Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés ce dimanche 12 janvier dans la capitale roumaine pour protester contre la décision de la Cour constitutionnelle d’annuler l’élection présidentielle après qu’un candidat outsider ait surpris en prenant la tête du premier tour.
Les rues de Bucarest ont résonné sous les klaxons et les slogans des protestataires brandissant des drapeaux roumains aux couleurs bleu, jaune et rouge. Parmi les pancartes, on pouvait lire des messages tels que « La démocratie n’est pas optionnelle » et « Nous voulons des élections libres ». Les manifestants demandent principalement la reprise de l’élection présidentielle, annulée juste avant le second tour prévu initialement le 8 décembre 2024.
Une annulation controversée
Cette décision de la Cour constitutionnelle a suscité une vive indignation, après que Calin Georgescu, un populiste d’extrême droite, ait remporté le premier tour le 24 novembre. Des accusations d’irrégularités électorales et d’interférences russes ont ensuite émergé, entraînant l’annulation inédite de l’élection à seulement deux jours du second tour.
George Simion, leader de l’Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR), a déclaré lors de la manifestation : « Nous protestons contre le coup d’État qui a eu lieu le 6 décembre. […] Nous demandons un retour à la démocratie par la reprise des élections, à partir du second tour. »
De nouvelles dates et des incertitudes
Face à cette crise, de nouvelles dates ont été annoncées : le premier tour se tiendra le 4 mai, suivi d’un éventuel second tour le 18 mai en cas d’absence de majorité absolue. Cependant, la participation de Calin Georgescu à ces nouvelles élections reste incertaine. Le candidat, qui avait déclaré zéro dépense de campagne, conteste la décision de la Cour auprès d’un tribunal local et de la Cour européenne des droits de l’homme.
Les réseaux sociaux au cœur des soupçons
La Cour constitutionnelle a justifié sa décision en invoquant l’utilisation illégale de technologies numériques, dont l’intelligence artificielle, ainsi que des financements non déclarés. Georgescu avait attiré l’attention grâce à sa popularité sur TikTok, où il compte 7,2 millions de likes et 646 000 abonnés. Certains experts soupçonnent cependant une manipulation artificielle de ses statistiques en ligne, tandis que les autorités de sécurité roumaines accusent TikTok de favoritisme envers le candidat.
D’autres, comme Elon Musk, critiques la décision de la cour, estimant que cette annulation est liée au fait que la candidate pro européenne a été battue.
Une mobilisation qui ne faiblit pas
Vendredi déjà, une autre manifestation avait rassemblé des milliers de personnes en colère contre l’annulation de la présidentielle. Ce climat de tension met la Roumanie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, dans une position délicate, alors que le pays est en proie à une instabilité politique grandissante.
Source : Associated Press