En visite officielle en France, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, inaugure ce mardi 5 novembre une exposition dédiée à son pays au musée Guimet des arts asiatiques. Cette exposition, intitulée « Kazakhstan. Trésors de la grande steppe », met en avant le riche patrimoine culturel de ce pays d’Asie centrale, à travers des pièces d’exception, et confirme l’intérêt croissant des musées parisiens pour les cultures d’Asie centrale, après des expositions consacrées au Tadjikistan et à l’Ouzbékistan, pays emblématiques de la route de la Soie.
Parmi les œuvres exposées, le public pourra découvrir des objets historiques comme la coiffe dorée de l’« Homme d’or », des chandeliers timourides et des manteaux de brocart anciens. Cette initiative culturelle vise à renforcer la notoriété du Kazakhstan en Europe, alors que le pays désire se positionner en acteur majeur en Asie centrale. Elle s’inscrit également dans la continuité des expositions parisiennes mettant en avant les trésors des anciens pays soviétiques qui étaient au coeur de la Route de la Soie notamment celles du Tadjikistan en 2021 et de l’Ouzbékistan en 2022, qui avaient suscité un vif intérêt.
Un enjeu diplomatique dans un contexte géopolitique sensible
La relation entre Paris et Astana prend une dimension stratégique, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le Kazakhstan, voisin de la Russie, privilégie une diplomatie multivectorielle pour assurer son indépendance et maintenir des relations équilibrées avec ses différents partenaires. Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev discuteront de la situation géopolitique, témoignant de la coopération étroite entre les deux nations.
Dans une tribune publiée hier dans Le Figaro, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev souligne les ambitions du Kazakhstan en matière de coopération internationale et de multilatéralisme, notamment avec la France. Il juge les institutions internationales incapables de surmonter les défis auxquels l’humanité doit faire face alors que le monde devient de plus en plus imprévisible. Le chef d’Etat met en avant l’importance des puissances moyennes dans un monde marqué par des tensions géopolitiques, le changement climatique et les migrations de masse. Selon lui, le Kazakhstan, a un rôle de médiateur à jouer et aspire à renforcer la stabilité régionale.
Tokaïev rappelle l’intérêt mutuel exprimé lors de la visite d’Emmanuel Macron à Astana pour des projets dans les secteurs des métaux rares, des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire civile. Il insiste également sur les efforts du Kazakhstan en faveur de la neutralité carbone d’ici 2060 et le partenariat avec la France dans l’initiative One Water Summit, visant un accès à l’eau propre pour tous.
Sur le plan économique, en tant que premier producteur mondial d’uranium, le Kazakhstan se positionne comme un partenaire fiable pour l’industrie nucléaire française, avec de nouvelles perspectives de coopération après le récent référendum approuvant la construction de la première centrale nucléaire du pays.
Partenaire clé de la France, le Kazakhstan est un acteur stratégique dans le domaine de l’énergie. Exportateur de pétrole et fournisseur de combustible nucléaire pour la France, il ambitionne en effet de développer une filière nucléaire civile. Paris, de son côté, entend partager son expertise en matière nucléaire, soutenant les projets énergétiques kazakhstanais et contribuant ainsi au renforcement des liens bilatéraux.
Le Kazakhstan est actuellement un pays très courtisé, comme en témoigne, le message adressé le 25 octobre par le Roi Mohammed VI au Président de la République du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, à l’occasion de la fête nationale de son pays. Le souverain avait saisi cette occasion pour faire part de « Sa profonde fierté des liens d’amitié solides unissant les deux pays, réaffirmant Sa détermination à poursuivre l’action commune avec le président kazakh, en vue d’enrichir la coopération bilatérale dans divers domaines ».
Dans son édito publié hier, le président du Kazakhstan évoquait également le projet du TITR (Trans-Caspian International Transport Route) ou « Middle Corridor », un projet stratégique reliant l’Asie et l’Europe via le Kazakhstan et la mer Caspienne. Ce projet s’inscrit dans un programme plus vaste, celui de « La nouvelle route de la soie », lancée par la Chine en 2013 sous la présidence de Xi Jinping. Ce projet, qualifié de « projet du siècle » par Xi Jinping, permettra à la Chine de sécuriser ses approvisionnements en matières premières tout en renforçant sa position sur la scène internationale par la création d’importantes infrastructure. Cette initiative chère au président Chinois, mais également à Emmanuel Macron, comme en témoigne leurs discussions à ce sujet lors de leurs dernières rencontres, constitue un levier pour restructurer la gouvernance mondiale, selon Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales.