Dix mois après l’effondrement de la gare de Novi Sad qui a causé la mort de 16 personnes, dont des enfants, la contestation ne faiblit pas. À Belgrade, des milliers de Serbes ont défilé pour exiger des élections anticipées et une enquête transparente sur l’accident, sur fond d’accusations de corruption.

La Serbie vit l’un des plus grands mouvements de contestation de son histoire récente. Lundi 1er septembre au soir, des milliers de personnes ont défilé silencieusement dans les rues de Belgrade, marquant le dixième mois depuis l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad, le 1er novembre 2024. Cette catastrophe avait coûté la vie à 16 personnes, dont plusieurs enfants, et provoqué une onde de choc dans tout le pays.

Depuis ce drame, la société serbe s’est mobilisée avec une intensité rare : selon la police, plus de 23 000 rassemblements et blocages ont été recensés en dix mois, des petites mobilisations locales aux manifestations géantes ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes dans la capitale. Les étudiants, très présents depuis le début, continuent de jouer un rôle central dans la contestation.

Au cœur des revendications, deux exigences principales : justice pour les victimes et élections anticipées. Les manifestants réclament une enquête indépendante sur l’effondrement de la gare, rénovée récemment par un consortium d’entreprises chinoises, hongroises et françaises. Deux enquêtes ont été ouvertes : l’une sur les causes de l’accident, l’autre sur de possibles malversations financières. Début août, le parquet pour le crime organisé a arrêté plusieurs personnalités, dont un ancien ministre, soupçonnées d’avoir facilité un « gain illégal » de plus de 18 millions d’euros au profit de sociétés chinoises impliquées dans le chantier.

Depuis mai, la mobilisation a pris un tournant politique. Les protestataires réclament la tenue d’élections anticipées, dénonçant la gestion opaque du gouvernement. Mais le président Aleksandar Vucic, réélu en 2022 et à la tête d’un pouvoir nationaliste, refuse de céder, dénonçant un « complot étranger » visant à le renverser.

Si les rassemblements sont dans l’ensemble pacifiques, plusieurs soirées d’août ont été marquées par de violents incidents. Des groupes de partisans du pouvoir, souvent masqués, se sont attaqués à des manifestants, entraînant des affrontements que chaque camp impute à l’autre.

Dans ce climat de défiance et de colère, la mobilisation du 1er septembre marque un nouveau jalon dans une contestation qui ne cesse de s’enraciner. Pour de nombreux observateurs, elle illustre le profond malaise démocratique d’un pays pris entre des aspirations citoyennes grandissantes et la volonté de contrôle d’un pouvoir de plus en plus contesté.

Sources :
Le Monde – Serbie : des milliers de personnes défilent à Belgrade pour demander des élections – lien
AFP – Manifestations en Serbie : justice et élections anticipées réclamées – lien