Dans des enregistrements diffusés à la télévision israélienne, l’ancien chef du renseignement militaire Aharon Haliva a justifié les dizaines de milliers de morts à Gaza comme un « prix nécessaire » et accusé le gouvernement israélien d’avoir sciemment favorisé l’avènement du Hamas.
Un séisme politique et moral agite Israël. Vendredi soir, la chaîne Channel 12 a diffusé des enregistrements audio attribués à Aharon Haliva, ancien chef du renseignement militaire israélien, en poste lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Dans ces extraits, dont la date exacte n’est pas précisée, le général à la retraite estime que le bilan humain catastrophique à Gaza — plus de 61 000 morts selon le ministère de la Santé local — constitue un mal « nécessaire ».
« Le fait qu’il y ait déjà 50 000 morts à Gaza est nécessaire et requis pour les générations futures », a déclaré Haliva, affirmant qu’« ils [les Palestiniens] ont besoin d’une Nakba de temps en temps pour ressentir les conséquences ». En référence à l’exode forcé de 1948, qualifié de « Nakba » — « catastrophe » en arabe — par les Palestiniens, il a expliqué voir dans cette répétition de l’histoire une condition pour maintenir la domination israélienne. « Pour chaque personne tuée le 7 octobre, 50 Palestiniens doivent mourir », a-t-il ajouté, tout en affirmant ne pas parler « par vengeance, mais comme un message aux générations futures ».
Ces propos interviennent alors qu’un sondage de l’université américaine Penn State, publié en mai, indique que 82 % des juifs israéliens soutiendraient l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Une tendance inquiétante qui alimente les accusations de politique de transfert et de nettoyage ethnique.
Aharon Haliva accuse Israël d’avoir favorisé l’avènement du Hamas pour pouvoir combattre librement
Au-delà de cette justification glaçante du bilan humain, Aharon Haliva a aussi accusé le gouvernement israélien d’avoir sciemment renforcé le Hamas. Selon lui, après la guerre de Gaza de 2014, un plan de démantèlement du mouvement islamiste avait été envisagé mais jamais appliqué. « Le Hamas est bon pour Israël », a-t-il résumé, en reprenant l’argument du ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich.
Haliva accuse directement Benjamin Netanyahu d’avoir favorisé la séparation entre Gaza et la Cisjordanie afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne (AP) et de délégitimer tout interlocuteur crédible. « Le Premier ministre a pris la décision de différencier Gaza de la Cisjordanie. Il veut le Hamas, parce que l’AP a un statut international », a-t-il martelé. À ses yeux, l’existence du Hamas offre à Israël une cible sans légitimité internationale, « une organisation que l’on peut combattre à l’épée ».
Sources : L’Orient le jour, Channel 12 (Israël), Times of Israël, Columbia Law Review, ministère de la Santé de Gaza, sondage Penn State University, AJ+.
