Face à la dégradation économique et à la montée du déficit public, Emmanuel Macron reconnaît avoir trop dépensé durant les crises récentes, tout en défendant la logique de “protection des Français”. Le chef de l’État plaide désormais pour un effort collectif de rigueur et de travail afin de redresser les comptes du pays.

Dans un contexte économique tendu, marqué par la baisse de la croissance et la défiance des marchés, Emmanuel Macron tente de reprendre la main. Lors d’un entretien accordé à JDNews le 26 août, le président de la République a reconnu avoir eu “une part de responsabilité” dans l’alourdissement du déficit public, tout en revendiquant ses choix économiques comme nécessaires à la survie sociale du pays. “J’assume avoir beaucoup dépensé”, a-t-il déclaré, avant d’ajouter : “Mais j’ai dépensé pour protéger.”

Depuis plusieurs mois, la France fait face à une situation budgétaire critique. La croissance s’est contractée de 0,3 point de PIB, tandis que la note de crédit du pays a été dégradée, renchérissant le coût de la dette. La Banque de France a d’ailleurs alerté sur “une tension historique” des finances publiques. Ce climat de fragilité a été accentué par la démission surprise, puis la reconduction express, de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre — un épisode politique qui a contribué à une instabilité perçue comme préjudiciable aux marchés.

Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement Lecornu a présenté un projet de budget 2026 particulièrement austère. Celui-ci prévoit un effort budgétaire de 30 milliards d’euros, reposant notamment sur la fin de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, le gel des pensions et celui du barème de l’impôt sur le revenu. Des mesures impopulaires, mais jugées indispensables pour “restaurer la crédibilité financière du pays”, selon Matignon.

Emmanuel Macron, de son côté, défend une ligne d’équilibre entre responsabilité et lucidité. “Quand on analyse l’augmentation de la dette, on s’aperçoit qu’elle a progressé de 2,3 points de PIB par an pour Mitterrand, 0,9 pour Chirac, 5,3 pour Sarkozy et 1,4 pour Hollande. Depuis 2017, nous sommes autour de 1,7 point de PIB par an, malgré la pandémie, la guerre en Ukraine et l’inflation record de 2022-2023”, a-t-il détaillé.

Le président justifie ainsi son bilan par l’ampleur des crises traversées : salaires maintenus pendant le confinement, prix de l’électricité gelés, retraites indexées sur l’inflation. Autant de “boucliers” qui ont, selon lui, permis d’éviter une explosion sociale. Mais l’heure est désormais à la rigueur. “J’assume aussi qu’après avoir beaucoup dépensé pour protéger, il faut économiser et travailler pour rembourser”, a-t-il martelé, tout en appelant les partis politiques à “trouver les voies du compromis et de la stabilité”.

Cette inflexion dans le discours présidentiel marque un tournant. Après des années d’interventionnisme budgétaire, Emmanuel Macron veut renouer avec une orthodoxie financière plus européenne, inspirée des modèles allemands ou néerlandais. Reste à savoir si la population, déjà éprouvée par les crises successives, acceptera ce virage de rigueur.

Sources :
JDNews – “J’assume avoir beaucoup dépensé” : Emmanuel Macron admet ses excès et appelle à “travailler pour rembourser” (17 octobre 2025) – https://www.jdnews.fr