Alors que l’OTAN a lancé son exercice nucléaire annuel « Steadfast Noon » en début de semaine dernière pour tester sa capacité de dissuasion, la Russie a réalisé un exercice de grande envergure au mois de septembre avec « Océan-2024 », un vaste déploiement naval impliquant des manœuvres conjointes avec la Chine. Dans ce contexte marqué par des menaces croissantes et des tensions en Europe, les ambitions nucléaires de l’Ukraine et les mises en garde de Vladimir Poutine ajoutent une nouvelle dimension inquiétante à cette escalade militaire.
L’OTAN a lancé son exercice nucléaire annuel, « Steadfast Noon », le 14 octobre mobilisant plus de 60 aéronefs pour des vols d’entraînement au-dessus de l’Europe occidentale. Cet exercice, prévu pour durer deux semaines, vise à tester le dispositif de dissuasion nucléaire de l’Alliance sans utiliser de véritables armes nucléaires. Des avions de combat capables d’emporter des têtes nucléaires américaines, des bombardiers, des chasseurs d’escorte et des avions de guerre électromagnétique participent à ces manœuvres stratégiques. Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, a rappelé dans un communiqué que « la dissuasion nucléaire est la pierre angulaire de la sécurité des Alliés », envoyant un message clair : l’OTAN est prête à défendre chacun de ses membres.
Avec la participation de 2 000 militaires venant de treize pays alliés, l’exercice se déroule principalement au-dessus de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark, du Royaume-Uni et de la mer du Nord. Pour la première fois, les Pays-Bas déploient leurs avions F-35A, nouvellement déclarés aptes aux missions nucléaires, renforçant ainsi la capacité de dissuasion de l’Alliance.
L‘exercice Océan-2024 de la Russie
En septembre, la Russie a lancé son propre exercice militaire de grande envergure, « Océan-2024 ». Mobilisant 400 navires, 120 avions et 90 000 soldats, ces manœuvres se sont déroulées dans plusieurs océans et mers stratégiques, notamment le Pacifique, l’Atlantique, la Méditerranée et la Baltique. Ces exercices visaient à tester la préparation militaire, l’utilisation d’armes de haute précision, et à renforcer la coopération avec des partenaires comme la Chine.
Les navires de guerre russes et chinois ont effectué des exercices conjoints dans la mer du Japon, concentrés sur la défense des routes maritimes et des zones économiques. Cette collaboration entre Moscou et Pékin s’est intensifiée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, que la Chine n’a jamais condamnée. Le Japon a suivi ces manœuvres de près, craignant des incursions dans ses eaux territoriales et une montée des tensions régionales.
Un climat de tensions croissantes
Ces exercices militaires, bien qu’annuels et routiniers, se déroulent dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu. L’Ukraine, qui aspire à rejoindre l’OTAN, a menacé de se doter de l’arme nucléaire si l’Alliance refuse son adhésion, une déclaration qui a suscité de vives réactions en Russie. Le président Vladimir Poutine a averti que Moscou ne permettrait jamais à l’Ukraine d’acquérir des armes nucléaires, qualifiant cette ambition de « provocation dangereuse ».
Menace d’ingérence et tensions en Europe
Les services de renseignement allemands avaient déjà allumé la mèche en début de semaine dernière en alertant sur l’intensification des actions russes en Europe. Espionnage, sabotage, et désinformation se multipliraient, visant à affaiblir l’influence de l’OTAN en Europe et à établir une nouvelle sphère d’influence russe. Les services de renseignement allemands, lors d’une audition publique, ont affirmé que Moscou pourrait être en mesure d’attaquer l’OTAN d’ici la fin de la décennie, mettant en garde contre un possible conflit militaire direct.
La ligne rouge de l’OTAN : l’article 5
En France, sur le plateau de LCI, le général Jean-Paul Paloméros, ancien secrétaire général de l’OTAN, a réaffirmé que la ligne rouge de l’Alliance restait l’article 5 du traité de Washington. Ce principe stipule que toute attaque contre un membre de l’OTAN sera considérée comme une attaque contre l’ensemble de l’Alliance. Poutine a déjà averti que si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, l’application de cet article serait immédiate et que les états membres de l’alliance n’auraient « même pas le temps de cligner des yeux ».