La Métropole de Lyon envisage l’ouverture d’un centre d’accueil pour mineurs isolés à Décines-Charpieu, destiné à évaluer leur situation sur une période de 5 à 10 jours. Ce projet, bien que porté par une obligation légale, a suscité une opposition farouche, notamment de la part de Laurence Fautra, maire LR de la commune, qui dénonce un manque de concertation, le cout du projet et des risques pour la sécurité du quartier. Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, regrette quant à lui une « Énième Fake-News de la droite lyonnaise », alors que le maire LR d’Ecully s’est déjà opposé à la construction d’un tel établissement sur sa commune.
Situé dans le secteur du Prainet, la Maire Laurence Fautra, s’inquiète d’éventuels problèmes de délinquance déjà présents dans la zone. Dans les colonnes d’Actu Lyon et de Lyon Mag, elle critique l’absence d’étude d’impact et considère ce projet comme imposé sans consultation préalable. Selon elle, l’arrivée de jeunes migrants dans ce quartier pourrait aggraver les trafics existants et poser un danger pour les habitants et les lycéens des environs. Elle a demandé à la Métropole de retirer ce projet qu’elle juge inapproprié.
La réponse de l’exécutif écologiste
Face à ces critiques, Lucie Vacher, vice-présidente en charge des affaires sociales, a défendu l’initiative dans les colonnes d »Act Lyon. Ce centre, prévu pour accueillir jusqu’à 70 personnes sur des séjours courts, permettrait de répondre à une obligation légale tout en proposant une solution économiquement viables, selon elle. Elle rejette également les amalgames entre jeunes migrants et délinquance, affirmant que ce centre vise à offrir un encadrement et une évaluation rapide des situations.
Bruno Bernard, président de la Métropole, a également pris la parole pour dénoncer ce qu’il appelle des « fake news » propagées par la droite lyonnaise. Sur les réseaux sociaux, il a expliqué que l’investissement de 12 millions d’euros pour ce centre serait plus rentable que le financement de nuitées d’hôtel, une solution qui alourdirait les dépenses de 2 millions d’euros par an. Il a rappelé que cette initiative s’inscrit dans une gestion optimisée des ressources publiques et réitéré sa demande à l’État de prendre sa part, alors qu’en attendant la reconnaissance d’un statut de minorité, les mineurs non accompagnés entrent dans une zone grise n’étant ni considérés comme mineurs (compétence de la Métropole), ni comme majeur (compétence de l’Etat).
Sur le territoire métropolitain, l’Etat et la Métropole ont déjà collaboré pour mettre en place les Stations 1 et 2 des dispositifs uniques destinés à accueillir ce public, mais les besoins sont plus importants.
Un précédent à Ecully
Le mois dernier, le maire LR d’Ecully, Sébastien Michel, s’était déjà s’opposer à la construction d’un établissement visant à accueillir des jeunes migrants primo-arrivants, sur sa commune. Dans une lettre adressée à ses administrés, Sébastien Michel a exprimé son désaccord en affirmant vouloir « défendre l’identité » d’Écully et protéger ses habitants.
La métropole a acquis en 2021 un ancien campus d’ingénieurs pour accueillir ce centre de 70 places, une structure ayant déjà servi aux réfugiés ukrainiens sans qu’aucune objection ne soit soulevée à l’époque.
Une initiative sociale et économique
Bruno Bernard rappelait déjà que ce projet est une réponse à une obligation légale, qu’il permettra de gérer dans de meilleures conditions les évaluations des jeunes migrants et de réduire les coûts liés aux nuitées d’hôtel, estimées à 6 millions d’euros en 2023. Le nombre de primo-arrivants évalués dans la région lyonnaise a explosé, passant de 1 200 à 3 000 en trois ans, saturant les structures existantes.
Les critiques et les enjeux politiques
La posture de Sébastien Michel, qui brigue la présidence de la Métropole en 2026, était qualifiée de « problématique » par Bruno Bernard, dénonçant une rhétorique jouant sur des peurs identitaires.
Ce débat reflète les tensions entre les impératifs sociaux et les préoccupations locales. Alors que la Métropole met en avant le respect de la loi et une utilisation rationnelle des finances, les élus locaux soulignent les craintes de leurs administrés face à l’impact potentiel sur leur quotidien. À l’heure où les questions migratoires et sociales sont hautement politisées, ce projet s’impose une nouvelle fois, comme un nouvel enjeu politique majeur pour l’exécutif Métropolitain.
Source : Actu Lyon, Le Monde, Lyon Mag