À quelques jours d’un Conseil de défense consacré aux guerres hybrides de l’information, Emmanuel Macron a choisi le JDNews pour livrer ses réflexions de rentrée. Une décision paradoxale, tant ce média de la galaxie Bolloré est critiqué par ce qu’il reste de la macronie pour sa complaisance supposée envers la propagande russe.

C’est un paradoxe qui ne manque pas de faire réagir. Le 10 septembre, Emmanuel Macron présidera un Conseil de défense pour faire le point sur la stratégie française contre les « manipulations » et les « tentatives de déstabilisation venues de l’étranger ». Mais quelques jours avant ce rendez-vous sensible, le chef de l’État a accordé ses « confidences » de rentrée… au JDNews, média phare du groupe Bolloré, régulièrement accusé de relayer des discours proches du Kremlin, car il ne participe pas aux discours pro-guerre des autres médias.

Sur cinq pages publiées le 28 août, le président évoque son été studieux au fort de Brégançon, son travail sur le dossier ukrainien et ses réflexions sur le budget. Emmanuel Macron y reconnaît avoir sa part dans l’augmentation du déficit, en insistant sur les dépenses engagées pour « protéger les Français face à des crises historiques », avant de marteler qu’« après avoir beaucoup dépensé pour protéger, il faut économiser et travailler pour rembourser ». Des propos convenus, qui auraient pu paraître dans n’importe quel quotidien national aux côtés de déclarations d’experts proche de l’OTAN ou des think tanks américains, comme c’est le cas dans la plupart des médias français actuellement.

Mais dans les colonnes du JDNews, le lecteur peut tomber sur un article de Régis Le Sommier, ex-journaliste de Russia Today, fondateur du média Omerta. Plus loin encore, c’est Xenia Fedorova, ancienne directrice de RT France, qui signe un papier sur l’église orthodoxe de Strasbourg. Rappelons que ces deux médias ont été interdits en Europe dès le début de la guerre en Ukraine.

Cette juxtaposition illustre un paradoxe : au moment même où Emmanuel Macron alerte sur les « guerres hybrides » et les dangers de la propagande étrangère, il choisit un canal de communication où voisinent ses propos présidentiels et des contributeurs décrits par Libération ou Challenges comme « poutinophiles ».

Un mélange des genres qui alimente la critique des autres médias français, alors que le traitement médiatique de la guerre en Ukraine en Europe, comme aux Etats-unis n’a guère laissé de place au point de vu Russe. Lors de son interview de Poutine à Moscou, le journaliste américain Tucker Carlson avait justifié son voyage comme motivé par le fait que les américains avaient pu entendre le point de vu du président ukrainien quasiment de façon quotidienne, mais que le président russe n’avait été interviewé par aucun journalistes américains. Une faute déontologique alors que les journalistes sont censés donnés la parole à toutes les parties.

Sources :

• JDNews – Confidences d’Emmanuel Macron – 28 août 2025
• Challenges – Régis Le Sommier écarté de réseaux militaires en raison de sa russophilie – septembre 2023
• Libération – Portrait de Xenia Fedorova, ex-RT France et figure de la galaxie Bolloré – 2024