Homme d’affaires, sportif et militant environnemental proche du Forum économique mondial, Johan Eliasch incarne une figure rare : celle d’un capitaliste devenu défenseur de la nature. PDG du géant sportif HEAD membre du WEF et président de la Fédération internationale de ski, il est aussi le milliardaire qui a racheté 400 000 acres de forêt amazonienne pour stopper la déforestation.
Né en février 1962 à Djursholm, une banlieue cossue de Stockholm, Johan Eliasch grandit dans une famille d’entrepreneurs suédois. Petit-fils de G.A. Svensson, magnat de l’immobilier, il hérite d’une culture de la performance et du risque calculé. Diplômé en économie à l’Université de Stockholm, puis titulaire d’un master de sciences à l’Institut royal de technologie, il entame dès 1985 une carrière fulgurante dans le capital-investissement, au sein du Tufton Group à Londres.
C’est là qu’il forge sa réputation d’homme de redressement : un financier capable de sauver des entreprises moribondes et de les transformer en success stories. En 1991, il fonde Equity Partners, avec l’appui du puissant groupe publicitaire Saatchi & Saatchi. Quatre ans plus tard, il réalise le coup de maître qui le propulsera sur la scène internationale : le rachat du fabricant autrichien d’articles de sport Head, alors en grande difficulté. Eliasch restructure l’entreprise, lui rend sa rentabilité et en fait un leader mondial, équipé par les plus grands champions, d’Andre Agassi à Novak Djokovic.
Un dirigeant au carrefour du sport et de la politique
En parallèle de son parcours d’entrepreneur, Johan Eliasch s’impose comme une figure d’influence dans le monde du sport et de la politique britannique. Proche du Parti conservateur, il en devient le trésorier adjoint entre 2003 et 2007. Fait rare, il accepte ensuite l’appel du Premier ministre travailliste et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Gordon Brown pour travailler sur la question de la déforestation mondiale et des énergies durables. Ce tournant marque un changement de cap : l’homme d’affaires se transforme en acteur du développement durable.
Dans le sport, il s’illustre comme président de la British Paralympic Association (2002–2009) et membre de l’Association olympique britannique. En 2021, il franchit une nouvelle étape en étant élu président de la Fédération internationale de ski (FIS), tout en conservant son poste de PDG de Head, une situation qui alimente depuis un débat sur un possible conflit d’intérêts.
De la finance à la forêt : la métamorphose écologique
Mais c’est en Amazonie que Johan Eliasch va marquer l’histoire. En 2005, il rachète 400 000 acres (soit environ 162 000 hectares) de forêt tropicale près du Rio Madeira, au Brésil. L’objectif est simple et radical : mettre fin à toute activité d’exploitation forestière sur ces terres. Pour cela, il rachète la société scierie propriétaire du terrain et stoppe immédiatement les coupes. Ce geste symbolique et concret devient l’acte fondateur de son engagement pour la planète.
Deux ans plus tard, il fonde l’ONG Cool Earth, avec l’homme politique britannique Frank Field, afin de soutenir la protection des forêts tropicales et de travailler main dans la main avec les communautés locales. En parallèle, il publie en 2008 le Eliasch Review, un rapport de référence commandé par le gouvernement britannique sur la lutte contre la déforestation et le financement de la conservation mondiale.
Cette initiative n’a pas échappé à la controverse : la société Gethal, autrefois propriétaire des terres concernées, a été soupçonnée en 2008 de déforestation illégale. Une enquête a été ouverte par les autorités brésiliennes, mais aucune condamnation n’a été prononcée et Eliasch n’était plus actionnaire à cette époque.
Un milliardaire aux convictions vertes
Avec une fortune estimée à plus de 2,2 milliards de livres sterling selon The Sunday Times, Johan Eliasch fait partie de ces rares grandes fortunes qui mettent leur argent au service de la planète. Il siège également au conseil de la Foundation for Renewable Energy and Environment, qui promeut les énergies propres et la durabilité.
Selon lui, « L’économie mondiale doit se régénérer, pas seulement croître ». Aujourd’hui, à 63 ans, Johan Eliasch, qui a été marié pendant dix-huit ans à la photographe et réalisatrice britannique Amanda Eliasch et qui a été brièvement en couple avec l’actrice Sharon Stone continue de jongler entre affaires, sport international et militantisme écologique — un équilibre fragile.
Sources :
Wikipedia – Johan Eliasch – https://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_Eliasch
Happy Eco News – Johan Eliasch buys 400,000 acres of Amazon rainforest to protect it – https://happyeconews.com
Cool Earth – About Johan Eliasch and rainforest protection – https://coolearth.org