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Limitation mondiale du plastique : le lac Baïkal en danger, un symbole à protéger

Alors que les négociations internationales s’intensifient à Genève pour parvenir à une limitation mondiale du plastique, la situation environnementale au lac Baïkal, en Russie, fait figure d’alerte. Ce joyau naturel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est aujourd’hui menacé par une pollution plastique croissante, dénoncée avec insistance par les médias russes.

Au sud de la Sibérie, le lac Baïkal, patrimoine naturel mondial et plus vaste réserve d’eau douce de la planète, subit une dégradation inquiétante. Selon le quotidien russe Kommersant, la concentration de microplastiques y a doublé en trois ans. Ces particules, issues de la décomposition d’objets en plastique, mesurent moins d’un demi-centimètre et proviennent notamment de matériaux légers comme le polyéthylène ou le polystyrène.

Depuis cinq ans, des équipes de l’université d’État de Moscou et de l’Académie des sciences prélèvent chaque été des échantillons dans plus de trente sites du lac. Les observations sont claires : poussées par les vents et les courants circulaires, les particules flottent jusqu’aux zones centrales où elles forment une « tache » persistante, piégeant les déchets et perturbant la faune aquatique, notamment les populations de crustacés.

La rivière Selenga, principale artère alimentant le lac, est pointée du doigt. Elle charrie les rejets des villes en amont, où les stations d’épuration ne filtrent pas les nanopolymères. S’y ajoutent les déchets provenant de décharges sauvages qui jalonnent les rives. Selon Mikhaïl Gousliakov, directeur de l’association Baïkal sans plastique, la densité de particules microplastiques collectées sur un kilomètre carré a doublé en quelques années.

Autre menace : les filets de pêche abandonnés. Une récente expédition a retrouvé 115 filets sur 34 kilomètres de rivage, un chiffre en hausse. Les spécialistes estiment que des centaines de milliers de kilomètres de ces engins gisent encore au fond du lac, se désagrégeant lentement en microfibres plastiques.

Les conséquences se font sentir jusque dans l’alimentation humaine. Les microplastiques ingérés par les poissons finissent dans les assiettes des habitants. Les écologistes incriminent principalement les plastiques à usage unique — emballages, gobelets, vaisselle jetable — et plaident pour des mesures radicales.

Au printemps 2025, Moscou a demandé une étude sur l’interdiction progressive des plastiques non dégradables dans la région du Baïkal. Si l’initiative est saluée, elle est jugée trop timide. L’écologiste Dmitri Nesterov défend l’idée d’un système de consigne : un geste incitatif pour réduire le flot de déchets qui menace ce joyau naturel depuis des décennies.

Source :
Courrier international, « En Russie, le lac Baïkal étouffe sous le plastique », 14 août 2025, d’après Kommersant et Kedr.

un patrimoine naturel asphyxié

Le lac Baïkal, plus vaste réserve d’eau douce liquide au monde, est depuis plusieurs années confronté à une dégradation de son écosystème. Les rives de ce site emblématique de Sibérie orientale sont de plus en plus envahies par les déchets plastiques, en particulier durant la saison touristique. Les bouteilles, emballages alimentaires et autres résidus jetables s’amoncellent dans les zones fréquentées, compromettant non seulement la beauté du paysage, mais aussi l’équilibre de la faune et de la flore locales.

D’après l’article publié par Novaïa Gazeta, la prolifération du plastique dans les eaux du Baïkal est principalement liée à la mauvaise gestion des déchets dans les villages environnants, dont les infrastructures sont souvent insuffisantes pour faire face à l’afflux de visiteurs. Des initiatives locales existent, portées par des ONG ou des bénévoles, mais elles peinent à endiguer un phénomène largement sous-estimé par les autorités.

des alertes ignorées

Dans la presse russe, plusieurs journalistes dénoncent le manque de réactivité du gouvernement face à la contamination du lac. Les réglementations environnementales, bien que strictes sur le papier, restent peu appliquées sur le terrain. Le tourisme, en plein essor dans cette région reculée, est rarement encadré par des mesures de protection adéquates. Résultat : les déchets plastiques continuent de s’accumuler, tandis que les espèces endémiques, comme l’ombri du Baïkal, sont exposées à des risques sanitaires croissants.

La situation est d’autant plus préoccupante que le plastique ne disparaît pas. Fragmenté en microplastiques, il s’infiltre dans les chaînes alimentaires et contamine durablement les eaux profondes du lac, qui atteignent jusqu’à 1 600 mètres de profondeur. À long terme, c’est la fonction même de régulateur climatique de ce réservoir naturel qui pourrait être compromise.

un enjeu global

Ce drame écologique en Sibérie résonne avec les discussions actuelles à Genève, où les États membres des Nations unies tentent de s’accorder sur un traité ambitieux pour endiguer la pollution plastique à l’échelle planétaire. Selon les observateurs, la situation du lac Baïkal illustre la nécessité d’inscrire des sites naturels sensibles dans les priorités de ce futur accord. Les militants écologistes espèrent que la Russie, confrontée à l’ampleur du problème sur son propre territoire, jouera un rôle plus actif dans les négociations.

La limitation mondiale du plastique ne pourra être efficace que si elle prend en compte les réalités locales, les défis des pays en développement et les spécificités des écosystèmes menacés. Le lac Baïkal, en tant que symbole de la fragilité de notre environnement face aux excès de la consommation, pourrait bien devenir un cas d’école pour les décideurs internationaux.

Source : https://www.courrierinternational.com/article/environnement-en-russie-le-lac-baikal-etouffe-sous-le-plastique_234001

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