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Fabric Lhomme et Gérard Davet. Image : Capture d'écran Télé Matin.

Livres : Les révélations choc de Gérard Davet et Fabrice Lhomme sur la gestion du Covid

Gérard Davet et Fabrice Lhomme, deux journalistes du Monde, ont récemment publié Les juges et l’assassin, un ouvrage qui s’attaque à la gestion catastrophique de la crise du Covid-19 en France. S’appuyant sur des documents inédits, des e-mails et des SMS provenant de l’enquête menée par la Cour de Justice de la République (CJR), les deux journalistes dévoilent des défaillances majeures et des mensonges d’État, mettant en lumière les dysfonctionnements du gouvernement lors des premiers mois de l’épidémie.

Dès le début de la pandémie en 2020, Gérard Davet et Fabrice Lhomme se sont lancés dans une enquête approfondie sur la gestion de la crise sanitaire. Malgré l’opacité des procédures judiciaires, ils ont réussi à obtenir des informations cruciales sur les erreurs et les choix stratégiques qui ont contribué à l’aggravation de la situation en France. Grâce à l’enquête de la CJR, ils ont pu accéder à des documents confidentiels, des rapports gouvernementaux, ainsi qu’à des témoignages accablants de responsables politiques.

La faillite d’État : des rapports ignorés et des décisions ignorantes

Entre 2001 et 2019, plusieurs rapports et plans d’action avaient alerté sur la nécessité de maintenir un stock stratégique de masques, estimé à plus d’un milliard d’unités. Pourtant, à l’arrivée de la pandémie, seuls 100 millions étaient disponibles, dont une grande partie était périmée. Une note confidentielle de 2019 recommandait même de ne pas renouveler ces stocks.

La gestion chaotique des masques : entre mensonges et stratégies d’enfumage

Les journalistes dénoncent également une stratégie de dissimulation concernant la pénurie de masques. Plutôt que de reconnaître le manque, les autorités ont minimisé son importance et affirmé que les masques n’étaient pas nécessaires pour la population, suivant des recommandations ambiguës de l’OMS. Cette communication a retardé la mise en place de mesures de protection, aggravant la crise et la méfiance du public envers le gouvernement.

La pénurie de masques est devenue le symbole de la faillite de l’État dans la gestion de la pandémie. Selon Davet et Lhomme, cette situation résulte d’une logique financière court-termiste, où les restrictions budgétaires ont primé sur la préparation sanitaire. Ironiquement, en 2010, la France avait constitué un stock suffisant sous Roselyne Bachelot, mais celui-ci avait été critiqué et réduit, contribuant à la paralysie des décisions en 2020.

Les avertissements ignorés de Buzyn et le vide laissé par sa démission

L’une des figures centrales de la gestion de la crise, Agnès Buzyn, fait l’objet de révélations particulièrement intéressantes et ambivalentes. Dès les premiers signes de la pandémie, la ministre de la Santé et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Agnès Buzyn, a multiplié les mises en garde auprès du gouvernement, alertant sur la gravité de la situation. Malheureusement, ces avertissements ont été reçus avec condescendance et ironie, souvent minimisés par ses supérieurs, dont le Young leader de la Fondation France-Amérique, Édouard Philippe et le contributeur du FEM, Emmanuel Macron .

Mais c’est sa démission en février 2020 pour se lancer dans la campagne municipale de Paris pour remplacer le contributeur du FEM, Christophe Castaner, qui a laissé un vide en pleine crise. Cette décision est d’autant plus marquante qu’elle s’est produite à un moment où la France faisait face à une tempête sanitaire sans précédent.

Au-delà de sa démission, une autre question ressurgit : la gestion des stocks de masques. À son arrivée au ministère, Agnès Buzyn a trouvé des stocks déjà réduits et périmés, mais n’a pris aucune mesure efficace pour en renouveler le contenu, menant la France à une pénurie dramatique lorsque la pandémie a explosé.

Le bilan catastrophique des six premiers mois de la crise

Le premier semestre de la crise Covid-19 en France a été une succession d’erreurs stratégiques. Gérard Davet rappelle dans les colonnes de Marianne qu’ « En l’espace de ces six mois, la France a enregistré 32 000 morts, un chiffre dramatique. » La gestion de la crise a été marquée par une pénurie d’équipements de protection, de tests, et de respirateurs. Des décisions controversées, comme le maintien du premier tour des élections municipales et un confinement jugé trop tardif, ont aggravé la situation. « Le gouvernement a préféré adapter son discours à ces carences plutôt que de les reconnaître », ajoutent les journalistes.

Ce manque d’action rapide a eu des conséquences désastreuses, non seulement en termes de nombre de décès mais aussi pour les soignants envoyés en première ligne sans protections adéquates. « Tout était improvisé, tout était trop tardif », résume Lhomme

La déconnexion entre la communication et la réalité de la gestion de la crise

L’une des critiques les plus acerbes des journalistes porte sur la déconnexion entre la communication officielle et la réalité sur le terrain. Alors que les responsables politiques clamaient que la France s’en était « plutôt bien sortie », cette image ne tenait pas face à l’ampleur des failles dans la gestion de la crise. « Cela ne compense pas les 170 000 morts et les souffrances prolongées des victimes du Covid long », affirme Gérard Davet, toujours dans les colonnes de nos confrères.

Pour les deux journalistes, il est frappant de constater que malgré ces échecs, les responsables politiques, dont Édouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran, n’ont jamais reconnu leurs erreurs. « C’est un manque total de lucidité et, pire encore, un manque de respect envers les Français », ajoutent-ils. La gestion économique, bien que nécessaire, n’a pas compensé ces manquements sanitaires. « Le ‘quoi qu’il en coûte’ n’a rien à voir avec la gestion de la crise sanitaire », précise Fabrice Lhomme.

Les entraves à la vérité et la manipulation de l’opinion publique

Un aspect clé de leur enquête est l’ingérence de l’exécutif dans les enquêtes parlementaires et judiciaires. Gérard Davet révèle comment des documents ont été transmis à Agnès Buzyn avant son audition par la commission parlementaire, une tentative évidente de manipulation de l’opinion publique. « L’enquête parlementaire a été biaisée », expliquent-ils. Mais l’interférence de l’Élysée dans les procédures judiciaires est encore plus inquiétante. Les journalistes rapportent que l’Élysée a tenté de bloquer l’enquête de la CJR, en interdisant les témoignages des conseillers et en leur dictant ce qu’ils devaient dire.

Sur le plateau de RMC, Fabrice Lhomme a décrit comment la conseillère de justice de l’Élysée a briefer les collaborateurs d’Emmanuel Macron, leur faisant réciter un texte préparé à l’avance, plutôt que de laisser ces derniers dire la vérité. Lhomme souligne également un incident particulièrement choquant : le président de l’Assemblée nationale Gérard Larcher a vu son texte, destiné au juge d’instruction, modifié par l’Élysée pour qu’il corresponde à la version souhaitée par Emmanuel Macron. Selon Lhomme, cela constitue une violation flagrante de la séparation des pouvoirs, un principe fondamental de la démocratie.

Les juges et l’assassin, par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Flammarion.

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