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Peter Brabeck en 2014. Photo : @Nicola Pitaro/WEF

Forum économique mondial: Qui est Peter Brabeck, le successeur controversé de Klaus Schwab ?

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Après la démission choc de Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial (WEF), c’est Peter Brabeck, ex-PDG de Nestlé, qui prend la tête de l’organisation par intérim. Un choix qui fait polémique, tant son passé soulève des questions sur l’avenir de l’agenda globaliste. Son profil ? Ultra-libéral, technophile, partisan de la privatisation des biens communs comme l’eau. Et son passé à la tête de Nestlé n’est pas sans tache.

Né en Autriche, Peter Brabeck-Letmathe étudie l’économie à l’université de Vienne avant de rejoindre Nestlé en 1968. Son parcours international démarre en 1970 au Chili, où il passe dix ans avant de prendre la tête de Nestlé Équateur(1980), puis de Nestlé Venezuela (1983). En 1987, il rejoint le siège de la multinationale à Vevey, en Suisse.

Un dirigeant au cœur de la stratégie mondiale de Nestlé

En 1992, Brabeck devient vice-président exécutif, responsable de la stratégie globale pour des marques majeures telles que Buitoni, les crèmes glacées, le chocolat, les arômes industriels ou encore la nourriture animale.

Il est nommé directeur général de Nestlé, multinationale membre du Forum économique mondial en 1997, puis président du conseil d’administration en 2005. Il cède la direction générale en 2008 à Paul Bulcke, mais conserve la présidence du groupe jusqu’en 2017.

Une vision controversée de l’eau comme marchandise

Sous sa direction, Nestlé a racheté des droits d’eau dans plusieurs zones touchées par la sécheresse (Californie, Pakistan, Afrique), extrait des millions de litres à prix dérisoire, et revendu l’eau en bouteille à des communautés souvent en crise. Résultat : assèchement de nappeseffondrement d’écosystèmescolère des populations locales.

Selon, Peter Brabeck, « les ONG ont un avis extrême quant au problème de l’accès à l’eau ». « Ils souhaitent que l’accès à l’eau soit nationalisé, c’est-à-dire que tout le monde puisse avoir accès à l’eau. Mon point de vue n’est pas celui-ci. Il faut que l’eau soit considérée comme une denrée, et comme toute denrée alimentaire, qu’elle ait une valeur, un coût. »

Cette déclaration a suscité de vives critiques de la part d’ONG, qui défendent l’accès universel à l’eau potable comme un bien commun.

Travailleurs exploités, droits bafoués : le lourd héritage de Nestlé

En 2005, Nestlé a été poursuivi par d’anciens enfants esclaves maliens pour son implication indirecte dans le travail forcé sur les plantations de cacao en Côte d’Ivoire.

La même année, aux PhilippinesDiosdado Fortuna, leader syndical de Nestlé, a été assassiné. Un autre dirigeant syndical avait déjà été tué en 2001. Aucune enquête officielle, aucune réaction de l’entreprise.

Nestlé n’a jamais été reconnue coupable, mais les procédures ont été classées sur des bases juridiques techniques, sans répondre aux accusations de fond.

Président intérimaire du Forum économique mondial

En parallèle de ses fonctions chez Nestlé, Brabeck siège au conseil d’administration du Forum économique mondial (WEF) depuis 2016. Il a également participé activement aux rencontres de Davos, notamment en 2018.

Il en devient vice-président, puis est nommé président par intérim le 21 avril 2025, succédant à Klaus Schwab à la tête de l’organisation.

Une influence étendue au sein de groupes stratégiques

En dehors de Nestlé et du WEF, Peter Brabeck a aussi participé à la réunion du groupe Bilderberg en 2011. Il est aussi membre de la Table ronde européenne des industriels (ERTI), un groupe étroitement lié au WEF et au groupe Bilderberg​.

Brabeck est également membre de la Commission pour la libération de la croissance française, créée par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy en 2007, ou il a côtoyé les contributeurs du FEM, Jacques Attali et Emmanuel Macron.

Peter Brabeck est aussi vice-président du conseil d’administration de L’Oréal , la multinationale membre du WEF et membre du conseil d’administration de Salt, opérateur téléphonique suisse qui a été racheté en 2015 par Xavier Niel, gendre de Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, membre du Forum économique mondial.

Tech, privatisation, contrôle : l’agenda Brabeck

Le nouveau président du WEF n’a jamais caché son appétence pour une refonte technologique et centralisée de l’alimentation mondiale. Sous sa houlette, Nestlé a promu : la nourriture cultivée en laboratoire, le génie génétique appliqué à l’alimentation, la chaîne d’approvisionnement contrôlée par intelligence artificielle, les partenariats étroits avec les États dans le domaine pharmaceutique.

Cette nomination n’annonce aucune rupture : au contraire, Brabeck incarne une consolidation du pouvoir des grandes multinationales et des élites non élues, qui orientent les politiques mondiales sans consultation démocratique.

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