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Téhéran. Photo : @Ninara

Iran : une nouvelle vague de manifestations secoue le pays sur fond d’hyperinflation et de crise politique

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Une nouvelle vague de manifestations agite l’Iran depuis dimanche, révélant un profond ras-le-bol populaire face à l’effondrement économique et à un système politique jugé répressif et déconnecté. Partie de protestations contre la vie chère et la chute vertigineuse de la monnaie nationale, la mobilisation s’est rapidement transformée en contestation plus large du régime, gagnant les grandes villes et les campus universitaires.

À l’origine de la colère, l’effondrement du rial iranien et une inflation galopante. En un an, les prix ont augmenté de plus de 50 %, tandis que la monnaie nationale a atteint un plus bas historique sur le marché noir, dépassant 1,4 million de rials pour un dollar. Cette dévaluation brutale a paralysé l’activité économique, notamment dans les secteurs dépendants des importations.

Les premières manifestations ont éclaté au cœur de Téhéran, notamment dans le plus grand marché de téléphones portables, avant de s’étendre à d’autres quartiers de la capitale puis à plusieurs villes du pays, dont Karadj, Chiraz, Ispahan, Machhad ou encore Kermanchah. Dans de nombreux bazars, les commerçants ont préféré fermer boutique, incapables de suivre la volatilité des prix.

Des slogans économiques aux revendications politiques

Très rapidement, les revendications strictement économiques ont laissé place à des slogans ouvertement politiques. Sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les manifestants dénoncent non seulement la cherté de la vie, mais aussi la corruption et la violence du régime. Des cris tels que « Mort au dictateur » ou « N’ayez pas peur, nous sommes tous ensemble » témoignent d’un rejet frontal de la République islamique.

Certains slogans visent également la politique étrangère de Téhéran, accusée de sacrifier le bien-être de la population au profit de ses alliances régionales, notamment au Liban ou à Gaza. Des références au régime monarchique renversé en 1979 et des appels au retour de la dynastie Pahlavi ont aussi été entendus, signe d’un malaise identitaire et politique profond.

Une tentative d’apaisement sans effet

Face à l’ampleur du mouvement, le président Massoud Pezechkian a tenté d’apaiser la situation en appelant à entendre les « revendications légitimes » des manifestants. Le gouvernement a également remplacé le gouverneur de la banque centrale, provoquant une légère baisse temporaire du dollar.

Mais ces annonces n’ont pas suffi à calmer la rue. Pour de nombreux observateurs, la crise dépasse largement la question monétaire. Elle s’inscrit dans une accumulation de tensions : pénuries d’eau et d’électricité, pollution massive entraînant la fermeture d’écoles et d’universités, hausse spectaculaire des prix des produits de première nécessité comme le riz, dont le coût a triplé en un an.

Des sanctions internationales qui aggravent la situation

La pression internationale contribue également à l’asphyxie économique. Le durcissement des sanctions, la fuite des capitaux et le retrait des investisseurs ont entraîné fermetures d’entreprises et licenciements en chaîne. Les frappes israéliennes de l’été dernier et l’échec des négociations nucléaires ont accentué l’instabilité financière, plongeant davantage la population dans la précarité.

À cette détresse matérielle s’ajoute un sentiment d’injustice, alimenté par la perception d’une corruption endémique. De nombreux Iraniens dénoncent l’augmentation du budget de la télévision d’État, pourtant peu regardée, ou encore l’utilisation des revenus pétroliers par les Gardiens de la révolution pour financer des opérations extérieures plutôt que soutenir la population.

Les étudiants entrent dans la contestation

Depuis mardi, la mobilisation a franchi un nouveau seuil avec l’entrée en scène des étudiants. À Téhéran, plusieurs universités prestigieuses ont organisé des rassemblements hostiles au régime. Les slogans scandés — « Liberté » ou « Nous resterons debout jusqu’à la fin » — rappellent la contestation massive du mouvement Femme, Vie, Liberté, violemment réprimé deux ans plus tôt.

Malgré les arrestations et les interventions musclées des forces de l’ordre, la contestation ne montre aucun signe d’essoufflement. Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle vague de manifestations révèle un malaise structurel profond, où crise économique, autoritarisme politique et perte de confiance dans les institutions se conjuguent dangereusement.

Source : Le Figaro.

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