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Emmanuel Macron. Photo : @UE

Emmanuel Macron : Sébastien Lecornu confirmé à Matignon malgré la fronde politique et la défiance de son propre camp

Malgré les critiques de l’opposition et les réserves croissantes au sein même de la majorité, Emmanuel Macron a décidé de maintenir Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement. Le chef de l’État confie à son Premier ministre un « gouvernement de mission », censé dépasser les calculs présidentiels, dans un climat de méfiance généralisée et de menaces de censure.

Démissionnaire lundi, reconduit vendredi. Sébastien Lecornu incarne à lui seul la complexité d’une Ve République à la recherche d’équilibre. En choisissant de maintenir l’ancien ministre des armées à Matignon, Emmanuel Macron persiste dans sa ligne : continuité, loyauté et contrôle. Le président a annoncé, vendredi 10 octobre, la nomination de M. Lecornu à la tête d’un « gouvernement de mission », censé se concentrer sur la recherche de compromis parlementaires, tout en se tenant à distance des ambitions présidentielles pour 2027.

Lecornu, fidèle parmi les fidèles depuis 2017, n’a d’ailleurs jamais quitté Matignon physiquement. Son entourage évoque une décision prise « par devoir » plus que par envie. « Il fera tout pour offrir un budget à la France d’ici la fin de l’année », a assuré l’un de ses proches, confirmant que le chef de l’État lui avait donné « carte blanche » pour négocier et choisir ses ministres. Cette marge de manœuvre élargie traduit le pari risqué d’un président affaibli, misant sur un homme de confiance dans un paysage politique fracturé.

Le nouveau Premier ministre s’est engagé à réintroduire dans le débat parlementaire tous les dossiers laissés en suspens lors des précédentes consultations, y compris la très sensible réforme des retraites, exigée comme préalable par les socialistes. Cette ouverture, perçue comme un geste de transparence, est déjà dénoncée par certains comme une manœuvre de survie.

Autre promesse : un gouvernement « déconnecté des ambitions présidentielles », une manière de tirer les leçons de l’échec du premier cabinet Lecornu, accusé d’avoir privilégié les équilibres internes du macronisme. Gérald Darmanin, pressenti pour la Justice, est écarté ; Bruno Retailleau, figure des Républicains, retourne au Sénat. La future équipe, selon Matignon, devra incarner « le renouvellement et la diversité des compétences », rompant avec une précédente composition jugée « trop uniforme ».

Mais la reconduction de Sébastien Lecornu a rallumé les tensions. À gauche comme à droite, la décision d’Emmanuel Macron est interprétée comme un signe d’aveuglement politique. Jordan Bardella a dénoncé sur X « une honte démocratique », tandis que Marine Le Pen a appelé à la censure.

Jean-Luc Mélenchon, furieux, a ironisé : « Macron ne peut faire autre chose que du Macron », annonçant avec LFI le dépôt immédiat d’une motion de censure.

Les écologistes et les communistes ont rejoint la fronde, évoquant une « ultime provocation ». Marine Tondelier a fait référence au film « Un jour sans fin », une citation qui a été beaucoup utilisée ses derniers jours.  « Je ne vois aucun argument pour ne pas le censurer », a-t-elle ajouté sur franceinfo. 

Alors que des rumeurs font état d’un accord avec le Parti socialiste, celui-ci dément formellement. Selon le sénateur de la Somme Rémi Cardon, la position du PS reste inchangée. « Nous n’avons obtenu aucune clarification. Si nous ne sommes pas entendus, nous censurerons sans aucune hésitation. »

Le groupe socialiste a confirmé qu’il n’existe aucune garantie ni engagement entre le PS et Matignon, qualifiant les rumeurs d’« intox totale ». Les socialistes ont prévenu qu’ils voteraient la censure si la réforme des retraites n’était pas suspendue.

Le premier secrétaire du Parti socialiste du Cantal, Rémy Goubert a annoncé sur X que  » le PS censurera ». « Pour le bien de notre démocratie ! »

Bruno Retailleau a d’ores et déjà annoncé ce samedi matin, qu’il ne participerait pas à ce gouvernement. Le patron des Républicains a reçu le soutien du président LR du Sénat Gérard Garcher lors de la réunion avec les parlementaires.

Dans ce qu’il reste du camp macroniste, les fissures se multiplient. Agnès Pannier-Runacher, ex-ministre de la Transition écologique, a réclamé « une rupture réelle en tendant la main à la gauche », tandis que Gabriel Attal a averti le président de ne pas « donner le sentiment de s’acharner à garder la main sur tout ». Au Sénat, Hervé Marseille, chef de file centriste, a résumé la lassitude de nombreux élus : « Si on repart avec un gouvernement Lecornu II, ce n’est pas un bon signal. »

Selon Le Figaro, Horizons envisage de ne plus participer au prochain gouvernement, même dirigé par un proche d’Emmanuel Macron. En cause : les concessions sociales évoquées par le chef de l’État. Le parti d’Édouard Philippe, n’exclut pas de soutenir le gouvernement sans y participer.

Pourtant, Emmanuel Macron s’est montré intraitable. Après une série de réunions marathon à l’Élysée, il a constaté que, malgré les défections, la majorité relative restait arithmétiquement tenable. Il a écarté l’idée d’un Premier ministre de gauche et exclu tout recours au 49.3, préférant jouer la carte du dialogue parlementaire. « Le socle commun existe encore », a-t-il insisté, malgré le scepticisme d’Édouard Philippe et de Laurent Wauquiez.

Reste à savoir combien de temps ce fragile équilibre pourra tenir. Sébastien Lecornu, qui a su éviter une première censure en démissionnant, devra désormais affronter seul la tempête politique qui s’annonce dès sa déclaration de politique générale prévue lundi.

Sources :
Le Monde, BFMTV, Libération, franceinfo,

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