Ce matin, à 10h30, la Corée du Sud a assisté à un moment historique : l’arrestation du président en exercice, Yoon Suk Yeol. Après 43 jours de résistance dans sa résidence fortifiée et sous le feu des accusations d’insurrection, après sa déclaration controversée de la loi martiale le 3 décembre dernier, ce dénouement marque une première dans l’histoire politique du pays.
Dès 4h30 du matin, les rues autour de la résidence de Yoon étaient bouillonnantes d’activité. Malgré le froid glacial, des milliers de policiers et manifestants occupaient les lieux. Les routes étaient totalement bouclées, avec des partisans pro-Yoon agitant des drapeaux américains et des pancartes clamant « Stop the steal ». En face, les anti-Yoon scandaient des slogans appelant à son arrestation.
Selon The Guradian, l’atmosphère dans le camp des anti-Yoon s’est rapidement animée, presque festive, avec des stations de thé et de nouilles instantanées mises à disposition. Le contraste entre les deux camps reflétait la division profonde de la société sud-coréenne face à cet événement inédit.
Un siège minutieusement préparé
Contrairement à leur échec précédent, les enquêteurs et la police sont arrivés mieux préparés. Malgré sa suspension de ses fonctions, Yoon bénéficiait toujours de la protection du service de sécurité présidentiel, qui a joué un rôle clé pour contrecarrer les premières tentatives d’arrestation. En janvier, un affrontement entre ses gardes et les forces de l’ordre avait forcé les autorités à reculer et à obtenir un nouveau mandat d’arrêt.
À l’aide d’échelles et en empruntant des sentiers de montagne, ils ont pénétré dans la résidence. Des affrontements ont été signalés à l’intérieur du complexe, mais la sécurité présidentielle a offert une résistance modérée. Peu à peu, les défenses de la résidence ont cédé, suscitant des acclamations dans le camp anti-Yoon. Le président aurait finalement accepté de se rendre pour éviter des effusions de sang.
Un moment historique
À 10h30, les portes principales de la résidence se sont ouvertes. Une procession de véhicules a quitté les lieux, confirmant l’arrestation de Yoon Suk Yeol. Dans le camp anti-Yoon, les cris de joie et les applaudissements ont retenti, tandis que des morceaux de K-pop accompagnaient les célébrations.
Du côté de ses partisans, la scène était tout autre : certains étaient en larmes, d’autres exprimaient leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une injustice.
Les accusations et la suite des événements
Yoon Suk Yeol fait face à des accusations d’insurrection, un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. À son arrivée au bureau de l’agence anti-corruption à Gwacheon, il a été immédiatement placé en garde à vue pour un interrogatoire de 48 heures. Les enquêteurs décideront ensuite de demander un mandat de détention ou de le libérer en attendant la suite de l’enquête.
L’arrestation de Yoon est directement liée à sa tentative de loi martiale, mais elle est distincte de la procédure de destitution engagée par le parlement. La Cour constitutionnelle doit encore décider si elle valide cette destitution ou si Yoon peut reprendre ses fonctions. Bien que Yoon ait été destitué, il pourrait techniquement être réintégré si la Cour annulait la décision. Elle dispose de 180 jours pour statuer, mais les analystes prévoient une décision retardée en raison de la gravité de la situation.
Une nation divisée
Cet événement marque une étape clé dans l’histoire politique sud-coréenne. Jamais auparavant un président en exercice n’avait été arrêté, bien que plusieurs de ses prédécesseurs aient été inculpés après avoir quitté leurs fonctions.
Les images de son arrestation, largement diffusées par les chaînes de télévision, ont captivé des millions de Sud-Coréens, laissant le pays dans un mélange de stupeur et de réflexion sur l’avenir de sa démocratie.
Source : The Guardian