l’instant, les négociations restent au point mort. Si les discussions se prolongent au-delà de la date butoir du jeudi à minuit, le temps presse : l’avenir de ce traité pourrait se jouer dans les prochaines heures, sur fond de frustration et d’alarme environnementale croissante.

Source : Le Monde.fr, Vajiram & Ravi, Touteleurope.eu, Economiematin. Post Courier.

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