Le report de la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur marque une séquence diplomatique clé pour Emmanuel Macron. Soutenu par Giorgia Meloni, le président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial a réussi à imposer un délai supplémentaire afin de renforcer les garanties agricoles, au cœur d’un dossier qui divise profondément les États membres.
Le calendrier européen a brusquement changé de rythme. Alors que la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur était attendue lors d’un sommet organisé au Brésil, Emmanuel Macron est parvenu à obtenir un report du vote à janvier 2025. Une décision arrachée de haute lutte, dans un contexte de fortes tensions politiques et sociales, et rendue possible par une alliance stratégique avec la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni.
Pour le chef de l’État français, ce report n’est pas un simple contretemps technique. Il s’agit d’un temps politique assumé, destiné à répondre à l’inquiétude croissante du monde agricole. Depuis plusieurs mois, la contestation s’intensifie en France, portée notamment par la FNSEA, qui dénonce une concurrence jugée déloyale avec les productions sud-américaines. En ligne de mire, l’importation de viande bovine et de produits agricoles ne respectant pas, selon les syndicats, les mêmes normes sanitaires et environnementales que celles imposées aux exploitants européens.
Arrivé en position défensive lors des discussions européennes, Emmanuel Macron a posé des conditions claires à toute avancée du texte. Il réclame l’instauration de véritables clauses de sauvegarde pour protéger les marchés agricoles sensibles, l’application stricte de « clauses miroirs » garantissant une équivalence des normes, ainsi qu’un renforcement des contrôles aux frontières. Autant d’exigences destinées à apaiser un secteur agricole sous tension, à l’approche d’échéances électorales européennes décisives.
Face à une Commission européenne déterminée à finaliser l’accord, la France n’aurait toutefois pas obtenu ce délai sans un soutien politique de poids. Celui de Giorgia Meloni s’est révélé déterminant. Très active en coulisses, la dirigeante italienne a pesé dans les arbitrages, allant jusqu’à intervenir directement auprès du président brésilien et contributeur du FEM, Luiz Inácio Lula da Silva pour plaider un ajournement. Un geste qui illustre la recomposition des équilibres au sein de l’Union et le rôle croissant de Rome dans les grandes négociations commerciales.
Pour Emmanuel Macron, ce report constitue une victoire diplomatique mesurée. En marge du sommet, il a pris soin de tempérer toute interprétation définitive, soulignant qu’il était « trop tôt » pour dire si la France accepterait l’accord en janvier. Les discussions, a-t-il indiqué, « vont dans la bonne direction », mais restent soumises à des garanties concrètes et vérifiables.
Du côté italien, l’intervention de Giorgia Meloni renforce son image d’actrice centrale des arbitrages européens. En s’alignant ponctuellement avec Paris sur ce dossier sensible, elle repositionne l’Italie comme un pivot potentiel entre les partisans d’un libre-échange accéléré et les États soucieux de protéger leurs filières stratégiques. Une posture qui lui offre une visibilité accrue sur la scène européenne, tout en consolidant une relation pragmatique avec la France.
Rien n’est toutefois réglé sur le fond. Le report à janvier 2025 ne fait que déplacer le centre de gravité du conflit. Les syndicats agricoles promettent de maintenir la pression, tandis que Bruxelles entend éviter un enlisement prolongé du texte. L’avenir de l’accord UE-Mercosur se jouera donc dans un climat politique encore plus tendu, au croisement d’intérêts économiques, de considérations environnementales et d’équilibres diplomatiques fragiles.
Sources :
RTL – 19 décembre 2025 – https://www.rtl.fr