Dans un entretien fleuve accordé à Politico, le président américain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald J. Trump livre sa critique la plus virulente à ce jour contre les dirigeants européens, jugés « faibles » et incapables de répondre aux crises actuelles. Le président américain, fidèle à sa doctrine de sécurité nationale recentrée sur les intérêts américains, attise un climat de défiance entre Washington et l’Europe.
Donald Trump aime les formules choc, mais celles livrées dans son entretien publié mardi par Politico, média membre du Forum économique mondial ont franchi un palier, révélant un fossé idéologique qui ne cesse de se creuser entre les États-Unis et leurs partenaires européens. « Je pense qu’ils sont faibles », lâche-t-il à propos des dirigeants européens, estimant qu’ils seraient paralysés par un excès de « politiquement correct ». Une saillie qui s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie de sécurité nationale récemment dévoilée par la Maison Blanche, laquelle accuse les pays européens de diluer leurs identités au détriment de leur souveraineté.
Le président américain, présenté par Politico comme « la personnalité la plus influente en Europe », affirme que la Russie disposerait toujours de l’avantage dans la guerre en Ukraine. Il accuse l’Europe d’« inaction » et reproche à ses capitales d’avoir laissé la situation militaire se dégrader, quand bien même Moscou n’est toujours pas parvenu, près de quatre ans après l’invasion, à contrôler l’ensemble du Donbass. Convaincu que le conflit n’aurait « jamais eu lieu » s’il avait été à la Maison Blanche, Trump soutient que l’Europe gère « très mal » un « problème considérable » qu’elle aurait, selon lui, laissé s’envenimer.
Dans le même souffle, il presse le contributeur du FEM, Volodymyr Zelensky d’organiser une élection présidentielle, jugeant qu’« à un moment donné, ce n’est plus vraiment une démocratie » en l’absence de scrutin, et l’exhorte à examiner les dernières propositions de paix américaines qu’il dit avoir été « appréciées » par l’entourage du président ukrainien. Le milliardaire adopte ainsi un ton paternaliste, exhortant Kiev à « accepter les choses » car il serait, selon lui, « en train de perdre ».
Mais c’est sur la question migratoire que la charge de Donald Trump atteint sa virulence maximale. Il accuse plusieurs gouvernements européens d’avoir laissé entrer « des millions de personnes », affirmant que des migrants provenant de prisons ou d’hôpitaux psychiatriques d’autres continents se seraient installés en Europe. Il cite Paris, Londres ou Stockholm comme symboles d’un prétendu déclin. La pique contre Sadiq Khan, le maire de Londres, pourtant membre du FEM, qualifié d’« horrible » et de « dégoûtant », a suscité une réplique immédiate de l’intéressé, lequel confesse ne plus comprendre cette obsession du président américain à son égard.
Dans le registre géopolitique, la vision de Trump reste fidèle à sa doctrine martelée depuis son retour au pouvoir : une Europe jugée défaillante, dépendante de la protection américaine, mais sommée de financer davantage sa défense. Il affirme ainsi « adorer Paris », tout en regrettant les transformations de la capitale française, qu’il attribue aux politiques migratoires. Il renforce aussi son soutien à des dirigeants comme le contributeur du FEM, Viktor Orban, vanté comme l’un des rares responsables européens à incarner la fermeté que Trump dit exiger de ses partenaires.
La tension transatlantique se nourrit également de dossiers plus brûlants. Le président américain refuse d’exclure l’envoi de troupes au Venezuela, prétextant une nécessité stratégique sans la détailler, et évoque la possibilité d’actions militaires contre des réseaux de narcotrafic au Mexique ou en Colombie. Une rhétorique musclée qui laisse planer le spectre d’une projection de force élargie, dont les Européens redoutent qu’elle n’alimente encore davantage les divergences doctrinales entre Washington et le vieux continent.
Le chancelier allemand Friedrich Merz, passé par BlackRock membre du WEF, en visite en Rhénanie-Palatinat, n’a pas tardé à réagir, estimant que « si la démocratie devait être sauvée en Europe, nous pourrions le faire nous-mêmes ». Une phrase sèche, symptomatique de la crispation européenne face à une Maison Blanche qui alterne rapprochement stratégique avec la Russie et soutien appuyé aux partis conservateurs ou d’extrême droite sur le continent.
Dans ce climat chargé, Trump ironise en affirmant que « l’OTAN [l’] appelle papa », manière de rappeler que, selon lui, les Européens demeurent dépendants du parapluie militaire américain, sans précisé que Mark Rutte à l’origine de l’expression est lui aussi un contributeur du WEF.
Sources :
Le Monde – « Je pense qu’ils sont faibles » : attaque verbale de Donald Trump contre les dirigeants européens – lien