Une ère s’achève au sommet de l’élite mondiale. Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial (WEF) et ancien membre du comité de pilotage du groupe Bilderberg, a annoncé ce lundi 21 avril 2025 sa démission immédiate de la présidence et du conseil d’administration de l’organisation qu’il a créée il y a plus de 50 ans.
À 87 ans, l’économiste allemand tire sa révérence, confiant l’intérim au contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Peter Brabeck–Letmathe, vice-président du conseil et ancien PDG de Nestlé, multinationale membre du EF. « J’ai décidé de quitter mes fonctions avec effet immédiat », déclare Schwab dans un communiqué officiel, salué par le conseil du Forum pour ses « réalisations exceptionnelles ».
Retour sur le parcours de Klaus Schwab
Klaus Schwab est né le 30 mars 1938 à Ravensbourg, en Allemagne. Fils d’un père aux origines suisse et allemande et d’une mère suisse, la famille Schwab a toujours eu un pied dans les deux pays. Elle a d’abord émigré en Suisse au début des années 1930. À la suite de la nomination d’Adolf Hitler en tant que chancelier du Reich, le père de Schwab, Eugène, fut appelé pour représenter les intérêts industriels suisses en Allemagne. Peu avant l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, la famille est retournée à Ravensbourg, où Eugène a pris la direction de l’usine Escher-Wyss, un leader dans la technologie des turbines pour les barrages et centrales électriques, qui produisait aussi des composants pour les avions de chasse allemands, contribuant ainsi à l’effort de guerre nazi. L’entreprise suisse fut même sollicitée dans le projet de bombes atomiques du IIIe Reich. Les nazis lorgnaient sur ses turbines hydrauliques et son usine norvégienne de Norsk spécialisée dans la production d’eau lourde. Sous la direction d’Eugène Schwab, l’usine a reçu le titre de National Socialist Model Company et elle avait recours à des travailleurs forcés.
Cette histoire fait souvent l’objet de debunkage alambiqué de la part de la presse mainstream. L’AFP Factuel a par exemple entrepris de clarifier la situation concernant les allégations sur une collaboration du père de Klaus Schwab avec le régime nazi. Cette initiative faisait suite à une confusion sur les réseaux sociaux, où une photo du général nazi Walter Dybilasz avait été erronément identifiée comme étant celle d’Eugène Schwab. Malgré cette méprise, il reste un fait avéré qu’Eugène Schwab a effectivement dirigé l’entreprise Escher-Wyss.
Après la guerre, la famille Schwab est retournée en Suisse, à Wädenswil, avant de retourner à Ravensbourg. Klaus Schwab a poursuivi ses études, obtenant un doctorat en ingénierie de l’École polytechnique de Zurich, un doctorat en sciences économiques de l’université de Fribourg, et un Master of Public Administration de l’École d’administration publique de l’université Harvard, actuellement membre du WEF.
Plus tard, Klaus Schwab rejoindra d’ailleurs le conseil d’administration d’Escher-Wyss, comme en témoigne son CV, sur le site du Forum économique mondial et deviendra professeur de management industriel à l’université de Genève. Il a également été membre du comité de pilotage du groupe Bilderberg, un forum annuel non officiel réunissant des personnalités influentes de la diplomatie, des affaires, de la politique et des médias.
C’est d’ailleurs avec l’aide de Raymond Barre, ancien premier ministre, mais aussi ancien membre du groupe Bilderberg, que Schwab a pu lancer son rendrez-vous annuel à Davis. Le futur maire de Lyon avait soutenu le projet de Klaus Schwab, alors qu’il était encore vice-président de la Commission européenne, chargé de l’Économie et des Finances.
Une plateforme mondiale controversée
Fondé en 1971 sous le nom de « Forum européen du management », le WEF s’est rapidement imposé comme la plateforme mondiale de dialogue entre dirigeants politiques, économiques, et figures de la société civile. Son slogan : « Améliorer l’état du monde ».
Mais cette mission proclamée suscite depuis des années des critiques croissantes. Davos est accusé de servir les intérêts d’une élite économique mondialisée, souvent dépeinte comme déconnectée des réalités sociales et démocratiques. Le terme « Homme de Davos » incarne cette vision d’un monde gouverné par une oligarchie transnationale, fidèle au dogme du libre-échange.
Une figure clivante à l’origine du « Great Reset »
Il faut dire que l’auteur de « The Great Reset », publié en 2020 prête le flanc aux critiques alors qu’il promeut un monde hyper-connecté sous contrôle technocratique et un nouvel ordre mondial à la manière des Illuminés de Bavière, société secrète fondée en 1776 par Adam Weishaupt, qui fut interdits en 1785 pour complot par un édit du prince-électeur Charles-Théodore de Bavière, inquiet de leur influence subversive sur les institutions religieuses et politiques.
Elon Musk qui a été victime d’un boycotte des annonceurs membres du Forum économique mondial comme Disney, Coca–Cola ou Unilever ou l’ONG Amnesty International, qualifie d’ailleurs Schwab de « prétendant à l’empire mondial » sur son réseau social.
Le WEF face à l’avenir
Malgré les polémiques, le Forum de Davos conserve une influence majeure. Ses groupes de réflexion sur la cybersécurité, le climat, la finance ou encore les chaînes d’approvisionnement alimentent les politiques publiques à l’échelle planétaire.
Cela fait quelques mois que le Forum économique mondial annonçait le départ de son fondateur. Le nom du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Bruno Le Maire ayant même circulé pour le remplacer. Le 22 mai 2024, le Forum indiquait que Klaus Schwab allait quitter ses fonctions de président exécutif pour occuper celles de «président du conseil d’administration», d’ici janvier 2025. Le WEF annonçait également qu’il allait évoluer de simple «plateforme de rassemblement» à « principale institution mondiale de coopération public-privé ».
Alors qu’après la régulation des réseaux sociaux, la réglementation de l’Intelligence artificielle est l’un des thèmes principaux des dernières éditions de Davos et du Groupe Bilderberg, le Forum économique mondial affirme son intention de maintenir son rôle de « facilitateur du progrès » alors que près de trois milliards de personnes voteront d’ici 2026.
Si le départ de Schwab était annoncé depuis des mois, le timing a de quoi interrogé. Cette annonce intervient le même jour que l’anononce du décès du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Pape François.
Sources : La Tribune, RTS.