Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ouvert ce lundi 19 mai, la 78e Assemblée mondiale de la santé par un discours dense et stratégique, posant délibérément la santé comme un bien commun mondial alors que les délégués des 194 États membres s’apprêtaient à examiner l’Accord mondial sur les pandémies, fruit de trois années de négociations initiées pendant la crise du COVID-19.
L’accord sur les pandémies, qui pourrait être officiellement adopté d’ici la fin de l’Assemblée, vise à renforcer la coopération internationale en matière de prévention, de préparation et de réponse face aux crises sanitaires. Tedros a salué l’aboutissement de ce processus comme un « moment historique », fruit d’un engagement acharné, parfois dans un contexte de grande adversité diplomatique.
Le Directeur général a ensuite dressé un bilan de l’année 2024, articulé autour des trois grandes missions de l’OMS : promouvoir, fournir et protéger la santé. En matière de promotion, les progrès dans la lutte contre le tabagisme ont été mis en avant, avec 300 millions de fumeurs en moins sur les deux décennies passées. Des pays comme le Viet Nam ont interdit les cigarettes électroniques, tandis que d’autres ont adopté des politiques d’élimination des acides gras trans. L’OMS a aussi soutenu la conversion de cultures de tabac en cultures vivrières dans plusieurs pays africains.
Dans le domaine de l’accès aux soins, Tedros a salué le lancement de l’Académie de l’OMS à Lyon, réalisé aux côtés du président Emmanuel Macron, comme une avancée structurelle pour la formation des professionnels de santé. Il a souligné que l’organisation a aussi contribué à l’extension de la couverture santé universelle dans 36 pays, même en contexte de crise humanitaire. Elle a préqualifié plus de 120 produits de santé, déployé des vaccins contre la rougeole, le paludisme ou encore le HPV dans des dizaines de pays, et accompagné les efforts contre la tuberculose et les hépatites virales.
S’agissant de la protection de la santé mondiale, l’OMS a coordonné la réponse à 51 situations d’urgence dans 89 pays, allant de catastrophes naturelles à des conflits armés. Des progrès majeurs ont été obtenus dans la lutte contre le choléra, le virus Marburg ou l’Ebola, notamment grâce à des campagnes de vaccination massives. Mais la situation à Gaza, au Soudan et en Ukraine reste extrêmement critique. Tedros a rappelé que la paix demeure la meilleure des médecines et a appelé les États à respecter le droit humanitaire international.
Le Directeur général a aussi alerté sur l’état budgétaire de son institution : 2,1 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de huit heures de dépenses militaires mondiales. Il a appelé à un financement plus prévisible et plus équitable de l’OMS, insistant sur la nécessité d’une autonomie financière accrue face à la dépendance actuelle aux dons volontaires. Il a annoncé une réduction du budget prévisionnel 2026-2027 de 21 % par rapport à la proposition initiale.
Enfin, Tedros a conclu en citant Rajkumari Amrit Kaur, présidente de l’Assemblée mondiale de la santé en 1951, qui affirmait alors : « Les nuages sombres qui assombrissent notre ciel aujourd’hui peuvent – et doivent – être dissipés par le respect de notre engagement à servir les autres ». Notre travail est assurément un héritage précieux que nous ne pouvons pas abandonner, et un facteur positif pour surmonter les causes profondes des conflits. »
Le DG de l’OMS a affirmé que les cadres de l’OMS n’étaient pas là pour servir leurs propres « intérêts, mais ceux des huit milliards d’habitants de notre planète, pour laisser un héritage à ceux qui viendront après nous et pour œuvrer ensemble à un monde plus sain, plus pacifique et plus équitable ». « Notre crise actuelle est une opportunité de faire exactement cela, et ensemble nous le ferons. »