La France tient enfin le nom de son nouveau Premier ministre. Après quelques jours d’intense spéculation, Emmanuel Macron a annoncé ce vendredi 13 décembre la nomination de François Bayrou, leader centriste du MoDem, à la tête du gouvernement français. Ce choix, intervenu avec un léger retard sur la promesse initiale du président de nommer un successeur à Michel Barnier sous 48 heures, suscite déjà des interrogations.
François Bayrou, aujourd’hui âgé de 73 ans, est une figure bien connue de la scène politique française. Ancien ministre de l’Éducation nationale dans les années 1990, maire de Pau et candidat à trois reprises à l’élection présidentielle (2002, 2007, 2012), il a su s’imposer comme un pilier du centre. En 2007, il avait frôlé le second tour avec plus de 18 % des suffrages, montrant sa capacité à séduire un large électorat au-delà des clivages partisans.
Pourtant, son passage éclair en tant que ministre de la Justice, peu après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, reste un épisode marquant. Confronté à une plainte en diffamation dans une affaire antérieure, il avait dû quitter son poste après un mois seulement, un fait dont les médias n’ont pas manqué de rappeler l’existence lors de sa récente nomination.
Un soutien historique d’Emmanuel Macron et de François Hollande
Le choix d’Emmanuel Macron de confier les rênes de Matignon à François Bayrou n’est pas anodin. Le leader du MoDem avait déjà soutenu le chef de l’État durant la campagne présidentielle de 2017. Toutefois, son parcours éclectique l’avait précédemment conduit à appuyer la candidature du socialiste François Hollande cinq ans plus tôt, illustrant ainsi sa capacité à naviguer entre différentes familles politiques.
Cette position centriste est aujourd’hui perçue par l’Élysée comme un atout pour fédérer un gouvernement aux sensibilités variées. En nommant Bayrou, Emmanuel Macron espère ouvrir la porte à des personnalités modérées de gauche comme de droite, afin de constituer un exécutif plus large, pouvant surmonter les clivages partisans au Parlement.
Des réactions mitigées et un avenir incertain
Ce pari s’annonce toutefois risqué. Les observateurs politiques, dont le quotidien suisse Le Temps, soulignent que François Bayrou “ne séduit ni d’un côté ni de l’autre”. Sa nomination a d’ailleurs déjà été contestée par plusieurs figures de l’opposition. Sur BFMTV, Olivier Faure, leader du Parti socialiste, a estimé que ce choix ne marquait aucune rupture avec la précédente année de gouvernance, affirmant qu’il “ne pouvait pas s’agir de François Bayrou”. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel a d’ores et déjà déclaré que le nomination de Bayrou était une mauvaise nouvelle.
Sur CNews Philippe Guibert estime toutefois que «François Bayrou élargit le champ des soutiens possibles contrairement à Michel Barnier».