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Rafał Trzaskowski et Karol Nawrocki. Photo : EuropeanPeopleParty/oyce N. Boghosian

Pologne : duel serré entre Trzaskowski et Nawrocki pour un second tour décisif

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À l’issue du premier tour de l’élection présidentielle en Pologne, le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, arrive en tête avec une courte avance. Crédité de 30,8 % des suffrages, il devance Karol Nawrocki, représentant du camp national-conservateur, qui recueille de son côté 29,1 % des voix. Les deux hommes s’affronteront lors d’un second tour décisif le 1er juin.

Ce duel cristallise deux visions opposées de la Pologne et de son avenir dans l’Union européenne. Rafal Trzaskowski, figure libérale issue de la Plateforme civique (PO), incarne une ligne pro-européenne assumée, en rupture avec la politique menée ces dernières années sous le gouvernement du parti Droit et justice (PiS). Celui-ci soutient Karol Nawrocki, président de l’Institut de la mémoire nationale et défenseur d’une ligne conservatrice sur les questions de société, d’identité et de souveraineté.

Un scrutin à haute intensité politique

La légère avance de Trzaskowski traduit une recomposition de l’électorat, marqué par un affaiblissement relatif de l’influence du PiS, au pouvoir depuis 2015. Arrivé au deuxième tour de la présidentielle cinq ans après son échec face à Andrzej Duda, le maire de Varsovie fait figure de challenger sérieux dans un contexte de profonde polarisation politique. Son score traduit une dynamique favorable parmi les électeurs urbains, les jeunes, et les classes moyennes inquiètes du recul de l’État de droit et des tensions avec Bruxelles observées sous l’ère PiS.

Karol Nawrocki, en dépit de sa courte seconde place, bénéficie néanmoins du socle solide du PiS dans les zones rurales et parmi les électeurs conservateurs. Soutenu par l’ensemble de la droite nationaliste, il mise sur un discours centré sur la défense des valeurs chrétiennes et des prérogatives nationales face à ce qu’il décrit comme une tutelle grandissante de l’Union européenne. « La Pologne doit rester maître de ses lois et de ses choix moraux », a-t-il déclaré lors de son dernier meeting à Gdańsk.

Vers un second tour disputé

La clé du second tour résidera dans la capacité des deux finalistes à capter les suffrages des électeurs dont les candidats ont été éliminés. Le centriste Szymon Holownia, crédité de 13,5 % des voix au premier tour, s’impose comme l’arbitre du scrutin. Ce journaliste converti à la politique, qui a axé sa campagne sur l’éthique publique et la modération, n’a pas encore donné de consigne de vote claire, mais ses électeurs pourraient pencher en majorité vers Trzaskowski.

L’issue du scrutin est d’autant plus incertaine que la participation, bien qu’élevée (près de 65 %), pourrait évoluer sensiblement au second tour. Les mobilisations sont très segmentées et la campagne s’annonce intense. Les semaines à venir seront donc cruciales pour séduire un électorat fragmenté et capter les indécis. Rafal Trzaskowski, fort de son image pro-européenne et d’une stature désormais nationale, devra élargir sa base sans effrayer les modérés. Nawrocki, lui, tentera de bétonner l’électorat conservateur tout en rassurant sur la stabilité de ses positions en matière socio-économique.

Dans ce duel tendu entre deux conceptions de l’avenir polonais, les électeurs décideront non seulement de leur président, mais aussi, peut-être, de l’orientation géopolitique du pays pour les années à venir.

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