Emmanuel Macron, après la démission de l’ancien premier ministre Michel Barnier, a rencontré aujourd’hui les dirigeants des principaux partis politiques – à l’exception de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN) – afin de définir une nouvelle méthode de gouvernement. Au cœur de cette réunion à l’Elysée, plusieurs annonces clefs : la promesse de nommer un nouveau chef du gouvernement dans les 48 heures, la volonté de ne pas dissoudre l’Assemblée jusqu’à la fin de son mandat en 2027, et la recherche d’un modus vivendi pour éviter le recours au 49.3. Retour sur les enjeux de cette rencontre politique majeure.
Au cours des deux heures trente de discussions, le président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, a affirmé vouloir désigner un nouveau premier ministre dans les prochains jours, voire sous 48 heures. Cette annonce est stratégique : elle vise à sortir de l’impasse politique actuelle, alors que le précédent exécutif a été contraint de démissionner dans un contexte de vives tensions parlementaires.
Pas de dissolution jusqu’en 2027
Autre engagement de taille : le président de la République a exprimé sa volonté de ne pas dissoudre l’Assemblée nationale durant les trente mois restant jusqu’à la fin de son mandat (soit jusqu’en 2027). Bien que cela ne soit pas un « engagement » juridique, selon l’entourage d’Emmanuel Macron, c’est un signal fort envoyé aux formations politiques, un gage de stabilité dans un contexte d’incertitudes.
L’enjeu du 49.3 : vers un compromis ?
Les partis de gauche (Parti socialiste, écologistes, communistes), présents à la réunion, ont proposé un accord inédit : renoncer au 49.3 si un premier ministre issu de leurs rangs était nommé, en échange d’une non-censure de la part des oppositions. Cette proposition a été bien accueillie par certains partis du centre, comme Horizons ou le MoDem, ouvrant la voie à une redéfinition des rapports de force au Parlement.
Toutefois, l’idée d’une grande coalition a été exclue d’emblée, mettant en évidence les profondes divergences idéologiques entre les forces politiques en présence.
Les réactions des partis : entre ouverture et lignes rouges
- Gauche (PS, EELV, PCF) : Les responsables de la gauche se disent prêts à un compromis sur le 49.3 en cas de premier ministre de gauche. Ils estiment avoir obtenu une « piste d’atterrissage » pour restaurer le rôle du Parlement.
- Droite républicaine (Laurent Wauquiez) : Le camp de la droite républicaine n’envisage pas de « contrat de gouvernement » avec des partis aux valeurs trop éloignées, tout en laissant la porte ouverte à un accord minimal visant à éviter une chute prématurée du futur exécutif.
- La France insoumise (LFI) : Absente à la réunion, LFI dénonce la manœuvre, accusant les autres composantes de la gauche de « servir » Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon a fustigé la présence des partis de gauche à l’Elysée, les accusant de briser l’unité du Nouveau Front Populaire (NFP).
- Rassemblement national (RN) : Egalement non convié, le RN reste en dehors des négociations, renforçant ainsi l’idée d’une recomposition partielle du paysage politique autour du centre, de la droite républicaine et d’une partie de la gauche.
Un contexte de tension entre les forces de gauche
La participation du PS, des écologistes et des communistes à la rencontre a suscité l’ire de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier estime que cette démarche renforce Emmanuel Macron, lui permettant de gagner du temps et de masquer « son coup de force » après les législatives. Le Parti socialiste, de son côté, accuse LFI de diviser la gauche pour servir ses ambitions présidentielles.
Une nouvelle ère politique en France ?
La nomination prochaine d’un nouveau premier ministre, le renoncement au 49.3 en cas de compromis, et la non-dissolution de l’Assemblée jusqu’en 2027 dessinent un nouveau chapitre dans la vie politique française. Les prochaines heures seront décisives : le choix du chef de gouvernement, son ancrage politique et les concessions mutuelles détermineront la capacité des forces en présence à gouverner sans recours systématique à des procédures d’exception, et sans dépendre des voix considérées comme extrêmes, même si elles représentent 20 millions de Français.