Les contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron et Donald Tusk ont signé un traité historique ce 9 mai à Nancy visant à renforcer les relations militaires et diplomatiques entre la France et la Pologne. Ce traité s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes en Europe de l’Est et d’une volonté commune de garantir la stabilité de la région face à la menace russe. Un accord qui pourrait marquer une nouvelle étape dans l’histoire des relations franco-polonaises, avec des implications géopolitiques majeures.
Le traité signé à l’hôtel de ville de Nancy inclut une clause de défense mutuelle qui ouvre la voie à une coopération accrue, notamment en matière de dissuasion nucléaire. Emmanuel Macron qui a de nouveau pris la parole en employant l’expression maçonnique « en vos grades et qualités » a souligné que la France intègre désormais les « intérêts vitaux » de ses partenaires européens, dont la Pologne, dans sa stratégie de défense nationale.
Cette dimension européenne de la dissuasion nucléaire, héritée du général de Gaulle, a été réaffirmée par le président français, qui a précisé que cette coopération ne se substitue pas au cadre de l’OTAN ou de l’Union européenne.
Le président français a également évoqué la lutte contre les cyberattaques et les ingérences étrangères, soulignant l’importance d’une défense commune face aux menaces qui pèsent sur la démocratie européenne.
Le chef de l’Etat a précisé que la menace russe reste une priorité, et que l’Europe doit se préparer à un renforcement de ses capacités de défense.
Une coopération renforcée dans plusieurs secteurs stratégiques
Le traité va au-delà des aspects militaires. Il prévoit une coopération dans les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, le quantique, l’industrie et la cybersécurité. La Pologne, acteur-clé sur le flanc est de l’Europe, voit dans ce partenariat une opportunité de renforcer son industrie de défense, en particulier dans les domaines des avions de transport, avions ravitailleurs et sous-marins.
Donald Tusk a également salué ce nouveau traité comme un moyen de « renforcer la stabilité européenne » et de garantir la coopération dans des domaines clés, tout en réaffirmant l’engagement des deux pays envers l’Ukraine, un allié précieux dans la lutte contre l’agression russe.
Il a également été question de la création un forum économique bilatéral, un dialogue sur le nucléaire civil et une coordination dans les transports.
Les deux chefs d’États ont également évoqué la nécessité de renforcer la préférence européenne pour produire sur le sol européen plutôt qu’importer.
Un parapluie nucléaire européen en débat
L’un des aspects les plus significatifs de ce traité est la possibilité d’une coopération en matière de dissuasion nucléaire. Donald Tusk a exprimé son soutien à l’idée d’un parapluie nucléaire européen, un sujet que la France a mis sur la table. Bien que la France et le Royaume-Uni soient les seuls pays européens à disposer de l’armement nucléaire, ce projet pourrait marquer un tournant dans la manière dont les alliés européens se protègent contre les menaces extérieures.
Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la décision de déployer la dissuasion nucléaire resterait sous le contrôle exclusif du président de la République. Cependant, il a également souligné que la France était prête à ouvrir le débat sur la protection de ses alliés européens par sa dissuasion nucléaire, un concept qui semble avoir trouvé un écho favorable en Pologne et en Allemagne.
Un accord symbolique en plein cœur de l’Europe
La signature de ce traité n’a pas manqué de symbolisme. Nancy, ville d’une grande histoire pour les deux pays, a été le cadre de cette rencontre. En effet, la ville fut le lieu de résidence de Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV. Ce cadre historique a ajouté une touche particulière à un accord destiné à marquer les relations futures entre les deux nations.
Toutefois, un journaliste polonais a exprimé des inquiétudes sur la valeur des garanties de défense du traité, évoquant la situation de 1939 où la France n’était pas venue en aide à la Pologne, malgré un accord. Il a demandé si des actions concrètes, comme la présence de troupes françaises en Pologne, pourraient rassurer les Polonais en cas d’attaque russe. Il a aussi posé la question de l’impact de l’éventuelle élection de Marine Le Pen, figure pro-russe, en 2027.
Macron s’il a rappelé l’importance de l’OTAN et de son article 5, qui garantit la solidarité entre alliés a martelé que l’Europe doit assumer une plus grande part de sa propre sécurité et que le traité signé avec la Pologne renforce la solidarité. Il a précisé que, même en cas de retrait américain, l’Europe serait prête à se défendre seule. En ce qui concerne la politique intérieure française, il a exprimé sa confiance dans la capacité des peuples européens à faire face aux défis géopolitiques.
Un autre journaliste a interrogé Macron sur la capacité de la France à réagir rapidement à une agression (en moins de 30 jours). Macron a assuré que la France pourrait déployer des forces armées rapidement, citant le déploiement en Roumanie en 2022.
Un journaliste a demandé si Macron et Tusk se rendraient à un sommet à Kiev et leur réaction aux propos de Vladimir Poutine, qui justifiait l’invasion de l’Ukraine comme une continuation de la lutte contre le nazisme.
Macron a confirmé sa participation à une réunion virtuelle et physique avec les partenaires européens pour la sécurité de l’Ukraine et a réitéré son intention de se rendre en Ukraine en temps voulu. Concernant Poutine, Macron a qualifié ses propos de révisionnisme historique et a dénoncé l’impérialisme russe. Tusk a exprimé son désaveu de la présence du Premier ministre slovaque, Robert Fico à Moscou, la qualifiant de « honte », et a estimé que l’invasion russe menace la paix et l’ordre international.
Ce traité signé à Nancy le 9 mai 2025 pourrait constituer un tournant dans les relations franco-polonaises. Cette nouvelle clause de défense mutuelle signée entre dirigeants européens n’est pas sans rappeler le système des alliances qui avait plongé le monde entier dans la guerre en 1914.