You are currently viewing Épidemie de dengue au Brésil : l’efficacité des moustiques transgéniques remise en question
Photo : @WikiImages/Pixabay.

Épidemie de dengue au Brésil : l’efficacité des moustiques transgéniques remise en question

En plein Carnaval de Rio, le Brésil est confronté à une crise sanitaire alarmante alors qu’une épidémie de dengue frappe le pays avec une intensité sans précédent. La capitale, Brasilia, est particulièrement touchée, avec un taux d’incidence de 1 700 cas pour 100 000 habitants, dépassant largement le seuil d’alerte établi. Une situation qui remet en question les solutions utilisées pour endiguer l’épidémie, comme la libération de moustiques transgéniques.

Depuis le début de l’année, le ministère de la Santé Brésilien a enregistré plus de 512 000 cas de dengue, soit quatre fois plus que pour la même période en 2023. Les décès attribués à cette maladie ont également augmenté, avec 75 décès confirmés et 340 autres considérés comme suspects. Plus de la moitié des villes brésiliennes sont touchées et quatre États ont déclaré l’état d’urgence sanitaire. La situation est également inquiétante en Guyane qui est confrontée à la plus importante épidémie de dengue depuis vingt ans. Elle a commencé mi-2023 et s’est accélérée début janvier avec 800 nouveaux cas déclarés en moyenne par semaine, d’après Santé publique France.

Malgré l’ampleur actuelle de l’épidémie, les experts estiment que le pire est à venir. Le ministère de la Santé Brésilien a averti que le pays pourrait être confronté à une vague de 4,2 à 5 millions de cas de dengue en 2024, une situation sans précédent pour un pays habitué aux maladies tropicales.

Le directeur du programme mondial de lutte contre les maladies tropicales négligées de l’OMS, Ibrahima Socé Fall alertait au mois d’août 2023 sur le risque d’une « expansion sans limite » de la dengue.  « Plus de 130 pays sont affectés par la dengue, qui impacte désormais tous les continents, y compris l’Europe depuis les années 2010 », a indiqué Raman Velayudhan, chef de l’unité Santé publique vétérinaire, lutte antivectorielle et environnement à l’agence onusienne.

Au Brésil, cette épidémie est le résultat d’une combinaison de facteurs, notamment des conditions climatiques favorables à la prolifération du moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue.

Face à cette crise, le gouvernement brésilien, dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Luiz Inacio Lula da Silva, a lancé une mobilisation nationale. « Chacun a une responsabilité » a déclaré le 2 février le chef de l’Etat, appelant à la vaccination.

Des campagnes de sensibilisation sont diffusées à la télévision et à la radio, et des mesures d’urgence sont mises en place pour renforcer la capacité de réponse du système de santé.

Le programme public de vaccination contre la dengue, lancé le 8 février, dispose actuellement de 750 000 doses du vaccin QDenga, développé par le groupe pharmaceutique japonais Takeda, membre du Forum économique mondial. D’ici la fin de l’année, l’entreprise prévoit de fournir au Brésil environ 6,6 millions de doses, permettant de vacciner seulement 3,2 millions de personnes, soit environ 1,5 % de la population. Un schéma vaccinal complet nécessite une injection de rappel.

Dans l’attente d’une solution à long terme, les prévisions des experts restent sombres pour les prochaines semaines. Avec l’arrivée des pluies saisonnières, les conditions seront propices à une propagation accrue de la maladie, laissant craindre une escalade de la crise sanitaire au Brésil.

L’efficacité des libérations de moustiques transgéniques en question

Pourtant le Brésil a réalisé d’important efforts pour lutter contre la dengue essayant même des solutions novatrices en lâchant des 2015 des moustiques transgéniques dans la nature pour lutter contre la maladie. Le Monde confirmait le 5 mai 2015 que « La ville de Piracicaba, à 160 km de Sao Paulo, a lâché jeudi 100 000 moustiques génétiquement modifiés« , une « quantité deux fois supérieure à celle des moustiques non transgéniques », présents dans la région, afin qu’ils se reproduisent avec la population autochtone pour réduire sa population. Leur progéniture » ne devait en effet pas atteindre l’âge adulte, selon les prévisions. Cette technologie a été développée en 2002 au Royaume-Uni par l’entreprise britannique Oxitec, qui est membre du Forum économique mondial. Elle ouvert une usine à Campinas, située à environ cent kilomètres de Sao Paulo, en juillet 2015. Cette usine a la capacité de produire 550 000 moustiques génétiquement modifiés par semaine. Mais vu la situation actuelle au Brésil, cette méthode semble contre productive, même si selon une enquête du CDC américain, la méthode se serait révélée efficace en Colombie.

En 2015, des libérations de moustiques transgéniques ont en effet eu lieu à Medellín en Colombie, pays où le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Bill Gates, a ouvert une ferme à moustique transgénique, dans le cadre du World Mosquito Program, initiative à but non lucratif financée en partie par la Fondation Bill et Melinda Gates.

En 2022, Oxitec a même été autorisé par les autorités étasuniennes à libérer 2 milliards de moustiques OGM.

En 2017, un lâché de moustiques transgénique dans le cadre du projet Target Malaria financé par la fondation Bill et Melinda Gates avait créé la polémique au Burkina Faso, pays qui avait déjà connu l’échec de l’expérience du coton génétiquement modifié BT de Monsanto.  « On prend les Burkinabés pour des cobayes humains », déplorait le porte-parole du Collectif citoyen pour l’agroécologie, Ali Tapsoba, « qui avait déjà organisé une manifestation en juin 2018, où plus d’un millier d’opposants anti-OGM avaient défilé dans les rues de la capitale », comme le signalait Le Monde.

Laisser un commentaire