Des centaines de milliers d’Italiens ont manifesté vendredi 3 octobre à travers tout le pays en solidarité avec les habitants de Gaza et la flottille humanitaire Global Sumud. La journée, marquée par une grève générale historique, révèle un profond réveil social et politique, notamment parmi la jeunesse.
L’Italie s’est arrêtée pour Gaza. Vendredi 3 octobre, des cortèges massifs ont défilé dans plus d’une centaine de villes italiennes, à l’appel des grands syndicats et d’associations pro-palestiniennes, en soutien à la population de Gaza et à la flottille Global Sumud, dont le dernier navire a été intercepté le même jour par la marine israélienne.
Le quotidien La Repubblica évoque « deux millions de personnes dans les cent villes de la grève », selon les estimations de la Cgil (Confédération générale italienne du travail), principal syndicat du pays. Les chiffres varient selon les sources, mais le constat demeure : la mobilisation est l’une des plus importantes qu’ait connue l’Italie depuis des années.
Dans les rues de Rome, Milan, Naples, Turin, Palerme ou Florence, les cortèges mêlaient drapeaux palestiniens, pancartes de syndicats et banderoles réclamant un cessez-le-feu immédiat et la fin du partenariat militaire et commercial avec Israël. Les slogans, souvent scandés par une jeunesse très mobilisée, faisaient écho à un sentiment de rupture avec la politique étrangère du gouvernement Meloni.
Un sursaut social et politique
« L’élan citoyen » observé ce vendredi a surpris jusque dans les rangs du pouvoir. « Le week-end prolongé et la révolution ne font pas bon ménage », ironisait la Première ministre Giorgia Meloni à la veille de la grève. L’éditorialiste Massimo Giannini, dans La Repubblica, lui répond sèchement : « Un million, deux millions, ou peut-être moins, peu importe. Ce qui compte, c’est l’énergie d’un peuple qui refuse le silence. »
Le journal romain souligne que ce réveil social vient largement de la jeunesse, omniprésente dans les manifestations. « Leur Palestine d’aujourd’hui semble vraiment devenue notre Vietnam d’hier », écrit Giannini, évoquant une nouvelle génération politisée par les images de guerre et la perception d’une Europe trop passive face au conflit.
Une Italie en désaccord croissant avec son gouvernement
Si la mobilisation a pris cette ampleur, c’est aussi en réaction à la ligne pro-israélienne du gouvernement Meloni, que La Repubblica décrit comme « le plus aligné d’Europe sur Netanyahou ». Rome a longtemps évité toute critique de l’intervention israélienne à Gaza et refuse toujours de suspendre ses coopérations militaires et économiques avec l’État hébreu.
Dans plusieurs villes, des élus de gauche, des associations catholiques progressistes et des syndicats autonomes ont défilé côte à côte, dans une atmosphère à la fois revendicative et pacifiste. Les rassemblements ont été largement pacifiques, bien que quelques heurts isolés aient été signalés à Milan et Bologne.
Pour de nombreux observateurs, cette journée de grève générale marque un tournant symbolique : celui d’une société italienne qui, au-delà du seul dossier palestinien, exprime un ras-le-bol plus profond face à la précarité, à la militarisation et au silence de son gouvernement sur les crises humanitaires.
« L’Italie est aujourd’hui le pays d’Europe qui crie le plus fort ‘assez !’ face au massacre de Gaza », conclut La Repubblica.
Sources :
La Repubblica – L’Italia in piazza per Gaza : due milioni nelle cento città dello sciopero – lien – 04/10/2025
Il Manifesto – Sciopero generale per Gaza : la piazza contro Meloni – lien – 04/10/2025
Corriere della Sera – L’onda di protesta per Gaza attraversa l’Italia – lien – 04/10/2025