L’Assemblée nationale se prépare à débattre, dès ce lundi 12 mai 2025, de deux propositions de loi qui pourraient marquer un tournant dans la législation française sur la fin de vie. L’une aborde la question des soins palliatifs, tandis que l’autre ouvre la porte à la création d’un « droit à l’aide à mourir », impliquant des débats intenses sur l’euthanasie et le suicide assisté. Ce sujet, qui divise profondément les groupes parlementaires, est également source de tensions au sein du gouvernement.
Lors du lancement du projet de loi sur l’accompagnement des malades en 2024, Emmanuel Macron avait inclus la possibilité pour un médecin d’autoriser un acte de fin de vie, sur demande d’un patient incurable. Ce projet fut interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale, mais il revient désormais sur la table avec deux propositions de loi distinctes : une sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide à mourir.
À la veille du débat, des figures politiques, comme Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur), ont exprimé leur désaccord, dénonçant un « texte de rupture anthropologique », tandis que Catherine Vautrin (ministre du Travail) a défendu le projet, mettant en avant l’importance de créer des alternatives à des souffrances insupportables.
Les divisions internes du gouvernement
Le gouvernement lui-même ne fait pas front uni sur la question. Alors que certains ministres soutiennent un accès plus large à l’aide à mourir, d’autres insistent sur la nécessité d’un cadre strict, limitant cette option à des cas spécifiques. La ministre Catherine Vautrin a même annoncé des amendements pour garantir un accès à l’aide à mourir « très encadré ».
Selon un article de Corse Net Infos daté de juin 2024, Sylvain Zeghni, Grand Maître national de la Fédération française de l’Ordre maçonnique Le Droit humain, a mentionné avoir rencontré Catherine Vautrin, pour discuter de l’évolution de ce projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie.
Le débat parlementaire : des tensions à prévoir
Les députés de l’Assemblée nationale auront la liberté de vote, un facteur qui rend l’issue incertaine. Les propositions de loi, particulièrement celle sur l’aide à mourir, suscitent de vifs débats. La droite et le Rassemblement National s’y opposent fermement, tandis que la gauche et certains centristes sont favorables, bien que des divergences existent au sein même de ces groupes.
L’option de créer un « droit à l’aide à mourir » est soutenue par certains partis comme La France Insoumise (LFI), qui défendent la liberté individuelle. Cependant, des voix modérées de gauche, comme celle du député communiste de l’Allier, Yannick Monnet, insistent sur la nécessité de conditions strictes d’accès, afin d’éviter toute dérive.
Un encadrement précis de l’aide à mourir
Le texte prévoit que l’aide à mourir soit accessible aux adultes français, souffrant d’une maladie grave et incurable, en phase avancée, et qui éprouvent des souffrances insoutenables. La notion de « phase avancée » de la maladie fait débat, avec des tentatives pour affiner cette définition, afin d’éviter un recours excessif à cette procédure.
Les partisans de la ligne modérée estiment que l’acte doit rester un « ultime recours » et insistent sur une collégialité de la décision. C’est ainsi qu’Olivier Falorni, rapporteur du texte, propose une approche équilibrée, avec des critères clairs et un contrôle médical renforcé.
Une question éthique au cœur du débat
Le droit à l’aide à mourir soulève des questions éthiques profondes, notamment sur le respect de la vie humaine et le rôle du médecin dans la prise de décision. La réflexion sur la dignité humaine, les droits individuels et la responsabilité médicale est au centre des débats, et chaque amendement déposé témoigne des tensions existantes au sein des groupes politiques et des ministères.
La discussion sur l’aide à mourir ne se résume pas à une simple question législative, elle interroge la société sur ses valeurs fondamentales et son approche de la fin de vie. Alors que le texte doit être voté le 27 mai, les divergences restent vives, et une majorité claire pourrait être difficile à atteindre. En fonction des débats à venir, la proposition de loi pourrait être modifiée, retardée, ou même réévaluée à l’aune d’un éventuel référendum, comme l’avait envisagé Emmanuel Macron.
Source : Le Monde, Corse Net Info.