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Yann Le Cun. Photo : @Jérémy Barande - Executive master de l'Ecole polytechnique

Intelligence artificielle : Yann LeCun quitte Meta pour bâtir une nouvelle révolution technologique

Le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Yann Lecun a annoncé son départ de Meta, Gafam membre du FEM, à la fin de l’année 2025 pour fonder sa propre start-up. Le chercheur français souhaite développer une nouvelle génération de modèles capables de comprendre le monde physique, loin de la stratégie centrée sur les LLM désormais privilégiée par le groupe du contributeur du FEM, Mark Zuckerberg.

L’un des esprits les plus influents de l’intelligence artificielle moderne s’apprête à tourner la page. Mercredi 19 novembre, Yann LeCun a officialisé sur Facebook son départ de Meta à l’issue de l’année 2025. À 65 ans, le chercheur français, récompensé en 2018 du prestigieux prix Turing pour ses contributions décisives aux réseaux neuronaux, veut consacrer entièrement son énergie à un projet qui, selon lui, pourrait redéfinir l’avenir de la discipline : une start-up dédiée à la création d’IA capables de comprendre le monde physique.

Arrivé en 2013 au sein de Facebook, devenu Meta en 2021, LeCun a dirigé pendant douze ans le laboratoire Fair, fer de lance de la recherche interne du groupe. Son nom reste associé à l’essor des architectures neuronales profondes, dont il fut l’un des pionniers, et qui ont transformé la reconnaissance d’images, la modélisation de données et, plus largement, l’écosystème numérique. Cette longévité ne l’a pourtant pas empêché d’exprimer des désaccords de plus en plus visibles avec la direction de Meta.

Ces derniers mois, Mark Zuckerberg a réorganisé la stratégie IA de l’entreprise, misant massivement sur le développement des grands modèles de langage. Une nouvelle entité, Superintelligence Labs, a été créée, confiée à Alexandr Wang, cofondateur de Scale AI, recruté pour piloter cette mutation. Yann LeCun a été intégré dans cette structure, placée sous la responsabilité du jeune entrepreneur. En parallèle, Meta a engagé une vaste campagne de recrutements, investissant sans compter dans ce domaine particulièrement concurrentiel.

Mais la divergence ne tient pas seulement à une question de gouvernance. Pour Yann LeCun, les LLM, ces architectures textuelles qui sous-tendent ChatGPT, Gemini ou encore Llama, souffrent de limites structurelles. Il les juge incapables, en l’état, de faire franchir à l’IA le seuil d’une compréhension véritablement autonome du monde. Le chercheur défend une vision fondée sur l’apprentissage à partir d’images, de vidéos et de signaux issus de l’environnement, permettant à une machine de raisonner, de mémoriser et d’anticiper dans des contextes variés. Une orientation pensée aussi pour la robotique, où les systèmes doivent pouvoir traiter des situations inédites sans programmation préalable.

Dans son message d’annonce, il décrit ainsi l’ambition de sa future entreprise : « mener à la prochaine grande révolution de l’IA », en concevant des systèmes dotés de mémoire durable, capables de raisonner et d’élaborer des enchaînements d’actions complexes. Un cap qui, selon lui, constitue la réelle voie vers une intelligence artificielle générale enracinée dans la compréhension du monde physique, et non dans la prédiction statistique du langage.

Son départ marque un tournant pour Meta, qui perd l’un de ses chercheurs les plus emblématiques, mais il ouvre aussi un nouveau chapitre dans la course mondiale à l’IA. LeCun, resté un franc-tireur dans un secteur dominé par les géants numériques, choisit la voie indépendante pour concrétiser un pari scientifique ambitieux. Reste à savoir si cette démarche, à contre-courant de l’effervescence actuelle autour des LLM, constituera l’étincelle d’une nouvelle transformation majeure.

Sources :

Le Monde, Libération.

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