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Sébastien Lecornu. Photo : @Patrice Normand/Leextra

Le retour surprise de Bruno Le Maire sonne le glas du gouvernement Lecornu

À peine reconduit au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau a menacé de claquer la porte du gouvernement. La participation des Républicains à l’équipe de Sébastien Lecornu, déjà fragile, a volé en éclats après la nomination inattendue de Bruno Le Maire aux Armées, mais également celle d’Eric Woerth au sein du gouvernement. L’Elysée annonce ce matin que Sébastien Lecornu a présenté sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée.

L’histoire aurait pu retenir que Bruno Retailleau a quitté le gouvernement un 6 octobre, jour de la Saint-Bruno, c’est finalement Lecornu qui a présenté sa démission.

Ce dimanche soir, à quelques heures d’un comité stratégique crucial, les Républicains étaient en ébullition. Selon plusieurs proches du Vendéen, celui-ci se disait « fou de rage » et « floué ».

Tout semblait pourtant réglé quelques heures plus tôt. Après cinq heures d’intenses débats en visioconférence, les parlementaires LR avaient consenti, à reculons, à maintenir leur participation au gouvernement. Gérard Larcher, président du Sénat, avait prôné une « participation sans caution », une formule prudente censée préserver l’équilibre fragile entre loyauté et méfiance. Bruno Retailleau lui-même plaidait alors pour un maintien, estimant qu’il valait mieux « peser de l’intérieur » que d’observer de loin la recomposition politique en cours.

Mais l’annonce du retour de Bruno Le Maire, ex-ministre de l’Économie et la présence d’Eric Woerth au sein du gouvernement ont tout fait basculer. Le choc fut d’autant plus brutal que Retailleau n’aurait pas été informé à temps, malgré plusieurs tentatives de contact avec Sébastien Lecornu dans l’après-midi. À Matignon, la découverte du nouveau casting aurait déclenché sa colère. Un cadre de droite nuance toutefois cette version dans les colonnes du Point. « Il savait très bien qui allait être nommé, mais il s’est fait rattraper par sa base. »

La tension couvait depuis des jours. Le chef des Républicains avait exigé des engagements précis du Premier ministre sur des thèmes chers à la droite : baisse des dépenses publiques, durcissement migratoire, réforme de l’aide médicale d’État. En vain. La « lettre d’engagement » promise n’est jamais venue. Le mutisme réputé de Sébastien Lecornu, surnommé « la tombe » par ses interlocuteurs, n’a rien arrangé.

Jeudi encore, Retailleau martelait dans Le Figaro que « le compte n’y [était] pas ». Mais les siens avaient fini par conclure qu’une rupture immédiate coûterait plus cher politiquement qu’un maintien prudent. Le compromis aura duré moins de vingt-quatre heures.

Certains cadres LR, soulagés malgré la crise, anticipaient déjà une dissolution ou des élections anticipées. D’autres, plus amers, jugeaint leur chef « naïf » et « trop attaché à son poste ».

Le retour de Bruno Le Maire a achevé de tendre les nerfs. Sur les boucles internes des Républicains, la fureur s’est répandue dès 20 heures, à l’annonce de la liste des ministres. Certains dénonçaient un « piège à cons », furieux que les LR n’aient obtenu que trois portefeuilles sur dix-huit, sans aucun des noms souhaités par Retailleau, comme François-Xavier Bellamy ou Othman Nasrou.

Sous pression, le ministre de l’Intérieur n’a eu d’autre choix que de reprendre la main. À 21 h 22, Bruno Retailleau publiait sur X un message au ton glacial : « La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise. Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin le comité stratégique des Républicains. »

Retailleau a annoncé une réunion d’urgence qui devait avoir lieu en fin de matinée. Jean-Noël Barrot se refusait de croire que « le parti du général de Gaulle puisse se désolidariser et se livrer à du chantage ».

Dans son édito du jour, Pascal Praud se demandait si le gouvernement allait tenir jusqu’à ce soir après la nomination de celui qui est perçu, comme  » l’homme qui a ruiné la France ». « Bruno Le Maire au gouvernement, c’est un peu comme si Raymond Domenech redevenait sélectionneur de l’équipe de France. »

La réponse est négative. Sébastien Lecornu a présenté sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé l’Elysée dans un communiqué laconique. Le Premier ministre démissionnaire va s’exprimer à 10h45 et selon BFMTV, il aurait convié ses ministres à 13 heures à Matignon. Le gouvernement Lecornu aura tenu une douzaine d’heures, suscitant l’inquiétude des chroniqueurs politiques. Sur BFMTV, Apolline de Malherbe a évoqué un moment « gravissime », « dramatique ».

Jordan Bardella a d’ores et déjà appelé le chef de l’Etat à dissoudre l’Assemblée nationale affirmant que’en cas de retour aux urnes,  » le Rassemblement national se tiendra évidemment prêt à gouverner « .

Sources :
Le Monde, CNews, X, Le Point.

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