Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Qassem, a violemment attaqué vendredi 15 août la décision du gouvernement libanais de préparer un plan de désarmement de son mouvement d’ici fin 2025. Dans un discours télévisé, il a accusé les autorités de « livrer le pays à un tyran israélien insatiable ou à un tyran américain cupide », et mis en garde contre le risque de « guerre civile et de conflits internes ».
Cette prise de position survient deux jours après la rencontre de Qassem avec Ali Larijani, chef du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, en visite à Beyrouth. L’Iran, principal soutien du Hezbollah, a dénoncé la décision de l’exécutif libanais. Le président Joseph Aoun a répliqué en affirmant refuser « toute ingérence » étrangère dans les affaires internes du pays.
Un mouvement affaibli mais toujours armé
Fondé en 1982 avec l’aide iranienne, le Hezbollah est la seule faction libanaise à avoir conservé ses armes après la guerre civile (1975-1990), au nom de la « résistance » contre Israël. Mais après des années de domination politique, son influence a reculé, notamment depuis la guerre de 2024 avec Israël, qui a détruit une partie de son arsenal et décimé son commandement.
Sous la pression des États-Unis et face aux menaces israéliennes de frapper plus fort, le gouvernement libanais a chargé l’armée, le 5 août, de préparer un plan de désarmement. Washington soutient cette mesure, jugée essentielle pour stabiliser le pays et mettre fin aux tensions frontalières.
Le cessez-le-feu fragilisé
Cette décision s’inscrit dans le cadre de l’application du cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024, sous médiation américaine, après plus d’un an de conflit intermittent entre Israël et le Hezbollah, dont deux mois de guerre ouverte.
Le mouvement chiite accuse cependant Israël de violer cet accord, en maintenant des positions militaires dans le sud du Liban et en poursuivant ses frappes. Israël rétorque qu’il ne cible que les infrastructures du Hezbollah et menace d’intensifier ses opérations si Beyrouth échoue à désarmer le groupe.
Menace de mobilisation
Tout en affirmant vouloir éviter l’escalade, Naïm Qassem a prévenu que son mouvement était « prêt » à descendre dans la rue, en coordination avec son allié, le mouvement Amal, si le désarmement était imposé. Les manifestations, a-t-il averti, pourraient « atteindre l’ambassade des États-Unis » à Beyrouth.
Ce bras de fer entre le gouvernement libanais et le Hezbollah s’annonce comme un test majeur pour l’équilibre politique du pays, pris entre les pressions internationales, la menace israélienne et la persistance d’un acteur armé puissant au cœur de son système.
Source : Le Monde.