Selon une enquête croisée du WirtschaftsWoche et du New York Times publiée le 28 août, des drones de surveillance russes auraient survolé des routes et infrastructures stratégiques de l’Est de l’Allemagne. Si le Kremlin dément catégoriquement, Berlin évoque une menace réelle et difficile à contrer.
D’après une enquête publiée par l’hebdomadaire économique allemand WirtschaftsWoche et confirmée par des sources citées par le New York Times, des drones de surveillance russes auraient récemment survolé des zones sensibles en Allemagne de l’Est. Ces itinéraires sont cruciaux : ils permettent le transit du matériel militaire livré par les alliés occidentaux à l’Ukraine.
L’objectif supposé de Moscou serait clair : recueillir des renseignements sur la logistique militaire européenne afin d’anticiper les mouvements ennemis en Ukraine, voire de préparer des opérations de sabotage. Une perspective qui inquiète fortement Berlin, où le ministre de la Défense Boris Pistorius a reconnu jeudi 28 août que la menace était prise au sérieux. « Le fait que des drones survolent également des ports et des installations ferroviaires ne devrait surprendre personne », a-t-il déclaré, parlant d’un véritable « jeu du chat et de la souris » entre les concepteurs de drones et les autorités chargées de les contrer.
Ces engins ne proviendraient pas tous de Russie. Certains seraient de fabrication iranienne, selon les services de renseignement allemands, et auraient décollé de navires positionnés en mer Baltique. Les autorités américaines, également alertées, ont confirmé l’existence de ces vols, sans pour autant être en mesure d’en identifier précisément l’origine.
Le Kremlin, pour sa part, rejette en bloc ces accusations. Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a jugé ces révélations « très probablement fausses », ajoutant qu’« il est difficile d’imaginer que les Allemands puissent ignorer une telle situation ». Pour Moscou, il ne s’agit que d’un « énième faux article de presse » destiné à alimenter la méfiance vis-à-vis de la Russie.
Ces soupçons interviennent dans un contexte marqué par une baisse relative des activités de sabotage attribuées à la Russie en Europe depuis le début de l’année 2025. Seth Jones, vice-président du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), souligne que le renforcement de la surveillance européenne a contribué à réduire la menace. De son côté, le général Alexus G. Grynkewich, commandant des forces américaines en Europe, a indiqué devant le Sénat que cette vigilance accrue portait ses fruits. Certains observateurs estiment aussi que la dynamique diplomatique des derniers mois, visant à mettre un terme à la guerre en Ukraine, pourrait expliquer cette accalmie.
Sources :
Le Figaro – « Guerre en Ukraine : selon une enquête journalistique, des drones russes espions survolent l’Est de l’Allemagne » – lien
WirtschaftsWoche – Enquête du 28 août 2025 – lien
New York Times – Article du 28 août 2025 – lien