La rupture est désormais totale entre Donald Trump et Elon Musk. Ce qui n’était qu’une série de tensions larvées s’est transformé en un affrontement politique et personnel d’une rare intensité, mené à coups de déclarations enflammées et de posts rageurs sur leurs réseaux sociaux respectifs — Truth Social pour l’un, X pour l’autre. Entre accusations de trahison, menaces économiques et allusions au scandale Epstein, les deux figures les plus influentes de la droite américaine se livrent à un duel sans précédent.
Pendant des mois, Trump et Musk affichaient une proximité stratégique. Le président des États-Unis accueillait le patron de Tesla et SpaceX dans le Bureau ovale, vantant ses innovations, tandis que Musk louait la vision économique de Trump.
Mais tout s’est effondré autour du projet de loi budgétaire baptisé « Big, Beautiful Bill » : un plan à 2 400 milliards de dollars sur dix ans, que Musk a violemment rejeté, qualifiant le texte d’« abomination dégoûtante » et de « sale projet de loi ». Il accuse les parlementaires républicains l’ayant soutenu de trahir leurs électeurs, appelant à leur éviction immédiate.
I’m sorry, but I just can’t stand it anymore.
This massive, outrageous, pork-filled Congressional spending bill is a disgusting abomination.
Shame on those who voted for it: you know you did wrong. You know it.
Trump sort les griffes : menace sur les contrats et insultes publiques
La réponse de Trump est brutale. Le 5 juin, en conférence de presse à Washington, il se dit « très déçu » de Musk, avant de l’attaquer frontalement sur Truth Social :
« Elon ne faisait plus l’affaire. Je lui ai demandé de partir. Il est devenu FOU ! »
Il menace alors de couper toutes les subventions et contrats fédéraux bénéficiant aux entreprises de Musk, comme Tesla et SpaceX. Il affirme avoir mis fin au crédit d’impôt sur les voitures électriques, tout en promettant de déchirer le décret de Joe Biden sur leur généralisation d’ici 2030. Cette déclaration est cependant inexacte, aucune loi n’obligeant les Américains à acheter un véhicule électrique.
Trump a d’ailleurs accusé le milliardaire d’avoir pris ombrage de cette décision, ce qui a été démenti par Musk.
False, this bill was never shown to me even once and was passed in the dead of night so fast that almost no one in Congress could even read it! https://t.co/V4ztekqd4g
Musk contre-attaque : sondage, révélations et sabotage spatial
Musk, de son côté, lance un véritable blitz numérique. Il partage un sondage sur X pour tester l’idée d’un nouveau parti politique — 80 % de votes favorables —, puis annonce la mise à l’arrêt du programme spatial Dragon, utilisé par la NASA pour ravitailler l’ISS. Même s’il semble faire machine arrière quelques heures plus tard, le message est clair : la coopération est rompue.
Mais c’est une autre publication qui va faire exploser le clash à un autre niveau :
« Il est temps de lâcher la vraie bombe : Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. »
Time to drop the really big bomb:@realDonaldTrump is in the Epstein files. That is the real reason they have not been made public.
Cette allégation, que Musk accompagne d’une vidéo d’archives montrant Trump en compagnie de Jeffrey Epstein dans les années 1990, enflamme la toile. Il ajoute :
« Gardez ce post. La vérité finira par sortir. »
Reproches, dette et guerre commerciale
Musk accuse Trump d’« ingratitude », affirmant lui avoir permis de remporter l’élection et d’avoir contribué à préserver la majorité républicaine au Sénat. Il estime que le Congrès, sous influence trumpiste, « conduit l’Amérique à la faillite » avec ses dépenses inconsidérées. Il avertit enfin que les hausses de droits de douane décidées par Trump entraîneront une récession dès le second semestre 2025, ciblant la guerre commerciale que le président relance contre la Chine et l’Union européenne.
Vers une fracture durable de la droite américaine ?
La bataille entre les deux hommes n’est pas qu’une affaire d’ego. Elle illustre un clivage profond entre deux visions de la droite américaine : l’une populiste, nationaliste et nostalgique, incarnée par Trump ; l’autre technolibertarienne, tournée vers l’innovation, la décentralisation et l’intelligence artificielle, représentée par Musk.
Certains conservateurs influents comme Ian Miles Cheong vont jusqu’à appeler à une procédure de destitution de Trump, pour installer une figure alternative comme le sénateur J.D. Vance. Une proposition que Musk a immédiatement approuvée.
Un duel aux conséquences géopolitiques ?
Alors que les élections de mi-mandat de 2026 se profilent, ce duel public pourrait provoquer une recomposition majeure du paysage politique américain. L’implosion du camp conservateur entre trumpistes et muskiens pourrait ouvrir la voie à une troisième force, rompue aux logiques d’influence numérique et technologique.
Une chose est certaine : entre Elon Musk et Donald Trump, la guerre est désormais totale, et aucun retour en arrière ne semble possible.