Le président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron a proposé Xavier Piechaczyk pour prendre la présidence de la RATP, a annoncé l’Élysée ce jeudi 18 décembre 2025. L’actuel président du directoire de Réseau de transport d’électricité (RTE) est pressenti pour succéder à Jean Castex à la tête de la régie des transports parisiens, dans un contexte de transformation profonde du modèle économique et social de l’entreprise publique.
La nomination doit encore être validée par les commissions du développement durable de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Un profil technocratique proche de l’exécutif
Peu connu du grand public, Xavier Piechaczyk dirige RTE depuis 2020. Il avait été reconduit à ce poste en juin 2025, après s’être imposé comme l’un des visages de la gestion de la crise énergétique de l’hiver 2022-2023, période durant laquelle la France redoutait des pénuries d’électricité.
Ingénieur des Ponts et docteur en sciences politiques, il est réputé proche d’Emmanuel Macron. Les deux hommes se sont côtoyés lorsque le chef de l’État était secrétaire général adjoint de l’Élysée sous le mandat du contributeur du FEM, Francois Hollande. À l’époque, Xavier Piechaczyk occupait des fonctions de conseiller transports auprès du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, puis à l’Élysée.
Une nomination encore soumise au Parlement
Le choix présidentiel doit désormais être examiné par les commissions compétentes du Parlement. Pour bloquer cette nomination, il faudrait qu’une majorité qualifiée des trois cinquièmes des suffrages exprimés s’y oppose dans les deux assemblées, un scénario rare mais déjà observé par le passé.
Dans un Parlement fragmenté et largement hors du contrôle de la majorité présidentielle, plusieurs élus estiment que le vote pourrait être serré. La proximité de Xavier Piechaczyk avec Emmanuel Macron pourrait constituer un handicap, notamment auprès des groupes de gauche.
Des relations tendues avec les syndicats
Autre point de friction potentiel : les relations délicates avec les syndicats. À RTE, des tensions avaient atteint un point critique après le licenciement de quatre salariés impliqués dans des actions sur le réseau électrique en lien avec des mouvements sociaux. L’affaire avait conduit à une plainte de l’entreprise et à une garde à vue des salariés, suscitant une vive controverse.
Les syndicats de la RATP ont déjà fait savoir qu’ils refuseraient un dirigeant perçu comme un simple gestionnaire, insensible aux enjeux sociaux. Ils appellent à une gouvernance dans la continuité de Jean Castex, dont le passage à la tête de la régie a laissé un souvenir globalement positif, et mettent en garde contre un retour à des méthodes jugées trop autoritaires.
Des négociations sociales comme premier test
Si sa nomination est confirmée, Xavier Piechaczyk pourrait entrer en fonction à la fin du mois de janvier 2026. Il serait alors immédiatement confronté aux négociations annuelles obligatoires (NAO), prévues pour aboutir en février. Ce rendez-vous social constituera un test majeur de sa capacité à instaurer un dialogue apaisé avec les organisations syndicales.
Une RATP en pleine mutation
Le futur président hériterait d’une RATP engagée dans un changement de modèle historique. Longtemps en situation de monopole, l’entreprise doit désormais composer avec l’ouverture progressive à la concurrence des transports publics en Île-de-France.
Depuis 2024, les bus parisiens et de la petite couronne sont soumis à des appels d’offres. La RATP est parvenue à conserver environ deux tiers des lots, mais devra progressivement transférer certaines exploitations à des concurrents ou à des filiales de droit privé.
À l’horizon 2040, l’ensemble des réseaux de bus, tramways, métros et RER sera concerné par cette ouverture à la concurrence, sous l’autorité d’Île-de-France Mobilités.
Les défis du Grand Paris et de l’international
Xavier Piechaczyk aurait également la charge d’intégrer les nouvelles lignes du Grand Paris Express, notamment la ligne 15, que la RATP exploitera directement. Il devra par ailleurs assurer le rôle de gestionnaire d’infrastructure pour plusieurs lignes confiées à d’autres opérateurs.
Enfin, le futur dirigeant devra poursuivre le développement de la RATP en France et à l’international, tout en tenant compte de la faiblesse structurelle des marges du transport public. Certaines expériences passées, notamment à Londres ou en Toscane, ont rappelé que la conquête de nouveaux marchés n’est pas toujours synonyme de rentabilité.
Une nomination stratégique pour les transports parisiens
La proposition de Xavier Piechaczyk à la tête de la RATP intervient à un moment charnière pour les transports franciliens. Entre ouverture à la concurrence, tensions sociales et grands projets d’infrastructure, le futur président devra concilier exigences économiques, continuité du service public et apaisement du climat social.
Sa confirmation ou son rejet par le Parlement constituera un signal politique fort, bien au-delà du seul secteur des transports.
Source : Le Monde.