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Charles Bradlaugh. Photo : DR

Charles Bradlaugh : Fondateur de la National Secular Society et franc-maçon engagé

Charles Bradlaugh (1833-1891) est une figure incontournable du mouvement laïque britannique. Militant pour la liberté de conscience, il est surtout connu pour avoir fondé la National Secular Society (NSS) en 1866, organisation qui lutte encore aujourd’hui pour la séparation de l’Église et de l’État au Royaume-Uni. Mais peu de gens savent qu’il entretint également des liens étroits avec la franc-maçonnerie, en particulier dans ses courants les plus radicaux.

Né à Londres dans une famille modeste, Bradlaugh devient rapidement un penseur critique du dogme religieux. Dès l’âge de 17 ans, il quitte l’Église anglicane et commence une carrière d’orateur, rédacteur et activiste. Il milite pour le droit à l’athéisme, la liberté d’expression, le contrôle des naissances et l’émancipation des classes populaires. Il était lié au chartisme, un mouvement politique ouvrier qui se développa au Royaume-Uni au milieu du XIXe siècle.

En 1880, il est élu député de Northampton, mais son refus de prêter serment religieux à la Chambre des communes déclenche une controverse parlementaire majeure. Il lui faudra plusieurs années de combat juridique et politique pour faire reconnaître le droit de siéger en prêtant une simple « affirmation », sans mention de Dieu.

La National Secular Society : une révolution pour la laïcité

En fondant la National Secular Society en 1866, Bradlaugh crée un bastion du rationalisme et de la libre-pensée. L’objectif ? Dénoncer les privilèges de l’Église dans la vie publique et promouvoir la laïcité à travers l’éducation, la politique et la loi.

Cette société devient rapidement le principal porte-voix des athées, agnostiques et humanistes en Grande-Bretagne, et influencera d’autres mouvements laïques en Europe et dans le monde.

Charles Bradlaugh et la franc-maçonnerie : une relation ambivalente

Bradlaugh a eu une relation complexe avec la franc-maçonnerie. Il a été initié le 9 mars 1859 à la Loge des Philadelphes à Londres, affiliée à l’Ordre de Memphis. société secrète qui d’après le journal de Johann Joachim Christophe Bode, chef de l’ordre des illuminés de Bavières après Adam Weishaupt avait projeté de former un noyau semblable aux Illuminés allemands en France, avant la Révolution.

Il a ensuite rejoint la Loge de la Persévérante Amitié du Grand Orient de France en 1862. En 1865, il a été admis à la High Cross Lodge No. 754 EC en Angleterre. Bradlaugh s’opposait à la franc-maçonnerie britannique traditionnelle, trop liée à l’aristocratie et à l’Église selon lui. Il préfèrait les loges progressistes et radicales, notamment celles du continent européen, plus proches de ses valeurs républicaines et laïques.

En 1874, il a démissionné de la franc-maçonnerie anglaise pour protester contre la nomination du Prince de Galles comme Grand Maître, mais a maintenu ses liens avec la franc-maçonnerie française, où la critique des dogmes religieux était plus acceptée.

Il a également été gouverneur à vie de la Royal Masonic Institute for Boys, une école privée anglaise pour garçons située à Bushey, dans le Hertfordshire dont l’origine remonte aux œuvres caritatives créées à la fin du XVIIIe siècle pour éduquer les fils de francs-maçons. Il fût d’ailleurs l’un de ses plus grands donateurs individuels à sa mort.

Son héritage

Charles Bradlaugh laisse un double héritage : politique, par ses combats pour les libertés individuelles et la laïcité parlementaire ; philosophique, en défendant une vision rationaliste du monde, affranchie des dogmes.

Aujourd’hui encore, la National Secular Society défend ses valeurs, en défendant le sécularisme, une vision politique et sociale très attachée à la laïcité. La NSS milite pour la séparation complète de l’Église et de l’État au Royaume-Uni, notamment en ce qui concerne l’Église d’Angleterre encore liée à la monarchie. Elle réclame la fin des financements publics des activités religieuses, notamment dans l’éducation et la santé. Opposée aux lois sur le blasphème et aux objections de conscience religieuses, la NSS s’engage également en bioéthique, contre l’influence des Églises sur les décisions politiques.

Charles Bradlaugh n’était pas seulement un parlementaire provocateur ou un militant athée ; il fut aussi un acteur de convergence entre franc-maçonnerie progressiste et humanisme laïque. Son parcours rappelle que les loges maçonniques ne sont pas monolithiques.

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