Le Wall Street Journal révèle l’existence d’un projet américain baptisé “Project Sunrise”, visant à reconstruire la bande de Gaza pour en faire un pôle touristique et technologique de premier plan. Porté par Jared Kushner et Steve Witkoff, ce plan à 112 milliards de dollars soulève de lourdes interrogations politiques, humanitaires et géopolitiques.
Le quotidien américain The Wall Street Journal a levé le voile, le 19 décembre, sur un document confidentiel qui éclaire d’un jour nouveau les intentions de Washington pour l’après-guerre à Gaza. Intitulé Project Sunrise, ce plan de reconstruction prévoit une transformation radicale de l’enclave palestinienne, dévastée par plus de deux ans de guerre entre Hamas et Israël.
Selon le journal new-yorkais, le projet a été conçu par une équipe dirigée par Jared Kushner, gendre du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald J. Trump et par Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient. Présenté sous la forme d’un diaporama de 32 diapositives à deux hauts conseillers de la Maison-Blanche, à une date non précisée, le document décrit une vision résolument économique et technologique de l’avenir de Gaza.
Le plan évoque la construction de complexes hôteliers de luxe en bord de mer, de lignes ferroviaires à grande vitesse, ainsi que de “réseaux intelligents optimisés par l’intelligence artificielle”. Une ambition qui rappelle fortement la vidéo générée par IA publiée par Donald Trump le 25 février sur Truth Social, dans laquelle Gaza était représentée comme une “Riviera du Moyen-Orient” parsemée de palaces et de symboles de réussite immobilière. Cette séquence avait alors suscité une vague d’indignation internationale.
Un coût colossal et des financements incertains
Le Wall Street Journal précise que Project Sunrise est chiffré à 112,1 milliards de dollars sur dix ans, dont une part importante serait initialement consacrée à l’aide humanitaire. Les États-Unis envisageraient d’y contribuer à hauteur de 60 milliards de dollars, sous forme de subventions et de garanties sur la dette. Le projet aurait également été présenté à plusieurs bailleurs potentiels, notamment des pays du Golfe, la Turquie et l’Égypte.
Toutefois, le document, qualifié de “sensible mais non classifié”, reste silencieux sur des points cruciaux : l’identité précise des financeurs, la gouvernance future de Gaza, et surtout le sort des près de deux millions de Palestiniens déplacés pendant les travaux de reconstruction.
De profondes réticences au sein même de l’administration américaine
Toujours selon le quotidien américain, le projet est accueilli avec scepticisme par plusieurs responsables de l’administration Trump. En cause, d’abord, l’hypothèse centrale du plan : le désarmement du Hamas, condition préalable à toute mise en œuvre. Même dans ce scénario, nombre d’officiels doutent de la capacité des États-Unis à convaincre des États riches d’investir massivement dans un territoire jugé instable et dangereux à long terme.
Ce plan s’inscrit par ailleurs dans un calendrier diplomatique incertain. La phase 2 du plan de paix américain, qui prévoit notamment le retrait total de l’armée israélienne et le déploiement d’une force internationale dans Gaza, n’est toujours pas entrée en vigueur. La restitution du corps du dernier otage israélien demeure un point de blocage majeur, retardant toute perspective de reconstruction (phase 3).
En dévoilant Project Sunrise, le Wall Street Journal met en lumière une vision américaine qui, si elle se veut ambitieuse et spectaculaire, apparaît largement déconnectée des réalités politiques, humaines et sécuritaires du terrain. Une reconstruction pensée comme un grand projet immobilier et technologique, mais dont la faisabilité, comme la légitimité, restent profondément contestées.
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