Lors de la conférence finale du Forum de Davos, qui s’est déroulée ce vendredi 24 janvier, plusieurs contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, tels que Tharman Shanmugaratnam, le président de Singapour, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, Christine Lagarde, présidente de la BCE, Larry Fink, président de BlackRock et Faisal Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie, ont partagé leurs perspectives sur l’économie mondiale, la politique industrielle et les solutions à apporter face aux défis géopolitiques actuels.
Larry Fink, président de BlackRock, a ouvert le débat en soulignant un optimisme grandissant pour l’économie américaine, tout en mettant en lumière une inquiétude concernant la situation en Europe. Selon lui, bien que les États-Unis connaissent une période de forte productivité et d’innovation, l’Europe présente une opportunité d’investissement en raison de son pessimisme ambiant. Il a ainsi appelé à une réorientation de l’Europe, soulignant la nécessité d’une union bancaire et d’un marché unifié des capitaux. «L’Europe est un mythe merveilleux, mais qui ne fonctionne pas», a-t-il estimé.
Christine Lagarde : L’Europe face à ses défis internes
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a répondu à Fink en exprimant une vision plus nuancée de la situation économique en Europe. Elle a salué les progrès réalisés, notamment en matière de dette publique et d’inflation, et a évoqué la nécessité de renforcer l’unité économique européenne. Lagarde a toutefois reconnu que l’Europe devait faire face à plusieurs défis, notamment la nécessité d’attirer et de retenir les talents, d’améliorer l’efficacité des marchés financiers et de répondre à des menaces existentielles telles que la transition énergétique et la compétition mondiale. Elle a souligné que l’Europe devrait adopter une approche plus ambitieuse pour maximiser ses capacités de croissance tout en restant ouverte à l’innovation.
Kristalina Georgieva : La croissance mondiale et l’inflation
Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a partagé ses perspectives sur les prévisions économiques mondiales. Si elle a noté une prévision de croissance modérée pour l’année 2025, avec une forte performance attendue pour les États-Unis, elle a également souligné un ralentissement de la productivité dans les économies avancées et un déclin dans les marchés émergents.
Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale devrait atteindre 3,3 % en 2025, avec une révision à la hausse pour les États-Unis, compensant des révisions à la baisse dans d’autres régions. Le FMI prévoit une croissance de 2,7 % pour les États-Unis en 2025, une augmentation notable par rapport aux prévisions précédentes de 2,2 %.
Georgieva a expliqué que l’économie mondiale subissait une transformation technologique massive, et que l’innovation devait être au cœur des stratégies économiques pour relancer la croissance à long terme.
Elle a aussi abordé la question de l’inflation, expliquant que malgré les efforts des banques centrales pour la maîtriser, les risques subsistaient. Elle a suggéré que les pays devront gérer leurs économies avec prudence tout en maintenant des politiques favorisant l’innovation et la compétitivité.
L’inflation, la transition énergétique et la compétitivité mondiale
Un autre point majeur de la discussion a été l’inflation, avec des divergences sur la manière de gérer la hausse des prix et ses effets sur les consommateurs. Larry Fink a exprimé son inquiétude quant à la complaisance des marchés vis-à-vis de l’inflation, soulignant que des ajustements supplémentaires pourraient être nécessaires dans les mois à venir. Christine Lagarde a évoqué les efforts pour maintenir la stabilité tout en soutenant la croissance, tandis que Georgieva a averti que des réformes structurelles dans les politiques industrielles étaient nécessaires pour naviguer dans un monde de plus en plus déconnecté.
Mohammad Alibrahim : Vision 2030 et la réorientation économique du Moyen-Orient
Mohammad Alibrahim, ministre de la Planification en Arabie saoudite, a évoqué la transformation économique en cours dans le royaume sous le cadre de Saudi Vision 2030, un programme de planification mis en place par Mohammed Ben Salman s’inspirant du programme Vision 2030 du Forum économique mondial visant à accompagner la transition écologique par la technologie. Saudi Vision 2030 vise à réduire la dépendance du pays à l’égard du pétrole et à stimuler des secteurs non pétroliers. Alibrahim a détaillé les plans de croissance, notamment une expansion dans les secteurs technologiques, la transition énergétique et les investissements à l’international. Il a également mis l’accent sur l’importance de maintenir des partenariats forts, tant avec les États-Unis qu’avec les autres pays émergents.
Alibrahim a également fait une annonce importante à la fin de la Conférence, expliquant que l’année dernière, en avril, le royaume d’Arabie saoudite et le Forum économique mondial ont organisé une réunion à Riyad. Il a annoncé qu’à partir du printemps 2026, un évènement organisé avec le Forum économique mondial allait être organisé chaque année en Arabie saoudite.
Selon les panélistes les perspectives économiques mondiales pour 2025 indiquent une croissance positive, malgré des tensions commerciales et géopolitiques persistantes. Cette dynamique est principalement soutenue par les États-Unis, qui bénéficient de niveaux de productivité élevés, d’une disponibilité accrue de capitaux et d’un environnement propice à l’entrepreneuriat. Ces facteurs, associés à une forte culture de la confiance, placent les États-Unis en position de leader de la croissance mondiale. Cependant, dans d’autres régions du monde, notamment en Europe, la confiance et l’optimisme sont en déclin.
Le président du Forum Børge Brende a clôturé cette 55e édition en insistant sur la nécessité d’adapter les approches coopératives à une ère marquée par l’incertitude. Il a réaffirmé la volonté du Forum économique mondial, d’offir une plateforme public-privée unissant un monde fragmenté afin de progresser sur des priorités telles que la croissance économique, la réduction des émissions de carbone et la résolution des conflits.