Les projections de slogans anti-police lors de la Fête des Lumières ont déclenché une onde de choc politique à Lyon. Si Grégory Doucet et Bruno Bernard condamnent l’action des Soulèvements de la Terre, Jean-Michel Aulas les accuse de duplicité et instrumentalise l’incident dans une campagne municipale déjà explosive. La majorité écologiste se défend, tandis que LFI reste en retrait.
L’opération menée samedi soir par les Soulèvements de la Terre s’est rapidement invitée au cœur de la bataille municipale lyonnaise. En projetant sur la façade du musée des Beaux-Arts des messages tels que « La police blesse et tue » ou « On dégage le RN », le mouvement écologiste radical a transformé la Fête des Lumières en scène de contestation politique. Une action fulgurante, immédiatement condamnée par les responsables locaux… mais jugée insuffisante par les adversaires des écologistes.
Dès dimanche matin, le maire de Lyon, Grégory Doucet, a réagi sur LinkedIn. Il y déplorait des « prises à partie publiques » visant les forces de l’ordre et les assurait de sa « pleine solidarité », rappelant leur mobilisation durant l’événement. Bruno Bernard, président de la Métropole, a relayé le message de la préfète Fabienne Buccio sur X, dénonçant lui aussi une action inappropriée.
Ces condamnations n’ont pourtant pas désarmé le camp Aulas. Candidat à la mairie de Lyon, Jean-Michel Aulas a multiplié les prises de position, reprochant au maire sortant une réaction « très molle » et pointant le « silence assourdissant » de Bruno Bernard. Ce dernier lui a répondu avec virulence, dénonçant une « polémique stérile » et rappelant qu’il avait condamné l’action dès sa diffusion. « Je n’ai jamais varié : condamnation totale de toute forme de violence ou de menace », a-t-il insisté.
Au sein de la majorité écologiste, le ton est tout aussi offensif. Les proches de Doucet dénoncent « l’agressivité » de Jean-Michel Aulas et des « fake news perpétuels », assurant que les condamnations ont été rapides et claires. Ils défendent également la possibilité de soutenir un mouvement associatif sans approuver tous ses messages. « On soutient les forces de l’ordre, mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec une action qu’il faut dissoudre un mouvement », rappelle un membre de l’équipe de campagne.
LFI, en revanche, garde le silence à Lyon. Interrogée par actu Lyon, la candidate Anaïs Belouassa-Cherifi n’a pas répondu. À Paris, le député Éric Coquerel a estimé que « ce n’était pas le lieu », tout en refusant de condamner les militants. Il nuance cependant : « Je n’écrirai pas “la police tue”, mais certains policiers tuent. »
L’épisode fait ressurgir d’anciens soutien écologistes aux Soulèvements de la Terre lorsque le mouvement avait été menacé de dissolution — une dissolution finalement annulée par le Conseil d’État en 2023. Les proches de Jean-Michel Aulas évoquent notamment Benjamin Badouard, élu métropolitain, ou le sénateur Thomas Dossus, tous deux présents lors de mobilisations écologistes. Autre élément inflammable : Samuel Mecklenburg, adjoint écologiste du 4ᵉ arrondissement, qui a salué l’« effraction lumineuse » comme une idée « redoutablement efficace ». Il y voit une manière d’interroger « le fossé béant » entre police municipale et police nationale.
Pour d’autres candidats, la ligne est plus nette. Georges Képénékian condamne « un acte choquant » qui instrumentalise une fête rassemblant des dizaines de milliers de personnes. À droite comme à l’extrême droite, on rappelle aussi les propos tenus en 2023 par Grégory Doucet, alors favorable à certaines formes de désobéissance civile non violente. C’est le cas notamment du sénateur LR, Étienne Blanc, qui a sous entendu sur BFMTV que les Soulèvements de la terre avaient bénéficié d’un soutien « technique ». « L’actuel maire de Lyon, Grégory Doucet qui est proche des mouvements écologistes radicaux défilait en 2020 devant une pancarte ‘la police tue’. »
De quoi alimenter une tension politique qui atteint un niveau rare, à mesure que s’approchent les municipales de 2026.
À Lyon, l’« effraction lumineuse » dépasse désormais largement son cadre initial. Elle cristallise les fractures d’une campagne où se mêlent sécurité, écologie, culture politique et stratégies d’alliances. La Fête des Lumières, conçue pour fédérer, devient malgré elle un révélateur des lignes de front locales.
Source
BFMTV
actu Lyon – Nicolas Zaugra – « Lyon. “La police blesse et tue”, action choc à la Fête des Lumières : Doucet ciblé par Aulas » – 8 décembre 2025 – lien