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Péninsule de Djibouti. Photo : @Abass Chirdon

Emmanuel Macron à Djibouti : Une visite stratégique pour la dernière base française en Afrique

Alors que la présence militaire française sur le continent africain se réduit considérablement, le président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, a rendu visite, vendredi 20 décembre, aux forces françaises stationnées à Djibouti. Avec environ 1 500 militaires sur place, cette base constitue aujourd’hui le dernier bastion opérationnel de la France en Afrique, au moment où d’autres bases sont abandonnées ou diminuées face à l’instabilité régionale et aux tensions diplomatiques.

Depuis 2022, la France a été contrainte de retirer ses troupes de plusieurs pays africains, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, et a vu sa présence réduite au Sénégal, au Gabon et en Côte d’Ivoire. Djibouti apparaît ainsi comme un point stratégique essentiel dans l’architecture de défense française. Située à un carrefour géopolitique clé entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, cette base permet à la France de maintenir une capacité opérationnelle dans une région marquée par des tensions croissantes.

Un traité de défense renouvelé

La visite de Macron intervient quelques mois après le renouvellement du traité de coopération en matière de défense (TCMD) entre la France et Djibouti, signé en juillet 2024. Ce nouvel accord, qui doit encore être ratifié par les deux parlements, garantit la présence française pour les décennies à venir. Toutefois, les négociations ont été âpres, notamment en raison de la hausse du loyer de la base, désormais comparable à celui payé par les États-Unis pour leur propre installation à Djibouti.

Le traité reflète également un engagement stratégique plus large, en alignant les priorités françaises avec celles de l’Indo-Pacifique, une région désormais cruciale pour la défense et la sécurité nationale. Les forces françaises de Djibouti (FFDj) sont en effet présentées comme une plateforme logistique et opérationnelle capable de projeter rapidement des forces en cas de crise, notamment au Moyen-Orient ou dans l’océan Indien.

Des missions variées et stratégiques

Les FFDj ne se limitent pas à une présence passive. Elles jouent un rôle clé dans la sécurité régionale en évacuant les ressortissants français en cas de crise, comme cela a été le cas au Soudan en 2023. Elles constituent également un terrain d’entraînement pour les opérations en environnement désertique, forment des contingents militaires locaux et préparent les troupes africaines aux missions de maintien de la paix.

Une base française dans un environnement complexe

Cependant, cette présence stratégique n’est pas exempte de risques. Djibouti est situé dans une région instable, bordée par des pays en crise comme l’Éthiopie et la Somalie, et confrontée aux retombées des conflits au Moyen-Orient. Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, en poste depuis 1999, dirige le pays d’une main de fer, soulevant des questions sur la position de la France en cas de crise politique interne.

Un vestige de la « Françafrique » ?

Malgré les promesses de rompre avec les pratiques du passé, la présence militaire française à Djibouti est parfois perçue comme un prolongement des politiques de la « Françafrique ». Le renouvellement du traité inclut une clause de sécurité, engageant la France à garantir l’intégrité territoriale de Djibouti, mais sans mécanisme automatique. Cette situation pourrait, en cas de crise, exposer les forces françaises à des accusations de soutien à un régime perçu comme antidémocratique.

La visite d’Emmanuel Macron à Djibouti souligne l’importance stratégique de cette base dans le dispositif de défense français, tout en mettant en lumière les défis géopolitiques et diplomatiques liés à cette présence. À mesure que la France réévalue ses partenariats en Afrique, Djibouti reste une pièce maîtresse dans sa stratégie, mais aussi un point de tension potentiel en cas d’instabilité dans la région.

Le projet Djibouti Fondement Numérique

Le gouvernement djiboutien a toutefois de grandes ambitions pour le pays, comme en atteste le projet sur les fondements du numérique à Djibouti mené par le ministère de la Communication, chargé des Postes et des Télécommunications en collaboration avec la Banque Mondiale, membre du Forum économique mondial. Le projet « Djibouti Fondement Numérique », vise notamment à faire de Djibouti un hub technologique à l’horizon 2035, grâce à la promotion des services numériques et à la mise en place d’un environnement propice pour les investissements du secteur privé dans les Technologies de l’information et de la communication.

Source : Le Monde

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