En bisbille avec Elon Musk, la Commission européenne a décidé de développer son propre système de communication satellitaire. Après des mois de négociations intenses, Bruxelles va signer les contrats du programme avec plusieurs partenaires, dont des opérateurs tels qu’Eutelsat, selon La Lettre.
La constellation IRIS² (Infrastructure for Resilience, Interconnection and Security by Satellite) représente une initiative stratégique pour l’Union européenne, qui cherche à sécuriser son indépendance en matière de connectivité et de communication par satellite. Le projet vise à offrir des services Internet via l’espace, permettant ainsi de couvrir les zones les plus reculées, où les infrastructures terrestres sont souvent insuffisantes. Avec IRIS², l’Europe entend réduire sa dépendance aux systèmes américains et chinois, tout en garantissant une souveraineté numérique accrue.
Un partenariat avec des acteurs européens de premier plan
Après plusieurs discussions et désaccords sur les risques financiers du projet, des opérateurs comme Eutelsat ont accepté de s’engager aux côtés de l’Union européenne. Le géant des télécommunications sera l’un des principaux partenaires de ce projet, tandis que des industriels comme Airbus et Thales Alenia Space, bien que sollicités, ont préféré se retirer des négociations en raison des risques financiers associés. Ces derniers ont estimé que le projet ne présentait pas suffisamment de garanties pour endosser des responsabilités économiques importantes.
Cette divergence souligne les défis financiers et technologiques auxquels l’Europe est confrontée dans la réalisation de ce projet de grande envergure. Toutefois, l’engagement d’acteurs comme Eutelsat témoigne d’un intérêt croissant pour la consolidation de l’industrie spatiale européenne.
Objectifs stratégiques et défis à venir
Le déploiement de la constellation IRIS² fait partie intégrante de la stratégie de Bruxelles pour garantir une connectivité sécurisée et indépendante en Europe. La constellation ne se limitera pas seulement à offrir des services Internet à haut débit, mais permettra également de sécuriser des communications critiques pour les gouvernements européens, notamment en cas de crise ou de catastrophe naturelle. Elle pourra aussi contribuer à des missions de défense, faisant de IRIS² un projet à la fois civil et militaire.
Cependant, des défis techniques et économiques majeurs demeurent. Le projet nécessite des investissements considérables, et la question de la compétitivité face à Starlink reste cruciale. Le réseau de satellites de SpaceX, déjà largement déployé et opérationnel dans plusieurs pays, bénéficie d’une longueur d’avance et de ressources financières importantes. IRIS² devra donc proposer des services à la fois performants et accessibles pour rivaliser efficacement.
Les tensions entre la Commission européenne et Elon Musk
Outre les préoccupations de souveraineté, cette annonce intervient également dans un contexte de forte tension entre Elon Musk et la Commission européenne qui ne cesse de menacer d’interdire X (anciennement Twitter) sur son territoire dans le cadre du DSA le nouveau texte qui gère la régulation des plateforme de réseaux sociaux. Au mois d’octobre 2023, Mike Benz, CEO de la « Foundation For Freedom Online », dont l’objectif est de « protéger les libertés numériques et de raconter l’histoire de la censure en ligne », accusait NewsGuard une start-up fondée en 2018 aux États-Unis pour contrer la désinformation de travailler de concert avec l’UE pour éliminer des sources d’information alternatives en leur coupant leurs revenus publicitaires. Il accusait également l’Alliance mondiale pour des médias responsables (GARM), un projet phare du Forum économique mondial pour « façonner l’avenir des médias, du divertissement et de la culture », de contribuer à ce projet.