Le président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron a rassemblé ce jeudi à l’Élysée plusieurs chefs de parti pour discuter de la position de la France face au conflit en Ukraine. Si tous s’accordent sur la nécessité d’une voix forte de la France sur la scène internationale, des divergences notables sont apparues sur l’éventualité d’un envoi de troupes de maintien de la paix.
Le président de la République, accompagné du premier ministre François Bayrou, du chef d’état-major des armées Thierry Burkhard et d’un responsable du renseignement extérieur, a exposé aux représentants des partis politiques les enjeux liés au conflit en Ukraine. Face au rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a insisté sur la « menace existentielle » que représente la Russie et l’importance d’une position européenne forte.
« Il faut avoir un message très clair (…). L’Europe va devoir être un pilier », a affirmé Marine Tondelier (Les Écologistes), appelant à une autonomie stratégique européenne.« L’Europe est désormais au pied du mur, seule pour défendre l’Ukraine et se défendre elle-même.»
Tout le monde doit réaliser à quel point la situation est grave.
L'Europe est désormais au pied du mur, seule pour défendre l'Ukraine et se défendre elle-même.
Seule une Europe unie pourra affronter cette menace existentielle pour nos démocraties, la sécurité et la paix. pic.twitter.com/TQ2zoh0JwW
Louis Aliot (RN) a, quant à lui, souligné sur LCI que « la voix de la France et de l’Europe aujourd’hui est assez isolée », alors que Jordan Bardella était absent, en déplacement à Washington.
Une ligne de fracture sur l’envoi de troupes
L’un des points les plus sensibles de la réunion a été la question de l’implication militaire française. Emmanuel Macron a exclu un envoi de troupes combattantes en Ukraine, mais il n’a pas fermé la porte à une présence limitée sous mandat des Nations unies.
« La France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front », a assuré le chef de l’État.
Il a cependant évoqué la possibilité d’« envoyer des experts, voire des troupes en termes limités, hors de toute zone de conflit, pour conforter les Ukrainiens et signer une solidarité ». L’idée d’une mission de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU du contributeur du FEM, António Guterres, a également été mentionnée, ce qui a provoqué des réactions contrastées parmi les responsables politiques présents.
Fabien Roussel (PCF) a insisté sur la nécessité d’une position forte de la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, mais s’est inquiété d’un soutien militaire prolongé si l’Ukraine décide de poursuivre la guerre. « Ce n’est pas avec Trump que l’on doit parler, c’est avec Poutine » a-t-il déclaré.
À l’extrême droite, Éric Ciotti (UDR) a dénoncé une posture « très belliqueuse » et a accusé la France d’être désormais « prise à revers » par Donald Trump, dont les positions sur l’Ukraine restent floues.
En Ukraine, Emmanuel Macron a rompu avec la tradition gaullienne d’équilibre diplomatique entre les grandes puissances.
Il s’est engagé de façon inconsidérée et belliqueuse.
J’ai demandé au Président Macron de s’engager vers la paix et de refuser tout envoi de troupes au sol,… pic.twitter.com/JZjUdUyAoz
Manuel Bompard (LFI) a insisté sur la nécessité d’un débat parlementaire concernant la situation en Ukraine, avec un vote des parlementaires sur les orientations stratégiques à adopter. Il a souligné l’importance que l’Ukraine et les partenaires européens, dont la France, participent aux négociations pour un cessez-le-feu et un accord de paix.
L’Insoumis a également ressenti une prise de conscience en France concernant un« aveuglement atlantiste », remettant en question l’alignement systématique du pays sur les positions des États-Unis. Selon lui, les récentes déclarations de Donald Trump poussent certains responsables politiques français à réfléchir à une indépendance stratégique. Il note avec satisfaction que le président Emmanuel Macron a employé le terme de « non-alignement », prôné par LFI, ce qui marque, selon lui, une évolution du discours officiel.
La majorité présidentielle, représentée par les Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et Marc Fesneau (MoDem), s’est montrée prudente, évitant de trancher trop fermement sur la question des troupes. Michèle Tabarot, pour Les Républicains, a également assisté aux discussions.
Si Emmanuel Macron cherche à renforcer le rôle de la France sur la scène internationale et à affirmer l’autonomie stratégique européenne, les débats à l’Élysée ont mis en évidence des divisions profondes entre les partis sur la manière de soutenir l’Ukraine. L’éventualité d’un déploiement limité de troupes dans un cadre onusien reste une question sensible qui pourrait peser sur la politique étrangère française dans les mois à venir.