Longtemps considérée comme une maladie du passé, la diphtérie refait surface en Europe de l’Ouest. Selon une étude conjointe de Santé publique France et de l’Institut Pasteur, publiée le 4 juin dans le New England Journal of Medicine, la région connaît actuellement sa pire épidémie depuis sept décennies, avec plus de 500 cas recensésdepuis 2022, dont plusieurs décès.
La diphtérie est une infection bactérienne hautement contagieuse, provoquée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae. Elle se manifeste principalement par une angine sévère, pouvant entraîner des complications cardiaques et neurologiques, parfois fatales. Elle est transmissible par les sécrétions respiratoires ou cutanées.
En 2022, un pic de 362 cas a été signalé dans plusieurs pays européens. Elle aurait majoritairement touché des migrants récents, en particulier originaires d’Afghanistan et de Syrie. La quasi-totalité des patients étaient de jeunes hommes (âge médian : 18 ans), dont 98 % étaient des hommes, souvent en situation précaire ou hébergés dans des conditions propices à la contamination.
Une contamination sur le sol européen
Contrairement aux premières hypothèses, les experts estiment que les infections ne proviennent pas des pays d’origine, mais plutôt de contacts récents dans les lieux de transit ou d’hébergement au cours des trajets migratoires. Cette conclusion repose sur l’analyse génétique de prélèvements issus de dix pays, qui révèlent une proximité génétique forte entre les souches, suggérant un point de contamination commun.
Un lien a même été établi entre la souche de 2022 et celle observée lors d’une épidémie en Allemagne en 2025, indiquant que la bactérie continue de circuler discrètement en Europe.
Une menace persistante pour les plus vulnérables
Bien que la couverture vaccinale reste élevée dans la population générale, les autorités sanitaires mettent en garde contre un risque accru pour les personnes non vaccinées, les sans-abris, les usagers de drogues injectables et les personnes âgées fragiles. Depuis 2002, à l’exception d’un seul cas, tous les cas recensés en France métropolitaine étaient importés.
Face à cette résurgence, Santé publique France appelle à une vigilance renforcée : dépistage rapide, vaccination ciblée, antibiothérapies adaptées et sensibilisation des professionnels de santé en contact avec les populations à risque.
Source : TF1