Alors que 26 pays se sont engagés à constituer une « force de réassurance » pour l’Ukraine, la question des effectifs militaires mobilisables reste centrale.
Le débat sur l’envoi de troupes européennes en Ukraine n’est plus théorique. À l’issue du sommet de la « coalition des volontaires », réuni à Paris le 4 septembre, Emmanuel Macron a annoncé que 26 pays, essentiellement européens, s’étaient déclarés prêts à participer à une « force de réassurance ». Objectif affiché : dissuader toute nouvelle agression russe une fois un cessez-le-feu ou une paix négociée obtenus.
Pourtant, au-delà de l’effet d’annonce, l’incertitude demeure sur l’ampleur réelle d’un tel déploiement. Interrogé sur les effectifs, le président français a refusé de donner un chiffre, arguant qu’il ne fallait pas « révéler le détail de notre organisation à la Russie ».
Une hypothèse de 25 000 hommes
Selon le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale, une force de 25 000 soldats pourrait être atteignable, un effectif jugé « crédible » pour appuyer l’armée ukrainienne forte de 800 000 militaires. Le Premier ministre britannique et Keir Starmer avait déjà évoqué en mars dernier l’hypothèse d’un déploiement de 10 000 hommes, avant que le nombre de pays volontaires n’augmente.
Mais tous ne sont pas disposés à envoyer des troupes au sol. Giorgia Meloni a rappelé que l’Italie n’y participerait pas. L’Allemagne privilégierait le soutien antiaérien et logistique. La France, avec ses 77 000 fantassins, pourrait mobiliser une brigade d’environ 5 000 hommes, soit un niveau comparable au plus fort de l’opération Barkhane au Sahel.
Des contraintes opérationnelles
La projection de troupes s’accompagne d’un casse-tête logistique. Comme le rappelle l’expert militaire Xavier Tytelman dans les colonnes de L’Express, « pour un soldat déployé, il faut en même temps un deuxième qui se prépare et un troisième qui revient de mission ». La France, déjà engagée en Afrique (Côte d’Ivoire, Tchad, Djibouti) et sur le flanc est de l’Otan (Estonie, Roumanie), reste contrainte par ses effectifs. À cela s’ajoute l’opération Sentinelle, mobilisant environ 7 000 soldats en permanence sur le territoire national.
L’atout aérien et le rôle des États-Unis
Si les effectifs au sol restent limités, l’aviation européenne représente un facteur de dissuasion majeur. « Le soutien aérien est un multiplicateur de force qui permet de compenser un volume restreint de troupes », insiste Tytelman. Mais sans Washington, la manœuvre apparaît compromise : les armées européennes demeurent dépendantes des capacités lourdes américaines, qu’il s’agisse du renseignement ou du transport stratégique.
Donald Trump a exclu tout envoi de l’US Army en Ukraine, mais le rôle exact du soutien américain devrait être clarifié dans les prochains jours. À Moscou, Vladimir Poutine a aussitôt réagi, prévenant que toute force étrangère en Ukraine serait une « cible légitime ».
En qualifiant Vladimir Poutine d’« ogre à nos portes » et de prédateur, Emmanuel Macron a provoqué une vague d’indignation en Russie à la fin du mois d’août. Vendredi 29 août, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé des propos « au-delà du raisonnable », allant jusqu’à les qualifier « d’insultes vulgaires à l’égard de la Russie et de son peuple », selon l’agence Ria Novosti.
À la télévision, Vladimir Soloviev, présentateur vedette et proche du Kremlin, a menacé directement la France. Réagissant aux propos de Macron et à l’éventualité d’un déploiement européen en Ukraine, il a déclaré : « Nous serons à vos frontières, nous y enverrons des troupes de l’Otan. C’est pour ça que nous serons sur les Champs-Élysées. Et Macron cirera les bottes d’un officier russe », avait-t-il lancé, selon des propos relayés par le Mirror.
Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, s’est gardé de commenter l’envoi de troupes en Ukraine, affirmant qu’il n’appartenait pas à l’Alliance d’imposer une telle décision.
Sources :
L’Express – Guerre en Ukraine : combien de soldats les Européens peuvent-ils vraiment déployer ? – lien