La décision récente du Parlement israélien, la Knesset, d’interdire à l’UNRWA (Agence des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens) d’opérer dans la bande de Gaza suscite de vives réactions, notamment de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé sa préoccupation dans une conférence de presse hier, insistant sur le rôle irremplaçable de l’UNRWA pour les populations de Gaza.
Le Dr Tedros a rappelé le rôle crucial de l’UNRWA, qui fournit depuis plus de soixante-dix ans des services essentiels à Gaza, notamment dans le domaine de la santé. « L’UNRWA assure chaque jour des milliers de consultations médicales et vaccine des centaines d’enfants. Sans elle, les conditions de vie et de santé des habitants de Gaza seraient encore plus précaires », a-t-il déclaré. L’interdiction de l’agence, selon l’OMS, ne renforcerait pas la sécurité d’Israël mais aggraverait au contraire la souffrance des Palestiniens, en accroissant les risques de violences.
Une interdiction aux conséquences humanitaires
La mise en œuvre de cette loi, qui devrait intervenir d’ici 90 jours, pose des défis considérables pour la poursuite des services de santé. Le journaliste du Wall Street Journal, Stephen Cudlinb a demandé si l’OMS allait prendre en charge certaines des capacités actuellement gérées par l’UNRWA.
Le représentant de l’OMS à Gaza, Rik Peeperkorn, a affirmé que « personne au sein de l’ONU, ne peut remplacer l’UNRWA « .Travaillons-nous actuellement en collaboration avec l’UNRWA ? Soutenons-nous l’UNRWA ? Oui, bien sûr, l’ONU soutient l’UNRWA. Nous contribuons en fournissant des médicaments essentiels et des fournitures médicales pour garantir que les services de santé primaires fonctionnent et puissent être fournis. Nous espérons également que les membres de la Knesset et les autres parties prenantes, comme l’a clairement indiqué le DG, comprennent l’importance de maintenir ces fonctions essentielles dans les territoires occupés. »
Selon le Dr Tedros, même si toutes les agences de l’ONU se mobilisaient, elles ne pourraient pas remplacer les fonctions de l’UNRWA, cruciales pour les soins de santé primaires.
Des défis croissants pour les opérations de santé
Un exemple des conséquences de l’interdiction de l’UNRWA est la perturbation de la campagne de vaccination contre la polio dans le nord de Gaza. Celle-ci a été reportée en raison des récents bombardements et des conditions de sécurité incertaines, mettant en péril la santé de quelque 119 000 enfants. Face à cette situation, l’OMS tente de poursuivre ses missions d’approvisionnement en médicaments et carburant, mais les contraintes logistiques et de sécurité compliquent les opérations selon elle.
Situation critique à l’hôpital Kamal Adwan
Le Dr Tedros a également souligné la situation difficile de l’hôpital Kamal Adwan, dont les capacités sont réduites suite à des attaques qui ont endommagé les équipements médicaux fournis par l’OMS. Des patients ont dû être transférés vers des hôpitaux mieux équipés pour recevoir des soins, mais les infrastructures médicales sont sous pression constante en raison de l’intensité des combats.
Un appel à Israël et à la communauté internationale
Le journaliste Christine Ulrich de DPA a demandé au Dr Tedros, s’il était personnellement en contact à M. Netanyahou et s’il avait un message à lui adresser concernant la décision de la Knesset et les bombardements israéliens.
Le Dr Tedros a appelé Israël à reconsidérer sa décision. « Punir l’UNRWA, c’est punir les habitants des territoires occupés », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de maintenir une solution humanitaire et politique pour la paix.
Il est revenu sur le fait qu »environ neuf employés de l’UNRWA, ont été impliquées avec le Hamas, selon Israël. « Une enquête est en cours. Cependant, même si certains individus ont des liens avec le Hamas, cela ne doit pas représenter l’ensemble de l’UNRWA. Les personnes coupables peuvent être tenues pour responsables, mais punir l’ensemble de l’organisation n’est pas juste », a-t-il souligné.
Le Dr Tedros a également exhorté à un cessez-le-feu pour permettre le second tour de vaccination contre la polio et préserver les services de santé.