Renforcé par la victoire de son parti aux élections de mi-mandat, le président argentin Javier Milei bénéficie d’une nouvelle marge de manœuvre pour accélérer ses réformes économiques. Les marchés saluent ce succès électoral, signe d’une stabilité retrouvée du peso.
Le président argentin Javier Milei a remporté une victoire majeure lors des élections législatives de mi-mandat du 26 octobre 2025.
Son parti, La Libertad Avanza, a obtenu plus de 40 % des voix, renforçant son poids au Congrès et offrant au chef de l’État une nouvelle légitimité politique pour poursuivre ses réformes.
Ce succès électoral intervient après deux années de gouvernance marquées par une politique d’austérité radicale, une réduction des dépenses publiques et une inflation en baisse.
Les marchés, longtemps sceptiques, ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme, faisant grimper la valeur du peso argentin et des bons du Trésor.
« Les marchés sont euphoriques »
Bruno de Moura Fernandes, économiste à Coface, estime dans les colonnes de L’Express que cette victoire électorale marque un tournant :
« Les marchés sont euphoriques et saluent la victoire de Javier Milei. Beaucoup d’investisseurs avaient anticipé une défaite, influencés par les résultats péronistes dans la province de Buenos Aires. Ils avaient extrapolé à tort. »
La participation relativement faible aurait paradoxalement favorisé le camp Milei, les électeurs modérés ayant voté « utile » pour assurer la stabilité.
Cette victoire conforte la ligne du président libertarien : discipline budgétaire, réduction de la bureaucratie et défense du peso.
Inflation en baisse et retour de la confiance
L’un des principaux succès de Javier Milei réside dans la désinflation rapide du pays.
L’inflation, qui dépassait 100 % en rythme annuel avant son élection fin 2023, a été ramenée autour de 30 %.
« Cela redonne de la visibilité aux ménages : ils peuvent désormais épargner, planifier, voyager », explique Bruno de Moura Fernandes.
« Le retour de la discipline budgétaire a aussi rassuré les investisseurs, d’autant qu’il existait une marge de manœuvre sur les dépenses publiques et les emplois fictifs. »
Le gouvernement argentin cherche désormais à stabiliser la devise nationale en maintenant une dépréciation progressive du peso, évitant les à-coups monétaires.
Des réformes économiques ambitieuses mais risquées
Malgré cette dynamique, Javier Milei reste minoritaire au Parlement.
Cependant, son influence s’accroît : les principaux partis d’opposition sont affaiblis, et les indépendants pourraient se montrer plus conciliants.
L’enjeu majeur des prochains mois sera l’adoption de deux réformes clés : une réforme du marché du travail, destinée à réduire le pouvoir des syndicats dans les négociations salariales ainsi qu’une réforme fiscale visant à simplifier le système d’imposition et à encourager les investissements.
Le soutien décisif des États-Unis
L’aide américaine a joué un rôle crucial dans le maintien de la stabilité économique argentine.
En septembre, le Trésor américain a accordé à Buenos Aires une ligne d’échange de devises (currency swap) d’un montant de 20 milliards de dollars, un geste salué par les marchés.
En plus de cette ligne, il existe un plan d’aide supplémentaire d’environ 20 milliards de dollars, via des fonds souverains ou des financements privés, ce qui porterait le total à environ 40 milliards de dollars.
Cependant, cette aide conditionnelle était liée par Trump à la performance électorale de Milei . « S’il ne gagne pas, nous ne serons pas généreux avec l’Argentine », avait déclaré le président américain.
L’économiste de Coface souligne que « Sans l’intervention des États-Unis, le peso aurait pu se déprécier davantage, ravivant le risque d’inflation ». « Les réserves de la Banque centrale sont faibles et largement composées de lignes de crédit. Les réserves nettes sont quasi nulles. »
Cette aide permet donc à Milei de gagner du temps et d’éviter une crise de change immédiate, tout en poursuivant la reconstitution des réserves de change par les exportations et les investissements étrangers.
Une stratégie libérale assumée
Pour consolider ces acquis, Javier Milei veut attirer les capitaux étrangers et favoriser les exportations, en misant sur une économie plus compétitive et ouverte.
L’objectif affiché : bâtir une économie productive, libérée des contrôles étatiques et capable de générer des réserves durables.
Le défi reste immense : la croissance demeure fragile et la société argentine, éprouvée par des années d’austérité, pourrait se lasser du coût social des réformes. Milei pourra toutefois compter sur le soutien indéfectible des États-Unis.