Le 8 septembre, François Bayrou devrait quitter Matignon, laissant Emmanuel Macron face à une équation politique. Dissolution, démission ou nomination d’un nouveau Premier ministre : plusieurs scénarios s’offrent au chef de l’État, chacun porteur de risques majeurs.
La vie politique française s’apprête à vivre un nouveau séisme. Le départ annoncé de François Bayrou le 8 septembre marque la deuxième chute d’un gouvernement en quelques mois. Privé de son « paratonnerre », Emmanuel Macron se retrouve à découvert, cible des attaques de l’opposition et des manifestations prévues le 10 septembre. Les slogans « Le 8 septembre, on vire Bayrou ; le 10, on fait tomber Macron » fleurissent déjà dans les cortèges syndicaux et sur les réseaux sociaux.
À moins de deux ans de la fin de son mandat, le Président de la République est confronté à un choix crucial : comment sortir de cette crise institutionnelle sans précipiter la fin de son quinquennat ? Plusieurs scénarios sont sur la table.
La dissolution de l’Assemblée nationale
L’article 12 de la Constitution donne au chef de l’État le pouvoir de dissoudre l’Assemblée après consultation. Emmanuel Macron l’a longtemps écartée, assurant préférer la recherche de compromis parlementaires. Mais le départ de François Bayrou a rebattu les cartes. Gérald Darmanin comme Édouard Philippe évoquent désormais une dissolution « inéluctable ». Elle permettrait de redonner la parole aux électeurs, mais sans garantie d’une majorité stable. Une Assemblée fragmentée comme aujourd’hui plongerait de nouveau l’exécutif dans l’impasse.
La démission du Président
Hypothèse longtemps jugée improbable, elle est désormais brandie par certains responsables politiques. Jean-François Copé appelle Emmanuel Macron à un geste « gaulliste » : annoncer sa démission après les municipales. Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise réclament également son départ immédiat, estimant que « le sujet, c’est Macron ». Le Président, lui, balaie l’idée : il répète qu’il restera « jusqu’au dernier quart d’heure » de son mandat.
Sur les réseaux sociaux, les messages appelant Macron à démissionner se multiplient. Plus de 75 000 personnes ont même signé sur le site officiel de l’Assemblée nationale une pétition réclamant sa destitution.
Nommer un Premier ministre de gauche
Le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête des dernières législatives, réclame sa place à Matignon. Marine Tondelier et Aymeric Caron exhortent le Président à « respecter le vote des Français ». Mais le risque de censure immédiate plane sur tout gouvernement issu de la gauche, en raison de l’opposition des députés Renaissance, Horizons, MoDem, mais aussi de LR et du RN. Même une personnalité de compromis comme Bernard Cazeneuve ne trouverait pas de majorité. Et Emmanuel Macron refuse toujours de revenir sur sa politique économique, sur la réforme des retraites ou sur l’assurance chômage.
S’entêter avec un Premier ministre du bloc central
Dernière option : désigner un nouveau chef de gouvernement issu de la majorité présidentielle. Les noms de Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin ou Gérald Darmanin circulent. Mais la capacité d’un tel profil à résister à une motion de censure reste incertaine. Macron pourrait être tenté d’élargir vers la droite avec Bruno Retailleau, mais il sait qu’un appui du RN ne compenserait pas les oppositions à gauche. La marge de manœuvre paraît extrêmement réduite.
À l’approche du 8 septembre, Emmanuel Macron doit arbitrer entre dissolution, maintien, compromis ou pari risqué. Dans tous les cas, le chemin s’annonce périlleux pour un Président fragilisé, confronté à la rue et à une Assemblée plus éclatée que jamais.
Source : Huff Post.